L'ÉDITO
par Solène MÉRICBarnier, la bonne nouvelle de la rentrée ?
Les presque 20 millions de français qui n’ont voté ni pour le centre ni pour la droite ou le divers droite peuvent être chagrin, colère, dépit ou plus. Mais, en tout cas, depuis la nomination de Michel Barnier, pas de surprise, ni sur le nouveau gouvernement qui se présente ni sur la politique qu’il s’apprête à porter. Même si, de fait, personne encore n’en connaît les détails et les limites, pas même sans doute les membres du gouvernement eux-même. Rappelons que LR et macronistes étaient ennemis jurés il y a peu.
Chagrin, colère ou dépit, il faut reconnaître que depuis cette rentrée, il n’est pas facile d’être autre chose… Où sont les bonnes nouvelles ? Certainement pas, donc, dans la nomination d’un gouvernement qu’au moins les deux tiers des électeurs rejettent. Dans la tenue d’un procès horrible, mais si symptomatique des violences auxquelles sont soumises les femmes dans nos sociétés ? Pour la libération de la parole oui, clairement. Bien sûr pas pour les faits, ni pour ce « Not all men » que l’on entend ou lit bien trop en arrière-fond. Ces hommes là, décidément, veulent être au centre de tout. Même du statut de victimes. Ils sont quand même auteurs de 99% des agressions sexuelles, même l’Abbé Pierre.
Les bonnes nouvelles… elles ne sont pas non plus dans la météo, encore moins dans le climat après les mortels incendies au Portugal, ou plus proche de nous, les violents épisodes de pluies et de crues qui ont récemment touché nos Pyrénées et la Vallée d’Aspe, sans oublier la grêle qui a imposé ce week-end des vendanges express en Cognac, avant que les fruits ne pourrissent sur les parcelles les plus touchées. Après les menaces de la Chine, les cieux aussi s’en prennent à l’appellation. Pas vraiment de quoi sourire non plus du côté des entreprises, et de leurs salariés, le nombre de défaillances explosent surtout chez les très petites entreprises. Le regard social ne nous console pas, nous pouvons pleurer de rage avec les parents de ces enfants, maltraités, comme nos aînés avant eux, dès lors que des firmes privées, disent s’en occuper… priorisant leur propre rentabilité aux bien-être et à la santé de ces êtres sans parole. L’inhumanité en marche. La bonne nouvelle, tout de même, est que désormais on les connaît.
Dur dur ce mois de septembre marqué aussi par le fil continu des violences à l'international. Mais il faut bien s’inscrire en résilience, tenter de voir plus loin. Se rappeler qu’après le sport cet été (mettons de côté les Girondins de Bordeaux...), la culture nous aide, les rentrées culturelles battent leurs pleins, les expositions, les festivals restent nombreux, souvent gratuits ou presque, les arts vivants, la littérature... ces bulles essentielles qui pour un temps nous libèrent et nous nourrissent. Espoir aussi avec des réussites plus « terres à terres », comme ce territoire zéro chômeurs haut-viennois qui, après un long combat pour se concrétiser, voit signer les premiers CDI de personnes jusque-là rangées, voire oubliées, dans la case des chômeurs longue durée.
Optimisme aussi avec tous ceux qui ne se résolvent pas au défaitisme : ceux qui donnent jusqu’à leur propre chair pour sauver celle des autres, ceux qui aident d’autres à vivre mieux, de 1001 manières, en participant par exemple à l’éducation de chiens guides pour aveugles et mal-voyants, ou à tous ceux qui portent des messages de sensibilisation que ce soit pour Octobre rose qui démarre dans à peine plus d’une semaine, ou dans le cadre de la Semaine bleue, qui justement veut remettre l’âge et la vieillesse au coeur de la vie sociale.
Enfin, en politique, il y a aussi ceux qui arrivent à s’entendre malgré leurs différences, à faire mieux que les politiciens nationaux. Ici la Région Nouvelle-Aquitaine et ses élus, en sont un exemple avec cette mission d’économie et d’information sur la politique agricole régionale dont le rapport, fruit d’un travail transpartisan de 6 mois, est présenté ce lundi en assemblée plénière. Un exercice inédit et, il faut le reconnaître, remarquable ayant relevé le pari d’une véritable "union régionale" à travers ce rapport voté par tous, sauf le RN.
Avec en commun, un même niveau d’information, les élus ont partagé des constats et réussi à envisager collectivement des pistes d’amélioration de l’action de la Région, le tout dans une enveloppe budgétaire pourtant pas extensible. Toute proportion gardée, la logique mise en œuvre dans cette MIE fait penser à ces conventions citoyennes qu’Emmanuel Macron avaient initiées, avant de les plomber. Un point commun en particulier ressort : l’indispensable étape d’information préalable sur le sujet qui va être traité.
C’est l’évidence, mais ce n’est que par une bonne information sur les tenants et aboutissants d’un sujet, quel qu’il soit, que les propositions et le nécessaire compromis autour de ces propositions, se trouvent. Si le pouvoir en place a méprisé le résultat de la convention citoyenne sur le climat, s'il a coupé dans son élan (dissolution oblige) la suite législative de celle sur la fin de vie, les conventions en elles-mêmes ont été largement reconnues comme des outils démocratiques utiles et efficaces. Preuve en est que l’information objective et pluraliste est un moteur de l’action, et donc de la démocratie.
Fierté ici à Aqui, que de chercher depuis plus de 15 ans à y participer, y compris, parfois, dans les temps gris d’un automne qui paraît déjà si long.