Vu d’Agadir : L’huile d’argane, un facteur de développement local (2éme partie)


L'huile d'argane est en passe de devenir un produit très apprécié pour ses nombreuses vertus. Mais un développement harmonieux passe par une utilisation intelligente de la labellisation avec la création d'une indication géographique (IG)

M. Renversade

Vu d'Agadir : L'huile d'argane, un facteur de développement local (2éme partie)

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/07/2007 PAR Mathieu Renversade

Comme nous l’évoquions précédemment, l’huile d’argane pourrait dans les prochaines années devenir un produit très apprécié du public, mais aussi un levier important pour le développement local au Maroc. Dans cette perspective, un plan d’appui à la décentralisation (PAD) à été mis sur pied. Il implique plusieurs partenaires, en particulier la Région Aquitaine et le Conseil Général de l’Hérault en France et la Région Souss-Massa-Drâa, autour d’Agadir au Maroc. Dans le cas particulier de l’huile d’argane, ce plan prévoit la création au Maroc d’une IG, ou identification géographique, dont l’objectif est de protéger l’appellation « huile d’argane ». Elle devra, comme pour les IGP françaises, correspondre à une zone géographique déterminée, le sud-ouest marocain, et à des techniques spécifiques de fabrication. L’enjeu est complexe, alliant la valorisation des zones rurales et la création d’une filière de production saine, où une véritable valeur ajoutée sera dégagée et les bénéfices répartis entre les producteurs.

Avantages économiques et progrès sociaux

Les femmes de l’arganeraie, traditionnellement occupées à cette production, peuvent par ce biais voir leur activité valorisée au point de représenter un véritable salaire. Souvent organisées en coopératives, elles voient leurs conditions de vie considérablement améliorées par cette autonomie financière et par l’acquisition d’un nouveau statut social.
A travers le travail à la coopérative, les femmes gagnent un salaire mais elles profitent aussi d’un accès aux soins, d’un accès à l’alphabétisation, et même d’une éducation de base et d’une qualification professionnelle dans la gestion de leur structure de production. Cela permet de les associer aux décisions importantes de la coopérative. Ce programme permet également de faire prendre conscience de l’importance de l’éducation, avec une incitation à la scolarisation des enfants, notamment des filles. Actuellement, environ 90 coopératives sont réparties sur la zone naturelle de production de l’argane et emploient près de 4000 personnes.

La protection des arganiers

Les femmes des coopératives deviennent naturellement les meilleures ambassadrices de la protection des arganiers, consciente désormais de tous les avantages qu’elle ont à les conserver. Elles participent ainsi aux tentatives de plantation et sensibilisent à leur tour leur entourage.
Ce travail d’organisation de la filière et de protection de la ressource naturelle a permis d’améliorer considérablement la qualité de l’huile, avec comme objectif la création de l’IG. Elle devrait permettre la valorisation du produit et son identification notamment à l’export, ce qui devrait avoir un impact non négligeable sur le prix de vente, assurant par là même une pérennisation de l’emploi des femmes des coopératives.

Des mesures articulées

Le travail autour de l’huile d’argane est associé à un autre programme du Plan d’appui à la décentralisation sur la question des économies d’eau, problème critique de cette région du Souss Massa Drâa. Outre la faible pluviométrie de la région, les ressources en eau sont surexploitées par l’agriculture. Il est donc aujourd’hui indispensable de privilégier une irrigation raisonnée, utilisant les systèmes de goutte-à-goutte. En associant des mesures de protection de l’environnement avec des mesures de développement économique dans des politiques publiques régionales, les concepteurs aquitains et marocains de ce plan escomptent des effets directs sur les populations locales rurales. L’objectif est bien le maintien de leur cadre de vie et de leurs emplois, donc de leurs richesses. Ce qui, naturellement, devrait permettre de maintenir les cultures et les populations, et ainsi éviter un accroissement de l’exode rural, et de l’émigration. Au final, un bon exemple de soutien au développement qui prend en compte la complexité des situations et démontre que, de la protection de l’environnement à l’émigration, de l’alphabétisation à l’économie, toutes les questions sont toujours liées.

Photo : M. Renversade

Mathieu Renversade
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