Viticulture: Le Bio une alternative aux pesticides, exemple au château Brethous


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Viticulture: Le Bio une alternative aux pesticides, exemple au château Brethous

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 07/02/2016 PAR Romain Béteille et Joël Aubert

Donc, à Brethous,  les pesticides ont ne connaît plus. Revenir dans ce bel endroit où on n’est pas venu depuis que la propriété a fait le choix du « Bio », en 2008, c’est d’abord avoir le regard attrapé par la découverte, au milieu des rangs de vigne, de grandes allées où les féveroles poussent à loisir, encouragées par un hiver pluvieux et doux. Des féveroles ! Ces légumineuses, riches en protéines qui, une fois enfouies, fourniront un de ces engrais verts qui prendront la place des engrais azotés, des produits de synthèse. A Brethous, le temps des vendanges passé, on sème des féveroles, tous les deux rangs, du blé de l’avoine aussi. L’enherbement ainsi réalisé apportera la matière organique dont la vigne a besoin. « En passant au bio, nous avons éliminé les désherbants et ce ne fut pas si simple; nous l’expérimentions depuis dix ans avec des labours et des décavaillonnages, en testant des matériels sur une parcelle nouvellement plantée, en passant des disques un rang sur deux pour couper les racines qui s’étalent et obliger ainsi la vigne à s’enraciner plus profond. »

Un audit technique mais aussi humainEt puis vint un certain Daniel Noêl,  » un consultant originaire de Pineuilh, en Gironde, que nous avions croisé. Il arrive ici, fait le tour des parcelles, l’inventaire du tissu végétal, note ce qu’il appelle «  les plantes indicatrices », celles qui poussent naturellement et témoignent de la nature des sols, de leur valeur agronomique, de leur besoins en matière organique. Nous étions déjà assez fiers d’avoir des vignes propres. Il arrive et nous dit «  c’est le désert viticole …» Il fait un audit technique et aussi humain, nous interroge, nous et notre salarié et nous dit «  je vous propose de vous accompagner pendant deux ans ; après je m’en vais. » Au passage, et sans qu’un lien de causalité puisse être établi avec l’usage préalable des produits phytosanitaires, au détour d’une phrase, Thierry confie qu’il a vaincu un cancer. « Nous étions vraiment décidés à franchir le pas »

Des aides financièresA coté des aides techniques, les aides financières de la Région – 350 euros l’hectare pendant cinq ans, à l’achat de matériel, l’appartenance à une CUMA ( Coopérative d’utilisation de Matériel Agricole) ont été précieuses. « L’impact du choix du Bio était de 25% en terme de surcoût d’exploitation  » confie Thierry. « Et nous pouvons dire, aujourd’hui, qu’il faut être formés; je connais des vignerons qui ne l’étaient pas, n’avaient pas de matériel et qui ont capoté en deux ans. »

Les rendements de la vigne, et donc le revenu de l’exploitation étaient, au départ, un peu inférieurs. Mais il arrive, aussi, que la nature fasse bien les choses. Deux beaux millésimes, très qualitatifs -2009, 2010- sont venus consacrer le travail entrepris. En 2010, notamment, nous ne sommes passés que trois fois dans les parcelles pour travailler le sol ». Quant au mildiou, l’ennemi héréditaire du vigneron, celui que le folpel de Bayer terrasse en pénétrant dans la plante, à Brethous on l’ignore ; on traite comme tous les vignerons bio avec la bouillie bordelaise, cuivre et soufre, ( en y ajoutant de la prêle sur les premières façons) et en prenant soin d’adapter les doses aux conditions du moment. Car, et c’est un impératif absolu auquel le vigneron ne saurait se soustraire, en choisissant le bio s’il ne réagit pas très vite à la maladie qui survient il peut, en rien de temps, perdre sa récolte. Et, là aussi, celui qui veut s’y lancer doit prendre la mesure de la veille, quasi permanente, que requiert son vignoble et, naturellement, prendre la responsabilité de traiter au moment qui lui semblera le plus opportun. Ne demandons pas à Thierry si le Bio est spécialement adapté à des exploitations petites ou moyennes, plutôt qu’à de très grandes où l’on ne lésine pas sur l’agrochimie, il le pense très fort…. Ecoutons-le encore: «  il faut toujours être en prévention et avoir présent à l’esprit les trois critères à suivre, la météo, la pousse de la vigne, la pression des maladies.- Nous, nous traitons très tôt, dès que deux feuilles sont étalées .. » Il résume, ainsi, le degré d’exigeance qui doit habiter chaque viticulteur mais, dans le cas du Bio, les conséquences d’une erreur peuvent être irréparables, sans compter qu’il faudra le plus souvent traiter plusieurs fois si l’année est pluvieuse.

A Brethous, où l’on produit quatre cuvées de rouge et un clairet, à partir d’un encépagement à 80 % de merlot et 20% de cabernet sauvignon et cabernet franc, Cécile et Thierry ont la fierté de leurs vins; elle est indissociable d’une humilité forgée dans les apprentissages. Le temps s’éloigne où les vins Bio n’avaient pas la cote.. « Nous ne rencontrons plus de gens qui disent le vin Bio n’est pas bon » remarque Cécile. Vendus à 50% à l’export, les vins de château Brethous s’en vont, notamment aux Etats-Unis où s’ouvre un marché mais, surtout, en Allemagne où le Bio tient une autre place qu’en France et où, souvent, il est devenu le cadeau d’entreprise par excellence.

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