Il est environ 19 heures ce mercredi 15 juillet et déjà, le public du cinéma l’Eden, de Pauillac, se presse sur le parvis. Mais ce soir n’est pas un soir comme les autres, c’est le lancement officiel de la première édition d’un tout nouveau festival qui fait son entrée dans la carte des rendez-vous culturels de l’été girondin. Les vendanges du septième art, c’est son nom, a démarré en grande pompe dans le courant de l’après-midi avec une master class en présence de Rémy Julienne, célèbre cascadeur français qui, à 85 ans, a déjà plus de 1400 productions à son actif (dont environ 400 films parmi lesquels 6 de la saga James Bond et de nombreuses collaborations avec des acteurs très célèbres tels que Lino Ventura ou Jean-Paul Belmondo).
Rémy Julienne, le roi de la cascade « à l’ancienne », a livré des anecdotes savoureuses sur ses expériences avec les plus grands.
Des master-class richesPendant plus d’une heure, ce vétéran du cinéma français à échangé avec le public du petit cinéma local et répondu aux questions ponctuées d’anecdotes croustillantes sur le déroulé de sa carrière. « Il s’est passé plein de choses, on s’amusait beaucoup tout en restant sérieux mais on avait quand même quelques excentricités. Avant, quand je faisais une cascade, je fermais les yeux, je fermais tout. Petit à petit, je les ai ouverts et ça m’a permis de savoir ce que j’avais fait de bien ou non », a commenté le fou du volant. Toujours dans ses projets, l’écriture d’un troisième livre, même s’il n’a plus touché un volant depuis 15 ans et que ses fils et petit-fils ont repris la main. Il fait ainsi partie des 4 master class organisées pour cette première édition : le 16 ce sera au tour de Philippe Claudel et le dernier jour dès 17 heures, on y attend Pierre Arditi. Les invités prestigieux se succèdent, de Patrick Poivre d’Arvor à Dominique Besnehard, Nathalie Baye, Valérie Donzelli ou encore Eric Lartigau, qui graviteront autour des 13 films en compétitions répartis en deux catégorie : le prix international du jury et le prix jeune public.
Au niveau des films présentés, une programmation éclectique, de l’Islande au Japon, tantôt intimiste tantôt très grand public (« Le Petit Prince »en avant-première le 18 juillet à 16h30, a déjà reçu des critiques très élogieuses) mais qui gardent toujours une volonté d’accessibilité. Dans ce souci de parler à tout le monde, trois projections en plein air seront proposées tout au long de ces 5 jours à 22h30 à deux pas du cinéma : entre films cultes (« L’aventure c’est l’aventure » de Claude Lelouch, le merveilleux et lumineux portrait du Montmartre de l’âge d’or dans « French Cancan » de Jean Renoir ou encore l’un des succès de l’année, « La Famille Bélier »). Pour Florent Fatin, maire de Pauillac, ce nouveau festival trouve sa raison d’être dans la volonté de la ville d’avoir un nouveau grand rendez-vous populaire. Le Reggae Sun Ska était un des évènements qui marquait la culture médocaine. Après son départ, nous nous sommes retrouvés sans symbole culturel fort, même si l’image de Pauillac, même à l’international, n’est plus à faire. Il fallait dont trouver un rendez vous à la hauteur. Dans les projets secrets de ce festival, il y avait aussi cette volonté de donner une autre image du Médoc que celle que l’on pouvait avoir parfois et pousser encore plus loin les limites de ce qu’on pouvait faire chez nous », s’est exclamé l’élu.
Un festival à taille humaineLe cinéma local, qui a d’ailleurs fêté ses 30 ans il y a peu, a profité de la brèche pour créer ce projet singulier et très accessible, comme nous l’affirme Jocelyne Aymé, directrice de l’établissement. « On voulait densifier les actions culturelles, créer un nouveau rendez-vous majeur sur le territoire, combler un vide. S’ouvrir au monde était également un objectif important, d’où ce nom des vendanges pour aller récolter les pépites de cinéma et porter un regard singulier sur le monde », affirme-t-elle. « Le plus important pour nous, c’était que le festival soit accessible à tous, et qu’on ne retienne pas uniquement le côté prestige : on ne mets pas les talents d’un côté et les spectateurs de l’autre. On voulait que les gens, dans la rue, aient envie de venir acheter des places de cinéma car même si la programmation est exigeante, elle est avant tout ouverte ».
Régis Wargnier est le tout premier président du jury du festival de Pauillac
Une nouvelle identité ? Partagé entre le cinéma et la littérature (il acceuille aussi le « Quai des Plumes » et des séances de dédicaces d’auteurs), le festival médocain se cherche encore une identité, même si son cadre parle déjà un peu pour lui. Conçu pour durer ? Oui, à en croire les organisateurs et la municipalité, qui vise encore un peu mieux l’année prochaine. Pour Jocelyne Aymé, rien n’est encore gravé : « C’est le bilan qui nous dira, nous ne sommes pas arrêtés sur cette forme, on va certainement ajuster. Pour cette première, on essuie un peu les plâtres. Mais on veut garder cette idée des journées thématiques et celle d’ouvrir le festival sur l’intervention d’un technicien tous les ans ». En attendant une éventuelle seconde édition, les festivités ont déjà démarrées ce mercredi avec la cérémonie officielle en présence notamment du premier président du jury, Régis Wargnier (réalisateur de « Pars vite et reviens tard » ou « Le temps des aveux »). Loin des paillettes de Cannes, plus simple et accessible, même ce coup d’essai pauillacais promet déjà d’être un bon cru.
L’info + : pour avoir les tarifs, l’intrégralité de la programmation et des rendez-vous, passez par le site vendangesdu7emeart.fr.