Cette enquête sur les conditions de vie des étudiants a été réalisée par l’ORPEA (l’Observatoire régional des parcours étudiants aquitains) entre février et avril 2015. Diffusée auprès de 64 125 étudiants, elle a réuni les réponses de 10 055 d’entre eux. Elle révèle qu’en moyenne, un étudiant passe environ 35 heures à travailler (réparties entre les cours et le travail à la maison) par semaine. Les étudiants qui travaillent parallèlement à leurs études (41%) considèrent pour près de la moitié d’entre eux (41%) que ce complément de revenu est indispensable, et déclarent en moyenne deux heures de moins de présence en cours et une heure en moins de travail personnel que les autres. Plus révélateur : 45% des femmes déclarent travailler en complément, contre 40% des hommes. Il s’agit majoritairement de cohabitants (44%) et plus ils sont âgés, plus la part d’activité rémunérée augmente (28% pour les moins de 21 ans, 49% des plus de 21 ans), sans doute en raison du coût croissant de l’année universitaire.
Des résultats contrastésConcernant le logement, là aussi, les résultats sont contrastés. Si, selon les données de l’enquête régionale, 90% des étudiants sont « satisfaits de leurs logements », 52% d’entre eux déclarent vivre en location ou colocation, contre 19% en résidence universitaire et 20% chez leurs parents, principalement pour des raisons financières. Le loyer moyen s’élève à 386 euros : plus le niveau d’études augmente, plus il est élevé (498 euros pour un niveau bac+6). La Gironde (397 euros) et le Lot-et-Garonne (389€) sont les départements où le loyer moyen est le plus élevé devant les Landes (371€), la Dordogne (320€) et les Pyrénées Atlantiques (336€). En moyenne, les étudiants mettent 23 minutes pour se rendre sur le campus depuis chez eux.
Un bilan santé inquiétantSi le budget reste équilibré (682 euros de ressources et 575 euros de dépenses par mois en moyenne), c’est que la famille contribue pour une grande part à cette ressource : 365 euros. Ils ont plus de ressources dans les Landes (747 euros) mais dépensent plus (647 euros)38% des étudiants ont des fins de mois difficiles et 68% se seraient déjà restreint dans les besoins élémentaires comme l’alimentation, le loyer ou la santé. La santé justement, est un des pôles les plus alarmants. Sept étudiants sur dix déclarent avoir déjà renoncé à se faire soigner par un médecin, 21% pour des raisons financières. Ces chiffres régionaux font écho à une étude du réseau de mutuelles Emevia publiée aujourd’hui qui précisent qu’au niveau national, ils sont 15,6% à avoir renoncé aux soins par manque d’argent (contre 17,4% en 2013). L’étude précise aussi que leur mal-être s’est aggravé : plus d’un étudiant sur trois dit avoir de plus en plus de mal à gérer son stress (39,4% en 2015 contre 37,5% en 2013). Les consultations gynécologiques pour les jeunes filles sont elles aussi en baisse : 45% en 2015 contre 48% en 2013.
Une étude approfondieCette étude régionale, destinée à être finalisée, n’a pour l’instant dévoilé que des résultats partiels. Un suivi et une étude plus approfondie devraient être livrés en fin d’année. Selon Vincent-Hoffmann-Martinot, Administrateur provisoire de la COMUE (Communauté d’Universités et Établissements) d’Aquitaine, « il sera notamment intéressant de voir s’il y a une vraie variation de la qualité de la vie étudiante en fonction des territoires. Nous souhaitons aussi aller plus loin régionalement et interrégionalement, des relations ont déjà été engagées avec Pau, Limoges ou La Rochelle ». D’autant que du côté de la vie étudiante, selon le palmarès de l’Étudiant, Bordeaux navigue loin derrière, à la 24ème position.
Une volonté d’améliorationMais les acteurs régionaux semblent toutefois s’attacher à une réelle volonté d’amélioration, comme l’a souligné Olivier Dugrip, recteur de l’académie de Bordeaux. « La qualité de la vie des étudiants conditonne leur réussite dans le parcours d’études. C’est un tout. En Aquitaine, le Crous a délivré 94 800 000 euros d’aides aux étudiants. 70% du parc de logements du dernier Contrat de Plan Etat Région ont été requalifiés, et nous comptons bien achever cet effort d’ici 2020 avec 1000 nouvelles réhabilitations et 500 reconstructions pour atteindre le chiffre de 4800 logements requalifiés ». Pour Alain Rousset, président de la région Aquitaine, « cette montée en puissance de l’intérêt pour la condition de vie des étudiants et leur parcours va dans la continuité de l’action publique. L’Aquitaine possédait entre 2008 et 2009 30% des résidences universitaires de France, et je ne dis pas ça seulement parce que nous sommes à deux mois des élections. La future région aura probablement dans la liste de ses futures compétences le sort des universités. Lutter contrer l’échec du premier cycle universitaire, c’est aussi une bataille que la grande région doit entreprendre », a-t-il affirmé.
Dans ce but, le campus de Pessac/Talence/Gradignan va prochainement accueillir un « espace multi-services ». Le bâtiment, d’une superficie de 3500 mètres carrés offrira des « services aux étudiants et à leurs associations », un nouveau pôle restauration 51% des interrogés déclarent encore sauter le repas du midi faute de temps), une présence accrue de l’AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et un nouveau pôle culturel autour de la nouvelle MAC (Maison des Activités Culturelles). Le projet s’élève à 8 millions d’euros. L’enquête sur les conditions de vies, elle, devrait être renouvelée régulièrement à la nouvelle échelle régionale.