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PUBLIÉ LE 24/09/2024 PAR Corinne Merigaud« Aujourd’hui ce serait difficile de faire sans Platon. » Depuis plus de trois ans Platon, un labradoodle, guide Lionel dans son quotidien. Et pas question de revenir en arrière et de reprendre sa canne pour se déplacer. « C’est mon premier chien, avant lui, j’avais ma canne électronique et j’étais autonome dans ma zone de confort, raconte-t-il, grâce à Platon, je l’ai élargie. Je pars en week-end, je suis allé à Bourges et à Chambord et j’ai même fait une randonnée en raquettes. Avec l’appli GPS piétons, je vais à peu près partout avec lui. »
Pour ce déficient visuel, la vie a changé lorsque Platon est entré dans sa vie. Sa vue déclinant, Lionel avait déposé une demande à l’école des chiens guides d’aveugles du Centre-Ouest basée à Landouge. Il rencontrait de plus en plus de difficultés à se déplacer seul, guidé par sa seule canne. Son autonomie régressant, il limitait ses sorties et activités. Le dossier de Lionel a été étudié et Platon lui a été confié à ses 22 mois en sortant de l’école.
« Il comprend beaucoup de mots »
Comme ses camarades Golden et Labrador, Platon a été éduqué spécialement pour accompagner son maître dans ses gestes du quotidien.
Corinne Merigaud | Aqui Lionel est plus autonome depuis qu’il est accompagné de son fidèle Platon âgé de 5 ans.
Et lorsqu’il revient à l’école où il croise parfois ses copains comme Milton, Platon est fou de joie. Il part vite le retrouver pour une balade entre potes à l’arrière du centre. C’est ici que Platon a appris son métier de chien guide. « Il comprend beaucoup de mots et je lui en ai appris des nouveaux comme « allez passe » pour franchir une porte par exemple ou un passage piétons remarque Lionel. Il sait aussi trouver les poubelles dans la rue quand il a fait ses besoins. De temps en temps, il faut ramener de la rigueur surtout quand je sors de mon quartier ou lorsqu’on est dans une ville que je ne connais pas. » Platon a même son compte Insta !
Bonne patte, Platon obéit sans sourciller et marquera tous les passages piétons. Il connaît bien son job. Mais Platon est aussi un animal de compagnie comme un autre. « Il a ses moments de détente, il retrouve ses copains au Champ de Juillet les soirs, je le lâche car il a besoin de courir. Il se baigne aussi dans la Vienne. » Platon est un excellent chien guide qui a changé la vie de Lionel. « Il m’apporte de l’autonomie, des moments de joie, je suis heureux de le voir heureux, c’est un membre de la famille » confie-t-il.
Pour arriver à cette complicité, Platon comme ses copains et copines de l’école, car il y a aussi des femelles, a suivi les cours dispensés par les éducateurs de l’école. Avant cela, il a appris la socialisation au sein d’une famille d’accueil. Il y en a une vingtaine sur le département. Véronique, retraitée depuis trois ans et qui était maître chien de métier, a voulu s’investir. « J’ai accueilli quatre chiens Pocket, Milton le chien référent de l’école, Truffe et Voyelle énumère-t-elle, cela permet de les socialiser, de les habituer à toutes sortes de situation pour qu’ils soient à l’aise ensuite. Bref, d’en faire de bons chiens guides. »
« On l’emmène en ville tous les jours »
Véronique n’a pas hésité à les emmener partout, en vacances, dans les magasins, les restaurants, les musés, sur la plage, dans des lieux où on ne peut pas leur interdire d’entrer. « Ils ont leur gilet élève chien guide, un directeur de magasin l’a même pris en photo pour le poster sur les réseaux sociaux. Avec son prédécesseur, il fallait se justifier avant d’entrer. C’est le seul endroit où il y a eu de la réticence. » L’accueil des chiens guides est normalement obligatoire et la loi mieux connue et respectée. « Cela évolue à ce niveau dans tous les lieux publics confirme Sophie, une éducatrice, on peut rentrer partout et il n’y a pas de tarification en plus pour ces chiens dans les hôtels par exemple. »
Les chiens sont remis gratuitement aux déficients à environ deux ans mais sous contrat.
Avant cela, les chiens guides suivent une éducation bien rodée. Entre 2 et 5 mois, ont lieu des visites chez la famille d’accueil avec sorties en ville avec elle, plus une séance d’obéissance par semaine. A cinq mois, ils passent une semaine par mois à l’école et à 8 mois, le chien est radiographié pour écarter un problème de dysplasie. « On vérifie que tout va bien au niveau physique et psychologique, si le chien est à l’aise et à un an, il va en éducation pour sept à huit mois » explique Sophie.
Les exercices s’enchaînent alors pour mémoriser les bonnes attitudes. « On l’emmène en ville tous les jours, on apprend au chien à marcher en ligne droite sur les trottoirs, à traverser les passages piétons, à éviter des obstacles résume-t-elle , on va aussi à la campagne pour qu’il s’adapte à un autre environnement. » Il y a ensuite un travail de passage de relais avec le maître. Les personnes retenues restent deux jours à l’école, font des sorties en ville en binôme avec l’éducateur, voient ce que le chien peut leur apporter. Les candidats sont retenus sur dossier médical et ophtalmologique et doivent être titulaires de la carte « handicapé ». « Ils rencontrent un psychologue, un médecin généraliste et un instructeur en locomotion ajoute-t-elle. Il faut que les personnes sachent s’orienter, se repérer dans l’espace pour donner les bonnes directives au chien » précise Sophie.
« L’éducation du chien coûte 25 000 € »
Une quinzaine de demandes sont reçues chaque année dans cette école. Les deux éducateurs de Landouge et les trois en activité dans la seconde école située à Lezoux (63) forment une quinzaine de chiens par an. Les chiots proviennent de Lezoux qui est aussi un centre national de reproduction. « L’éducation d’un chien guide revient à 25 000 € et nous assurons un suivi sur toute leur vie » indique Elodie Lacroix, la directrice. En 2023, nous avons remis 18 chiens guides sur les deux écoles et en fin d‘année, nous organiserons un événement pour la remise du 400ème chien guide.
La journée portes ouvertes aura lieu ce dimanche 29 septembre avec les « Chiens Guides Days », des journées organisées par toutes les associations membres de la Fédération Française des Associations de Chiens guides d’aveugles. « Le but est de faire découvrir ou redécouvrir le milieu du chien guide et de sensibiliser le grand public au handicap visuel et au travail d’éducation des chiens » annonce-telle.
Quelque 600 à 700 visiteurs sont attendus, ce 29 septembre pour assister à deux démonstrations de chiens guides. « On pourra se glisser dans la peau d’un déficient visuel avec la visite d’une pièce dans le noir, il y aura aussi un village des sens, des partenaires comme la Bibliothèque sonore, l’hôpital de jour Baudin, Voir Ensemble, l’ASPTT, Mes mains en or … sans oublier Miss Limoges et ses dauphines et une surprise à ne pas manquer.» Goodies, tombola, espace enfants. Entrée gratuite de 14h à 18 h.
