Cette décision m’est dictée par la sagesse de l’âge, plutôt que par une érosion de ma vitalité et de mon enthousiasme.
Je l’ai prise résolument et en responsabilité, afin de passer la main à une nouvelle génération. Je m’honore d’avoir contribué à sa formation politique, et de lui avoir transmis ma conception des solidarités essentielles, sociales et territoriales, qui fondent la Collectivité départementale et son identité républicaine.
Cette décision, je la prends avec la sérénité et la satisfaction du devoir accompli, que m’autorisent le constat d’une situation financière équilibrée et stable du Conseil général et un bilan politique complet et réussi. A aucun moment les finances du Conseil général n’ont pâti d’un relâchement ou d’une absence de rigueur, comme on l’observe trop souvent au terme d’une si longue magistrature politique.
Une collectivité saine et opérationnelleJe transmets une collectivité départementale saine et pleinement opérationnelle, qui n’a jamais fait l’objet d’observations ou d’injonctions péjoratives du contrôle de légalité du Préfet ou du contrôle de gestion de la Cour Régionale des Comptes, en 36 ans de responsabilités.
Cette réussite, je la dois d’abord à la qualité remarquable et au dévouement exceptionnel des viceprésidents dont je me suis entouré pendant toutes ces années, avec l’appui inestimable d’une majorité politique dont le soutien n’a jamais douté, ni failli.
Les Girondins la doivent aussi à une administration départementale de très haut niveau d’exigence et de professionnalisme, qui m’a permis de mettre en place des politiques publiques, en matière d’aide aux communes et aux territoires, d’insertion, d’environnement, d’agenda 21 et de climat, de desserte numérique, de protection de la biodiversité, de pistes cyclables, d’animation culturelle et sportive décentralisée, et désormais d’ingénierie territoriale, qui font figure d’avant-garde et ont été honorées de nombreuses distinctions nationales.
Au-delà de l’exercice le plus généreux possible de nos compétences obligatoires en matière de routes, de ports, de collèges, d’archives départementales, d’action sociale, au profit des plus fragiles, de la jeunesse en difficulté, des personnes âgées et des handicapés, le Conseil général n’a jamais manqué au monde agricole, aux sylviculteurs, aux ostréiculteurs, aux viticulteurs mais aussi aux créateurs d’entreprises et à la vie associative.
Je suis fier d’avoir accompagné les grands projets d’agglomération, du Pont Mitterrand, au parc des expositions en passant par le plan Université 2000, le Port Autonome, les rénovations du Grand Théâtre ou du stade Chaban-Delmas, le financement de la LGV Tours-Bordeaux, les grands équipements des communes les plus démunies de l’agglomération, mais aussi l’équipement des 542 communes du Département à travers le Fonds d’Aide à l’Équipement des Communes désormais unique en France.
J’ai aussi su résister aux sollicitations pressantes de personnalités politiques aussi fortes que Jacques Chaban-Delmas et Alain Juppé afin de ne pas engager le contribuable girondin dans le naufrage financier du club des Girondins de Bordeaux dans les années 90, ou encore dans le financement du Grand Stade et du futur Centre des Civilisations de la Vigne et du Vin en contraignant des partenaires privés à y investir.
Chacun comprendra que mon retrait, pour raisonnable qu’il soit, m’inspire un intime sentiment de nostalgie au moment de quitter l’institution départementale.
Les observateurs et témoins de l’exercice de mon mandat départemental, connaissent l’attachement profond, affectif, charnel, qui me lie à la Gironde, à ses élus locaux, et à sa population si riche d’humanité et de générosité, de cultures et de talents, avec lesquels j’ai tissé au fil des années des liens exceptionnels et étroits.
Il se trouve que mon départ coïncide avec une nouvelle époque et de profondes réformes de notre organisation territoriale, qui vont en bouleverser le paysage. Mais je ne pars pas sans y avoir apporté mes contributions, mon énergie, et manifesté régulièrement mes désaccords quand il l’a fallu.
A nouvelle ère nouvelle générationUne page de l’histoire des départements se tourne au moment ou je tourne la mienne. Il est donc finalement heureux que cette nouvelle ère, qui introduira de nouvelles perspectives politiques et de nouveaux équilibres institutionnels, mette en selle une nouvelle génération politique.
Je me réjouis qu’au cours de l’exercice de mes responsabilités exécutives départementales, des talents se soient exprimés, et des expériences se soient forgées, pour donner à nos territoires, aujourd’hui et demain, des représentants politiques de qualité.
S’ils constituent une promesse de renouvellement, ils s’inscrivent aussi dans une continuité d’inspiration politique et d’identité institutionnelle. Aussi, cette nouvelle génération maintiendra le Département dans son rôle irremplaçable d’exercer sans faiblesse, ni appropriation par telle ou telle autre collectivité, ses missions essentielles de solidarité ville-campagne, et d’action sociale de proximité.
En cette circonstance, je voudrais adresser à tous les Girondins, à tous les élus de quelque tendance que ce soit, aux agents du Département, ma gratitude infinie pour la confiance et le concours décisifs qu’ils ont apporté à mon action publique, mais aussi pour l’exceptionnelle expérience humaine dont ils ont enchanté ma vie.
Qu’ils sachent que le Sénateur que je reste pour quelque temps encore, ne pourra se dispenser de leur proximité, et de les retrouver dans tous les chemins de traverse de notre merveilleux département.