Une saison 2015 qui a marqué les esprits et sans doute le chiffre d’affaire des professionnels du tourisme. Voilà comment pourrait se résumer la haute saison qui se termine dans quelques jours. L’été 2015 a en effet profité de divers facteurs (un taux de change entre le dollar, la livre et l’euro largement favorable au tourisme européen, un été particulièrement beau et chaud, et des tensions internationales qui ont encouragé les flux de touristes à l’intérieur de l’Europe) et a démarré à un rythme « plus soutenu qu’en 2014 » partout en France. La région Aquitaine n’est bien sûr pas en reste, notamment de par sa diversité et son large panel de destinations entre les grandes villes, les sites touristiques ou encore le littoral. C’est même la cinquième destination française pour les touristes étrangers (derrière l’Île-de-France, PACA, Rhônes-Alpes et Languedoc-Roussilon), avec une part de 5% d’emploi salarié dans ce secteur (troisième position française).
Une belle saison
Ainsi, d’après les premiers chiffres publiés en août par le CRTA (Comité Régional du Tourisme Aquitain). on constate une saison plus que positive, grâce notamment à certains indicateurs comme les indices de satisfaction, au beau fixe. Ainsi, après le week-end du 14 juillet, 80% des professionnels du tourisme étaient optimistes pour le reste de la saison : elle s’est « bien déroulée » pour 86% d’entre eux. Naturellement, le littoral enregistre les plus forts taux de satisfaction (92%, 97% sur le Bassin d’Arcachon et même 98% sur la Côte Basque), tandis que le tourisme urbain tire également son épingle du jeu (90% de bonnes opinions pour Bordeaux et 78% pour Pau). Selon Régine Marchand, présidente du CRTA, « »aujourd’hui, on voit clairement des touristes venir exclusivement à Bordeaux comme ils iraient à la mer ou à la montagne. C’est une destination touristique prisée, grâce à certains facteurs comme le tourisme fluvial très développé ». En effet, on comptait déjà plus de 27 000 passagers en escale à Bordeaux en 2013, soit 6% de l’offre nationale. Le tourisme intérieur, lui, affiche un été « satisfaisant » mais pas sensationnel (72% d’avis positif mais 84% en Béarn).
Un profil touristique européenMais alors, quel est le profil des touristes qui viennent passer l’été en Aquitaine ? Ils sont majoritairement allemands (33% de la clientèle dans l’hôtellerie de plein air), néerlandais (28%), britanniques (eux préfèrent le « tourisme vert »), espagnols ou encore belges. Cette clientèle est plutôt attirée par le littoral : 62% des européens envisagaient, selon des données d’un baromètre IPSOS datant de mai 2015, d’effectuer un séjour balnéaire tandis que 20% y préféraient des vacances à la montagne (contre 14% en 2013). Enfin, ils réservent majoritairement leur séjour sur internet (60%), et sont même plus nombreux à organiser eux-même leur séjour (70%). L’échange de logements, lui, est en plein boom : un européen sur dix aurait déjà été séduit par cette démarche de tourisme collaboratif. Selon Brigitte Bloch, directrice du CRTA, « on ne veut plus consommer ses vacances, on veut retrouver notre mode de vie de tous les jours lorsqu’on part. C’est l’évolution même de l’idée de vacances qui est importante, et pas uniquement pour des raisons économiques », affirme la responsable.
Entre vacances et économies Pourtant, faire des économies reste tout de même très important au moment de choisir une destination où poser ses bagages. La France, l’Italie et L’Espagne (réputée moins chère) restent de loin les trois destinations les plus prisées par les vacanciers européens. Paradoxalement, si les indicateurs sont au beau fixe, 43% des professionnels du secteur estiment que les français « ont réduit leurs dépenses » par rapport à la haute saison 2014, notamment sur le littoral médocain et le tourisme vert. Les touristes étrangers revoient également leur budget vacances à la baisse, mais dans une moindre mesure. Ces petits trous dans le budget n’ont pourtant pas découragé les saisonniers : 52% des professionnels du tourisme disent avoir dépassé leur niveau d’activité par rapport à l’an dernier (58% sur le littoral, 59% dans les villes mais une haute saison plus mitigée en tourisme intérieur). Le chiffre d’affaire devrait suivre la même tendance.
Une grande région optimisteTandis que la fréquentation des hôtels, des campings et des villages vacances est en hausse, celle des sites d’oeunotourisme (secteur sur lequel l’Office du Tourisme de Bordeaux avait beaucoup parié juste avant l’été) pourrait enregistrer une baisse significative par rapport à 2014. Vinexpo et sa concentration de grands-crus seraient-il en partie responsable ? La tendance touristique, elle, n’est pas prête de s’arrêter : 61% des professionnels restent optimistes pour l’arrière saison. Pourtant, certains chiffres sont moins flagrants concernant la bonne santé du tourisme régional. Ainsi, entre mai et août, seuls 41% des professionnels enregistrent une hausse de fréquentation par rapport à 2014, ce qui resterait « un chiffre plutôt bon » selon Brigitte Bloch. En cumulant l’ensemble des touristes français et étrangers en Aquitaine, on arrive au compte de 14 millions, pour 93 millions de nuitées touristiques en 2014. Un plébiscite qui ne s’arrêtera sans doute pas aux actuelles frontières de l’Aquitaine : l’hôtellerie de plein air devrait être l’un des nouveaux visages forts du futur tourisme de la grande région. Pour les 3 régions cumulées, les hébergements représentent, en effet, 27% des emplois salariés de l’hôtellerie et de la restauration (contre 25% au niveau national). Le tourisme estival régional a donc de beaux jours devant lui…