« Nous savons qu’en 2015 les camions ne rentreront plus sur l’autoroute… »
Entretien avec Alvaro Amann, Ministre des Transports du gouvernemnt basque à Vitoria.
La décision de reconnaître Dax-Vitoria au niveau européen a-t-elle été une avancée décisive ?
La voix conjointe d’Aquitaine et Euzkadi a été présente dans tous les lieux de décision européens. L’Arc Atlantique a été défendu d’une seule voix et donc le TGV Dax-Vitoria ou Paris-Bordeaux-Madrid. Cette insistance a porté ses fruits. D’une part le gouvernement espagnol a assuré qu’en 2010 la ligne TGV Madrid-Irun serait réalisée et d’autre part l’Etat français a assuré qu’en 2010 il aura réaménagé le trajet Hendaye-Dax et a décidé dans un délai plus long, entre 2015 et 2020 d’intervenir entre Bordeaux et la frontière. Cette décision française pour l’Arc Atlantique est un fait historique car nous évitons le risque de périphéricité de toute la péninsule.
Cette ligne venant de Madrid et Valladolid vers Vitoria, sera-t-elle mixte, passager et fret ? A quelle vitesse circulera-t-on ?
Le trajet Valladolid-Vitoria-frontière sera mixte, préparée pour une vitesse de 230-240 km/h à l’écartement européen.
Le TGV arrivera bien à la frontière à Irun ?
En principe oui ; si par la suite les Etats français et espagnols décidaient d’une autre traversée qu’ils l’étudient mais nous pensons que dans l’immédiat nous devons utiliser le passage par Irun qui existe déjà.
Au Pays basque français on considère que l’on ne pourra pas faire une ligne nouvelle à 300 km/h.
Les situations ne sont pas comparables car nous, aujourd’hui, nous n’avons aucun kilomètre de voie utilisable ; nous devons faire une voie nouvelle. En France vous avez au moins une voie et à l’écartement européen. Chez nous il s’agit de nouveaux chantiers ; chez vous on peut aménager les ouvrages. Avoir un Vitoria-Dax à 230 –240 km/h nous paraît suffisant. Ce que nous avons de commun c’est que le territoire est très difficile à traverser pour nos infrastructures. Sur une distance totale de 180 km, plus de 50 % del’Y basque est en tunnel. Nous descendons en outre du plateau castillan avec une déclivité de 400 mètres sur un très court espace ; il faut que nous fassions très attention à la pente à cause des marchandises.
Autre question, franco-française c’est la volonté de Toulouse d’avoir très vite un TGV ? Et si l’on prenait du retard sur Bordeaux-Dax ?
Il faut bien avoir en tête les problèmes que nous devons affronter à très court terme ;nous savons qu’en 2015 les camions ne rentreront plus physiquement sur l’autoroute. Il n’y aura plus de place ! La solution est d’aller de la route vers le transport maritime et le transport ferroviaire. Donc la ligne ferroviaire atlantique, les projets de ferroutage doivent être lancés avant 2010.
Il est absolument nécessaire de faire quelque chose. Nous travaillons avec RFF et la SNCF pour développer des projets de ferroutage. C’est très important et il est indispensable d’améliorer les lignes ferroviaires qui permettront la mise en place de ces projets. Pour ce qui nous concerne nous sommes en mesure de développer un projet de ferroutage pour 2007.
Sur quelle ligne et à partir d’où ?
Sur la nouvelle ligne crée et c’est pour cela que nous voulons commencer les travaux depuis Irun et, à mesure que nous descendrons nous allons créer des zones logistiques pour le ferroutage. L’analyse que nous avons faite de l’activité possible autour de ce transport nous conduit à penser que l’on peut créer 25 000 emplois dans les dix ans à venir. Il ne s’agit pas seulement de résoudre
un problème de trafic mais de développer l’activité économique en liaison avec l’Aquitaine.
Est-ce que le changement politique à Madrid est susceptible d’accélérer les réalisations ?
Je le pense.
Quel calendrier vu de l’autre côté de la frontière ?
Les travaux continuent au nord de Madrid dans la sierra de Guadarrama. En 2007-2008 arrivée en principe à Valladolid ; les projets de tracé sont à l’étude entre cette ville et Vitoria et on parle de 2006-2007 pour le début des travaux. Quant à ceux de Vitoria, Bilbao, Irun donc de « l’Y basque », ils commenceront début 2004-2005 pour s’achever en 2010.Il y aura deux maîtres d’ouvrage : l’Etat espagnol se chargera du tronçon Bilbao-Vitoria et le gouvernement basque prendre à sa charge Vitoria-Irun.
Avec quels financements ?
Les financements proviendront de l’Etat avec les fonds européens. Mais pour réussir dans de courts délais il faut trouver un arrangement entre l’Etat et le gouvernement basque ; il est rendu possible par notre système d’autonomie fiscale. Le fait de posséder cette autonomie fiscale va permettre de mettre en route un projet aussi important. L’aéroport de Vitoria a par exemple été construit avec l’argent du gouvernement basque, ensuite l’Etat la lui a racheté.
Propos recueillis par J. A.