Terremoto secoue l’édition bordelaise


Terremoto

Terremoto secoue l'édition bordelaise

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 24/07/2016 PAR Joséphine Duteuil

Ils ont la simplicité de leur âge, mais ils en veulent et ça se sent. Terremoto (« tremblement de terre » en espagnol et en italien), c’est l’histoire de jeunes qui essaient. Tous trois passionnés de culture et créateurs dans leur temps libre, Clémentine, Pierrick et Adrien ont pris l’habitude d’interpeller leurs artistes préférés sur Internet. Une manière directe, par un message ou un simple commentaire, de proposer des collaborations à ceux qu’ils admirent – qu’ils soient célèbres ou non. Pour eux, le web permet cela : « Jeter des bouteilles à la mer, et voir ce qui se passe », résume Pierrick. Ca ne coûte qu’un peu d’audace.

La stratégie s’est révélée gagnante. La maison d’éditions, créée en avril 2016 avec une problématique de départ assez courante – « on voulait commencer quelque chose, mais avec assez peu d’argent à mettre sur la table », explique Clémentine – s’est stabilisée autour de partenariats avec plusieurs artistes connus, d’un accord avec un imprimeur et d’un nom, « qui fait penser à une marque de motoculteur », ironise Pierrick. Mais leur donne, blague à part, la permanence dont ils avaient besoin.

 Un premier livre publié à l’automne

 Avec deux publications assurées, une troisième en route, et une myriade de projets annexes en développement, Terremoto se porte bien. Après quelques jours de teasing – rompus à la com ‘ et de toutes façons digital natives, ils déploient le versant Internet de leur projet avec aisance – le premier titre a été annoncé la semaine dernière.

L’auteur n’a rien d’un anonyme. Déjà culte chez les jeunes et admiré dans le monde de la BD et du graphisme, fort de 81 500 followers sur Instagram , l’artiste espagnol Ricardo Cavolo pourrait paraître inaccessible. Ce n’est pas le cas. Contacté très simplement – à nouveau – par Internet, il accepte avec enthousiasme la publication en France d’un de ses comic books, El desorganismo de Daniel Johnston, par les petits inconnus de Terremoto.

La BD, sortie en 2013 en Espagne et en 2016 aux États-Unis, relate avec un onirisme organique la vie du chanteur et artiste américain Daniel Johnston, devenu icône d’une certaine scène indépendante. Une trajectoire accidentée, fracturée par la folie et un rapport souvent schizophrène aux autres, au corps, au monde. Les membres de Terremoto, fans de l’univers du chanteur comme des graphismes exubérants de Cavolo, en proposent aujourd’hui une version augmentée.

 Des bonus et des concerts

Car Terromoto ne se contente pas d’acheter des droits. Des produits dérivés, des concerts et des expositions à Bordeaux sont à prévoir. C’est le cahier des charges de l’éditeur : proposer plus que l’objet-livre, si possible en produisant des événements et des collaborations avec d’autres artistes. « Faire des ponts , qui emmènent au-delà du livre », selon Pierrick et Clémentine.

La version française d’El desorganismo de Daniel Johnston sera ainsi enrichie d’une couverture et d’annexes inédites. Fascinés par la personnalité de Johnston, les trois amis ont même réussi à contacter ceux qui l’ont bien connu pour rassembler des anecdotes sur le chanteur. Des collaborateurs et amis parmi lesquels le guitariste de Beck et producteur Jason Falkner, ou le pop-artist Ron English, tous impatients de raconter des histoires qu’ils gardent pour eux depuis lontemps « Ils avaient hâte de nous en dire plus » se souvient Clémentine « comme s’ils avaient besoin de raconter. On n’a jamais du leur demander ça avant ».

 Entre calculs et idéal

Le rêve est là, pas de doute. Attachés à mettre en avant les marges et les contre-cultures, à « réconcilier les tribus », les créateurs de Terremoto se réfèrent sans embarras à leur goût pour l’imaginaire, reste selon Pierrick de « l’envie de se créer des univers qu’on ressent quand on est petit ». Ils parlent de valeurs, aussi. Les livres de Terremoto sont produits en France chez un imprimeur de confiance, et devraient le rester.

Mais le réalisme garde le dessus. Dans les budgets soigneusement calculés, l’esprit d’entreprise et la débrouille – on doit par exemple la traduction du premier livre à Clémentine, qui l’a envoyé à Pierrick, alors étudiant au Canada, grâce à des post-it collés sur les pages – mais pas seulement. Les trois créateurs ont fait le choix, comme elle l’explique, de premiers projets efficaces. Des « valeurs sûres » appuyées sur des noms connus, en attendant de faire le leur.

Le lancement d’un kickstarter est prévu pour septembre. Une collecte de fonds ponctuelle, destinée à fournir aux trois entrepreneurs l’argent qui manque encore pour mettre Terremoto à flot. Après cette phase, assure Pierrick, le souci du financement sera durablement écarté. Une bonne nouvelle pour les jeunes que le manque de capital, bien plus que l’absence d’énergie, laisse au point mort.

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