Après un an de réflexions, de recherches, d’études statistiques et d’expérimentations sous forme d’ateliers, on en vient à la conclusion rassurante, énoncée par François Vergnon, Directeur de la Cyber base de Cenon, selon laquelle « même si a priori le numérique déshumanise, au final on revient toujours sur les gens ». Mieux, avec le projet de plate-forme numérique tel qu’il est envisagé, chacun constate qu’il rapproche les individus, et à travers eux les territoires; il les fédère autour de projets communs qu’ils n’auraient eu l’idée de monter seuls. Qu’ils soient élus, personnels municipaux, associatifs ou initiateurs du projet, tous sont manifestement ravis de ces premières constatations. Désormais, tout le monde en est convaincu : la plate-forme d’innovation numérique et sociale est souhaitable, sur un territoire numérique révélé.
L' »e-réputation » de la rive droite est préservée
Sur ce territoire, composé des villes de Bassens, Cenon, Floirac et Lormont, le diagnostic numérique réalisé par l’AEC révèle que si les communes du GPV présentent des retards en matière d’équipement, certains usages y sont pourtant plus répandus qu’à l’échelle de la Gironde ou de la région. Par exemple, l’accès à Internet par un téléphone mobile, la messagerie instantanée ou encore les sites communautaires.
Quant aux profils des internautes du Web 2.0 évoquant la Rive Droite dans leurs messages, ce sont les jeunes qui arrivent en tête, suivi d’une forte présence de « l’habitant « lambda » » et une implication non négligeable des acteurs économiques. Cette étude réalisée par le laboratoire MICA de l’Université Bordeaux 3 a également le mérite de tordre le coup à certains clichés sur la jeunesse des quartiers, puisque les jeunes en questions utilisent « un ton neutre ou positif sur leur environnement, associé à une communication de bonne civilité » précise l’étude. Hormis quelques médias mal intentionnés, l’ « e-réputation » de la rive droite est donc préservée. Le terreau numérique est donc plutôt bon pour le projet envisagé…
Imaginer les services urbains de demain
Enfin, c’est l’équipe de la 27ème Région, en résidence durant trois semaines à la Cyber base de Cenon, qui a eu la difficile tâche de réfléchir à une méthode de mobilisation collective autour de ce projet de plate-forme numérique. En trois semaines et deux ateliers de mise en pratique, ils sont parvenus à rendre l’idée de la plate-forme, non seulement visible mais aussi enthousiasmante pour les citoyens, les fonctionnaires municipaux et les associations ayant participé à ces ateliers. Ils ont, ensemble, commencé à imaginer les services urbains de demain, envisageables via la plate-forme. Pourquoi pas une agence de presse rive droite ? un réseau basé sur le troc de savoir-faire ? ou encore un audioguide basé sur les témoignages des habitants, téléchargeable sur la fameuse plate-forme ?
Cela dit, la plate-forme n’existe pas encore, la deuxième étape de sa « co-construction » est en cours d’enclenchement par la FING. Cette deuxième phase consistera à poursuivre cette démarche de rencontres et de débats via des ateliers créatifs dans lesquels seront associés les habitants et les acteurs du territoire. Six thèmes sont pour l’instant proposés à réflexion, parmi eux « produire nos propres médias locaux », « mon quartier, mon immeuble, ma ville, ma vie », « les activités culturelles et sportives du territoire » ou encore « le développement économique, PME-PMI, artisans, commerçants… »
Solène Méric
(1) La 27ème Région joue le rôle de « labo de transformation publique » pour les 26 régions de France. Son activité passe par la veille, la prospective créative, la production de publications, et l’expérimentation sociale à travers le programme « Territoires en Résidences ». Lancée en 2008, elle est incubée à la FING et co-financée par l’Association des Régions de France, la Caisse des Dépôts et la Commision européenne.