Sunna Design veut électrifier l’Afrique


Sylvain Courros

Sunna Design veut électrifier l'Afrique

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 24/03/2017 PAR Romain Béteille

Souvenez vous, c’était en mai dernier, quelques semaines après la signature de l’accord de Paris sur le climat. L’ancien Ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, était critiqué par les chefs d’État Africains quant-à son projet d’électrification du continent. Si la convention qui a été signée ce mercredi à Blanquefort n’a pas les mêmes enjeux, elle poursuit en revanche la même idée : électrifier et raccorder au réseau des villages isolées d’Afrique via un dispositif baptisé Nanogrid. Concrètement, il s’agit d’un lampadaire solaire à partir duquel est créé un mini-réseau électrique permettant à quatre foyers d’avoir l’électricité. L’énergie en question est prépayée par téléphone mobile. L’entreprise qui a monté ce projet s’appelle Sunna Design, et elle est hébergée au sein de l’Écoparc.

Ce mercredi, la société a donc signé une convention singulière avec l’AFD (Agence Française de Développement). Elle fait en effet partie des trois entreprises françaises retenues dans le cadre du quatrième appel à projets de la Facilité d’innovation pour le secteur privé dans le domaine du changement climatique (proposé par l’AFD et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial). Pour Philippe Orliange, Directeur de la Stratégie, des Partenariats et de la Communication à l’AFD, deux raisons expliquent ce choix local. « La première, c’est que l’une de nos principales priorités, c’est d’accompagner la transition énergétique dans les pays qui ont besoin de rendre l’énergie accessible et/où de la décarboner. Ici, on est face à une solution qui permet d’apporter de l’électricité à des gens qui n’en ont pas et d’utiliser le solaire pour le faire. Le deuxième point, c’est le fait que cette innovation soit portée par une entreprise française. Ce que fait Sunna Design est emblématique sur notre capacité à innover de façon frugale tout en ayant un degré de qualité remarquable. Pour une agence comme la nôtre, combiner un objectif stratégique avec l’innovation et le soutien à une entreprise française, c’est un tiercé gagnant », affirme-t-il. 

Coût total de l’opération ? 1,5 millions d’euros dont 500 000 financés par l’AFD. L’occasion pour la société de toucher d’avantage de personnes. En effet, le système a déjà été testé en Afrique mais à une échelle réduite, comme l’explique Laura Pargade, responsable management de Sunna Design. « Aujourd’hui, ce système à déjà été installé à Niomoune, un village du Sénégal. Le projet a été financé par une opération de crowdlanding, un prêt participatif de 500 000 euros qui a été réalisé il y a un peu plus d’un an. L’idée, c’était de faire un village pilote. Au début, on a mis trois Nanogrid pour toucher douze maisons. Ensuite, on a voulu équiper tout le village. Dernièrement, des gens qui n’étaient pas présents quand on a fait les inscriptions qui nous ont demandé de revenir ». Mais alors, à quoi va servir cet argent ? À des choses très concrètes selon Cécile Martin Phipps, Project Manager au sein de la société blanquefortaise. « Ils vont d’abord servir à identifier et cartographier les villages qui ont un besoin de pré-électrification. Il s’agit en majorité de zones isolées, rurales. C’est une installation concrète de l’équipement ». La convention en question doit permettre de toucher 1600 foyers en tout dans plusieurs villages d’Afrique. En 2016, une autre convention a été signée par Sunna Design avec l’agence sénégalaise d’électrification rurale pour électrifier 300 villages au Sénégal. 

Pour l’instant, le système n’a donc été testé qu’au sein d’un village pilote, dont Sunna Design sert d’opérateur. L’intérêt économique pour la société réside ailleurs, si, à termes, d’autres opérateurs, bien réels ceux-là, décident de séquiper en Nanogrid pour les déployer eux même dans d’autres villages. « Nous sommes actuellement en discussion avec un bailleur allemand pour déployer le Nanogrid au Mali dans une région au sud de Bamako », précise pour sa part Cécile Martin Phipps. Le projet est largement soutenu et identifié au niveau régional (850 000 euros en 2016 et 1,3 millions d’euros en tout pour les trois entreprises en charge de la recherche et du développement des différents dispositifs), mais cette mise en lumière nationale pourrait bien aider Nanogrid à prendre un nouveau tournant. Cette aide, apportée par un établissement public, s’inscrit en effet dans un cadre plus large. Si une trentaine d’entreprises avaient répondu à cet appel à projets lors de sa première édition, elles étaient plus d’une centaine cette année. En 2016, l’AFD a consacré 9,3 milliards d’euros au financement de projets dans les pays en développement et en faveur des Outre-mer. La production du petit atelier de Blanquefort est donc logiquement ravie de faire partie de l’enveloppe.

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