Quand on pénètre dans l’entreprise Sokoa, dans la zone des Joncaux qui flirte avec la Bidassoa, on est frappé par le climat qui règne chez ce fabricant de sièges de bureau, devenu leader dans sa spécialité dans l’hexagone et qui s’est taillé une bien belle réputation bien au-delà. Créée par Patxi Noblia, militant de l’emploi au Pays basque en 1971, Sokoa deviendra plaque tournante de la création d’entreprises en participant à leur capital de part et d’autre de la Bidassoa. « Il est apparu en 1979, le besoin de lancer un outil spécialisé dans l’apport de fonds propres pour des entreprises en Pays basque nord, communiquait à ses actionnaires Patxi Noblia en retraçant l’aventure. Et c’est ainsi qu’est né en 1980 Herrikoa dont Sokoa sera et demeurera le principal actionnaire. 38 ans après, avec 260 salariés dans l’entreprise et plus de 350 avec les filiales en Pays basque, sans compter les 3500 emplois auxquels Herrikoa aura contribué par ses interventions en Pays basque du nord on peut dire que l’objectif emplois aura été à peu près tenu », rappelait le fondateur auquel a succédé à la présidence du groupe Joseph Bergara.
Aux Joncaux dans 27 000 m2 de site de production et bureaux
« On est sur ce site depuis 1989, rappelle le directeur de l’usine Nicolas Charrier, sur 18 000 m2, on sort 2 000 sièges par jour et 400 000 sièges par an. A l’entrée de l’usine, dans un bâtiment de 800m2 refait en 2013 où se trouvent des stocks de mousse découpée ou injectée, selon la qualité de confort du siège. Lui succède un quai de réception des marchandises qui reçoit 10 à 12 camions par jour. « On a 4 000m2 ici, 12 mètres de haut, plus de 2000 composants actifs, 4000 emplacements de palettes dont 1000 au sol, que des chariots amènent vers les différents ateliers de production. Soit en gros cinq millions d’euros de stock » ajoute Nicolas. Une organisation qui nous permet de répondre, dans un délai assez court en sept ou dix jours, à toute demande de gamme. »
Premiere étape, l’atelier tapisserie. « C’est le tout début de la confection qui compte deux cents modèles de tissus de revêtements différents pour l’assise et le dossier du siège, renseigne le directeur général Jean-Michel Berra. On utilise 200 000 mètres linéaires de tissus par an et on fait un petit peu de cuir, (10 000m2) sur les sièges de direction, entre 10 et 15% de nos volumes. Il y a deux machines de découpe de tissus. La première est arrivée en 2010 pour répondre au volume de fabrication et pallier aux découpes manuelles. Une deuxième en 2014. À l’apparition de cet équipement, on a vu tout de suite un gain d’efficacité et de matière de plus de 15%. La machine va optimiser le morceau à découper dans l’alèse de tissus et ainsi limiter le nombre de chutes ».
Dans tous les ateliers l’amélioration des conditions de travail
« À ce gain matière, ajoute Timothée Achéritogaray, directeur général délégué, il y a aussi l’amélioration des conditions de travail des salariés. Le cuir étant une matière vivante puisque c’est une peau de bête, il peut apparaître de légers défauts, des piqûres et là une opératrice va intervenir et positionner les zones à découper en dehors de ces défauts et c’est la grande différence avec le tissu. Ce cuir provient d’Italie ou d’Allemagne. Sur l’ensemble des métiers de la couture, il y a, soit des couturières de métier, soit des personnes qu’on fait monter en compétence parce qu’on identifie des potentiels. Pour les dossiers en cuir, on est proche du métier de tapissier. Il y a des sièges et des dossiers qui dans l’agraphage nécessitent du temps, par exemple jusqu’à 23 minutes pour un dossier en cuir. Mais le bien-être des salariés est l’essentiel du fonctionnement de Sokoa «
Il faut dire que dans l’esprit du projet, made in basque, un management basé sur un RSE (Responsabilité sociale des entreprises) a été mis en place bien avant la lettre! Ainsi, un plan d’épargne salarial avait-il été mis en place dès 1983 et Sokoa, cela a été souligné samedi, a investi en permanence – et souvent lourdement —, afin de faciliter le travail d’élaboration et de manutention des salariés, tous actionnaires. Un souci sur lequel insiste Thimothée Acheritogaray, et que l’on retrouve « jusqu’au bout de la chaîne ». « Avant, notre principale cause d’accident du travail était liée à l’opération d’emballage. L’entreprise a souhaité étudier cette accidentologie et a créé un groupe pluridisciplinaire avec des responsables de la zone du montage et surtout en association avec les opérateurs qui ont fait part de leurs contraintes, des difficultés rencontrées et derrière comment on pouvait les lever. Et c’est ainsi que l’entreprise a procédé dans l’investissement de sa dernière grosse machine, « Ergolan ». Chaque jour on fait, ce que l’on appelle des puntua, des points de cinq minutes au cours desquels les opérateurs avec leurs responsables font remonter une possibilité d’amélioration du quotidien, de la sécurité à l’environnement. On retrouve ce souci dans le taux d’intéressement à l’entreprise qui est égalitaire, du directeur à la secrétaire. »
Ce fonctionnement basé sur l’écoute et la motivation a permis au groupe de connaître un développement constant d’une moyenne de 5 à 7% d’augmentation du chiffre d’affaires qui atteignait pour Sokoa 46 millions € en 2018 et vise les 48 millions € en 2019. Un chiffre d’affaires qui a permis, outre les fauteuils de bureaux de développer d’autres produits mobiliers et de s’agrandir. En un mot, Sokoa s’est construit une belle…assise au Pays basque.