Ciel d’azur. Au loin, quelques moutonnements ouatés coiffent des crêtes. Tout en bas, les immeubles se blottissentles uns contre les autres dans le petit cirque de Gourette.
Le chuintement des planches sur une neige idéale devient un joli crissement quand la glisse s’accélère. Une sorte de griserie indicible étreint le skieur commele snowboarder.Et ça dure, comme ça, sur1 100 m de dénivelé, du sommet de Pène Blanque (2450 m), à la station (1350 m). Wouah !
Jamais sans doute depuis qu’on skie dans lesPyrénées -ça fera un siècle en 2008à Gourette- la saison n’aura été aussi pleine dans lesstations béarnaises.Seule tache noire qui fait évidemment désordre dans la blancheur immaculée du paysage ossalois : la station de ski d’Artouste n’a pas ouvert ses pistes.(1)
Exit donc –provisoirement,on l’espère– les descentes dans le sauvage vallon du Soussouéou. Mais ailleurs, ça marche, merci !, s’exclament, heureux, les responsables de l’EPSA(2)
La station de la Pierre-Saint-Martin, au fond de la Soule, poursuit sa route, imperturbablement, accueillant une large clientèle familiale et régionale sur son balcon ensoleillé face au pic d’Anie. Avec des atouts supplémentaires sur son menu : un gros télésiège de quatre places,un espace nordique -ski de fond et raquettes- riche de 25 kmde pistes au milieu des pins à crochets de laforêt du Braca et même une navette en bus entre Oloron et la station. Grâce à un enneigement précoce, La Pierre affiche ces chiffres de fréquentation à la hausse et se réjouit de recevoir, confie la directrice de l’Office de tourisme, Delphine Valart, en plus des Navarrais voisins (10 à 15%), des Anglais attirés grâce à la liaison RyanAir entre Pau et Londres. Des British, ici, on n’en avait encore jamais vus…
20 ME investis à Gourette
L’excellent enneigement du début de saison n’est pas non plus étranger à la santé florissante affichée par Gourette (+15% au1erjanvier par rapport à la dernière meilleure saison, il y a trois ans). Mais ici cependant, la saison 2004-2005 est à marquer d’une grosse boule blanche. Dans l’intersaison la station ossaloise fut le plus grand chantier de montagne de l’Hexagone : 20 millions d’euros investis par le Conseil général pour effacer une fois pour toute l’image de station vieillotte qu’elle finissait par avoir. C’est un véritable bain de jouvence quilui a été offert : 180 000 m3 de terrassementsur 15 hectares de pistes réaménagées ; installation de quatre téléportés, dont une télécabine–TGVde dix places fonctionnantjusqu’auBezou et un télésiège débrayablede six places, soixante nouveaux enneigeurs, portant la capacité totale à 150 opérant jusqu’à 2000 mètreset alimentés parun réserve de 70 000 m3 d’eau.
Pas étonnant si, après ce lifting, Gourette s’offre une seconde jeunesse.
Jean-Michel Guillot
(1) La commune de Laruns etla société gestionnaire pressentie n’ont pu conclure un accord financier et toutes les tentatives faites pour rouvrir la station ont échoué.
(2) Etablissement Public des Stations d’Altitude, émanation duConseil général des Pyrénées-Atlantiques.
Espaces nordiques : la poésie en plus
Nul besoin d’aller à 2500 mètres d’altitude pour savourerce bien-être profond et régénérateur qu’on éprouve en évoluant dans des paysages de carte postale, sur des pistes forestières ou dans des espaces vierges, silencieux, ouatés, où les empreintes des isards ou des lièvres dans la neige constituentla seule trace de vie.
La pratique des disciplines nordiquesa ceci d’avantageux qu’on peut s’y adonner à n’importe quel âge et qu’elle ne requiert pas un énorme bagage technique, sauf peut-être, lorsque les pistes sont verglacées et trop pentues. Mieux vaut être malgré tout en assez bonne forme physique pour goûter pleinement les balades dans le grand blanc des Pyrénées.
Les sites variés offrent des cheminementsuniques et des joies poétiques réelles si peu que la neige soit au rendez-vous.
A Iraty comme à Issarbe, la grandeur des sites s’ajoute au caractère bucoliquedes deux stations. Au Somport, l’altitude déjà plus élevée permet d’offrir une pratique du ski de fond permanenteet une grande variété de paysages, le nec plus ultra consistant à descendre jusqu’au Causiat et à remonter en passant au pied des pistes de la station aragonaise de Candanchu.
Au Soulor, après l’Aubisque, un long itinéraire permet de rejoindre la station bigourdane de Couraduque-Val d’Azun, très recherchéepar les fondeurs. Plus à l’est, ils nourrissent une tendresse particulière pour les espaces merveilleux dePayolle, au pied du Pic du Midi de Bigorre.
Partout ou presque, les balades en raquettes sont de plus en pluspratiquées mais on peut très bien rechercher des itinéraires hors station comme à Estaens en vallée d’Aspe ou au pic d’Anéou. L’espace ici est grandiose. Et les ventas du col du Pourtalet ne sont pas loin pour s’y réconforter après l’effort.