A Bordeaux, quand les acteurs locaux critiquent la qualité de l’offre culturelle, le nom de ce festival mythique revient comme un fantôme. Il faut dire que de 1965 à 1996, Sigma a fait de Bordeaux l’un des rendez-vous phare des avant-gardes et utopies culturelles en Europe. Même ceux qui ne l’ont pas connu en parlent. Il fit découvrir en France quelques unes des figures les plus marquantes de la contre-culture américaine (le Living Theatre, le Bread & Puppet, le Barbwire Theatre) et européenne (Arrabal, le Grand Magic Circus). Sigma a aussi popularisé les œuvres de Silvano Bussoti, Webern, Varese, Xenakis, Sun Ra ou Pierre Henry.
Sigma, une audace sans pareilleCuriosité, enthousiasme, liberté. Voilà les trois mots qui résument l’état d’esprit de son créateur Roger Lafosse, passionné de jazz. « J’ai fait Sigma parce que je croyais avoir perçu de nouvelles sensibilités, des attitudes différentes, des fêlures dans le discours artistique et que je me disais que Bordeaux ne pouvait pas passer à côté de cela », expliquait-il. Sigma, c’était un festival où les artistes osaient, faisaient preuve d’une créativité extraordinaire. Ainsi, Jean-Jacques Lebel a fait défiler dans les rues de la ville des files indiennes de personnes avec un grand sac en papier sur la tête… en 1966. « Il y avait une audace que l’on ne retrouve plus aujourd’hui même à Avignon », observe Patricia Brignone, historienne de l’art, l’un des commissaires de l’exposition. Sur près de 1 500 m², le visiteur pourra découvrir ou se souvenir de ces spectacles qui faisaient vibrer la population et dont on parlait dans toute l’Europe. Un gradin a même été installé pour permettre de visionner confortablement certains spectacles pendant plusieurs heures. Et, une borne interactive offre la possibilité d’accéder à toutes les archives de Sigma.
Infos pratiques : Au CAPC, jusqu’au 2 mars. Pass à 15 euros pour revenir tous les jours.entrée unique à 5 euros.