Un nom de référence
Fadhel JaÏbi, avec une vingtaine de créations et quatre films depuis 1972, s’est forgé une stature unique. Ces derniers spectacles – Comédia, Familia, Les Amoureux du désert…- ont tourné en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Suède, au Portugal, en Belgique et en France. En 2002, Junun, est l’une des révélations du Festival d’Avignon. Son idéal du théâtre repose sur quatres piliers. En dehors du texte, c’est aussi un jeu de quête, de corps et de confrontation.
Un théâtre pluridimensionnel
De corps dans le sens où le théâtre doit être rempli d’émotions, de mouvement, de gestes, de tout un langage corporel qui communique une énergie directe et convulsive. De quête afin de comprendre ce qu’est l’identité d’un citoyen de la Tunisie. Il faut pour cela questionner, examiner l’époque actuelle, mais en regardant aussi en arrière, dans la quête des origines de cette identité, des comportements actuels. Enfin, le théâtre de JaÏbi c’est celui de la confrontation. Elle est parfaitement explicite tout au long de Corps Otages, où s’opposent le présent avec le passé, hommes et femmes, les adultes de la nouvelle génération et ceux, témoins de l’indépendance de la Tunisie il y a un demi-siècle ; ou encore le rationalisme marxiste des militants des années 60 et 70 et les intégristes islamiques mais aussi l’Occident postcolonial et l’Orient du Maghreb.
Un jugement laissé au spectateur
JaÏbi choisit donc un sujet fort d’actualité, où les débats ne cessent de s’éteindre. Mais il ne le voit pas ainsi. « l’Integrisme n’est pas une mode. C’est une menace omniprésente, une déferlance. » Jaibi n’a pas l’intention néanmoins d’adopter de position au préalable. « Je ne veux pas dire d’emblée qui est le bon et qui est le méchant » nous explique-t-il « Il y a un intégriste, un dogmatique dans la tête de chacun de nous ; qui sommes nous donc pour donner raison à qui que ce soit? C’est à chacun de nous de se positionner de manière individuelle par rapport à la question. »
Piotr Czarzasty