Si Loin Si Proche – « Corps Otages » de Fadhel Jaibi


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Si Loin Si Proche - "Corps Otages" de Fadhel Jaibi

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 24/11/2007 PAR Piotr Czarzasty
Une jeune femme, professeur de physique, se fait exploser dans la cour de son lycée sous le drapeau tunisien. Son amie, Amal, est aussitôt soupçonnée d’appartenir à un même groupe de terroristes. Une enquête-procès est alors entamée avec témoins et complices qui se succèdent, interrogés par une police dont les méthodes ne s’avèrent pas très éloignées de celles des milices nazis ou communistes. Une autre enquête est menée en parallèle par la mère d’Amal. Cette haute fonctionnaire à la retraite et militante pour les Droits de l’Homme, s’interroge comment sa fille, élevée dans un milieu aisé et laique, dont le père, ancien militant communiste, a passé 10 ans dans les geôles de Bourguiba, a pu basculer dans le fondamentalisme. Humour, colère, une douzaine de comédiens et une mise en scène minimaliste mais dynamique font plonger le spectateur dans la quête de ces multiples interrogations.

Un nom de référence

TNBAFadhel JaÏbi, avec une vingtaine de créations et quatre films depuis 1972, s’est forgé une stature unique. Ces derniers spectacles – Comédia, Familia, Les Amoureux du désert…- ont tourné en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Suède, au Portugal, en Belgique et en France. En 2002, Junun, est l’une des révélations du Festival d’Avignon. Son idéal du théâtre repose sur quatres piliers. En dehors du texte, c’est aussi un jeu de quête, de corps et de confrontation.

Un théâtre pluridimensionnel

De corps dans le sens où le théâtre doit être rempli d’émotions, de mouvement, de gestes, de tout un langage corporel qui communique une énergie directe et convulsive. De quête afin de comprendre ce qu’est l’identité d’un citoyen de la Tunisie. Il faut pour cela questionner, examiner l’époque actuelle, mais en regardant aussi en arrière, dans la quête des origines de cette identité, des comportements actuels. Enfin, le théâtre de JaÏbi c’est celui de la confrontation. Elle est parfaitement explicite tout au long de Corps Otages, où s’opposent le présent avec le passé, hommes et femmes, les adultes de la nouvelle génération et ceux, témoins de l’indépendance de la Tunisie il y a un demi-siècle ; ou encore le rationalisme marxiste des militants des années 60 et 70 et les intégristes islamiques mais aussi l’Occident postcolonial et l’Orient du Maghreb.

Un jugement laissé au spectateur

JaÏbi choisit donc un sujet fort d’actualité, où les débats ne cessent de s’éteindre. Mais il ne le voit pas ainsi. « l’Integrisme n’est pas une mode. C’est une menace omniprésente, une déferlance. » Jaibi n’a pas l’intention néanmoins d’adopter de position au préalable. « Je ne veux pas dire d’emblée qui est le bon et qui est le méchant » nous explique-t-il « Il y a un intégriste, un dogmatique dans la tête de chacun de nous ; qui sommes nous donc pour donner raison à qui que ce soit? C’est à chacun de nous de se positionner de manière individuelle par rapport à la question. »

Piotr Czarzasty

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