Shirley Jagle nous parle de Digital Village à Bordeaux


Florian Costenoble

Shirley Jagle nous parle de Digital Village à Bordeaux

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 23/03/2020 PAR Lucile Bonnin

@! : En quoi consiste ce projet « Digital Village » à Bordeaux ?

Shirley Jagle : Digital Village existe déjà depuis plusieurs années. C’est le premier lieu exclusivement dédié au digital qui rassemble dans un même espace toutes les compétences, pour produire des projets digitaux, former aux métiers du numérique, et les moyens d’aller vers une transition écologique durable. En début d’année, nous avons eu confirmation que nous allions pouvoir louer le rez-de-chaussée de la maison dans laquelle est Digital Village, au premier étage. C’est une grande maison bordelaise rue Judaïque, et, le propriétaire a décidé de changer la destination de l’habitation. L’ensemble de la maison va alors être notre espace de co-working. C’était l’opportunité alors d’organiser notre travail comme on le rêvait. Des travaux d’isolation vont retravailler tout ce qui touche à la perte thermique et nous allons pouvoir travailler désormais avec des fournisseurs locaux et mettre en place un système de consignes (pour le café par exemple). Cela fait déjà presque un an que, sur différents niveaux, nous nous engageons dans la sobriété numérique en créant des solutions qui sont le moins énergivore possible.

@! : Comment est née cette initiative ?

S.J : Ce qui pollue le plus dans le numérique c’est d’abord la fabrication d’objets comme les téléphones ou les ordinateurs. La partie service/logiciels est aussi responsable d’un tiers de la pollution et comme c’est notre cœur de métier on a voulu changer cela. Nous avons eu un électrochoc lorsque l’on s’est rendu compte que l’on polluait autant que l’aéronautique… Dans cette continuité de développement vertueux nous avons eu envie de transformer ce lieu en un co-working le plus autonome possible. Ce lieu doit être pensé comme un éco-système : puisque les gens y mangent souvent, ils produisent des déchets donc on va construire un jardin sur le modèle de la permaculture pour pouvoir nous nourrir le midi à terme. Nous allons également mieux développer nos sites web en les rendant les moins énergivores possibles et, après l’évolution de ce lieu, on fera tout pour aller au bout de ce projet de « coworking durable ». Les demies mesures ne suffisent plus.

Digital Village

Qu’est ce que vous entendez par « co-working durable » ?

S.J : Si on prend l’exemple de Darwin : il y a un co-working qui a été créé en son sein. Cet espace a été imaginé de toute pièce avec une idée éco-responsable. Nous, nous nous sommes installés dans une passoire énergétique où nous étions locataires, par conséquent, sans grande latitude. On veut donc changer cela pour faire une transition qui demande une grand effort. Le co-working c’est avant tout des gens qui viennent travailler sur un même lieu, qui consomment de l’électricité, du papier et de la nourriture. Ils viennent souvent jusqu’ici également en transport. Nous mettons donc en place des mesures sur tous ces niveaux là. Par exemple, on fait payer moins cher ceux qui viennent en vélo ou à pieds. Sur tous les aspects de sa vie, on incite « le villageois » de manière participative. On met également en place des ateliers collaboratifs où ceux qui le souhaitent peuvent apprendre gratuitement la permaculture pour pouvoir s’investir dans le jardin.

@! : Qu’en est-il de la transformation de ce fameux bâtiment ?

S.J : Les travaux du jardin sont en cours et les travaux de réorganisation ont commencé aussi. Nous avons été en contact avec trois experts qui nous aident. Le plus présent est Arnaud Ferrer qui est un jardinier permaculteur et pédagogue, co-fondateur de Terre d’Osmose qui rassemble des initiatives pour protéger l’environnement. Il nous accompagne pour repenser le jardin et le rendre le plus utile possible. Il cherche aussi à préserver ce qui existe déjà. On a aussi pensé des lieux de calme pour la méditation car passer 7/8 heures par jour sur un écran ce n’est ni bon physiquement, ni mentalement. Les co-workers peuvent prendre une pause dans le jardin dans de bonnes conditions. Anaëlle Sorignet nous a accompagné aussi pour nous pousser à l’action. Elle accompagne les entrepreneurs, c’est à dire nous, pour nous coacher et nous questionner.

@! : Comment le projet est-il financé ?

S.J. : Nous sommes sur un financement collectif. Le propriétaire prend en charge une partie des travaux. Digital Village prend en charge aussi une partie des aménagements. Plusieurs entreprises, qui sont dans le co-working, participent aussi et les freelances participent essentiellement avec leurs bras. Mon entreprise Kairos Agency participe également au financement des intervenants et du matériel. Il faut avoir fait pour pouvoir être financé donc après cela, nous allons voir s’il est possible d’avoir des subventions ou des aides.

Digital Village

@! : Combien êtes-vous dans ce cocon écolo ?

S.J : A l’heure actuelle nous sommes une quinzaine dans ce projet de co-working à Bordeaux. Avec l’agrandissement, nous aimerions être une trentaine mais pas plus car la spécificité de Digital Village c’est que des personnes viennent travailler ensemble sur des projets (en plus des projets personnels). Digital Village monte des équipes par projet. Nous sommes essentiellement des experts du digital. Par exemple, nous avons pu travailler pour le groupe l’Occitane (quizz pour le recrutement), pour la mise en place d’un site web d’un groupement de chirurgiens, pour des campagnes de communication pour des vignobles, etc.…On s’inscrit exclusivement dans la chaine du numérique mais cela reste très varié car cela va de la conception au développement.

@! : Qu’est ce qui vous a plu dans cette aventure ? Pourquoi s’être lancée dans le projet ?

S.J : Il y a quatre ans, je faisais déjà partie d’Aquinum (l’association des professionnels du numérique en Aquitaine) en tant que bénévole et je trouvais qu’il y avait un beau réseau de freelance à Bordeaux. C’était une économie vraiment effervescente pour moi. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré les fondateurs de Digital Village à Paris qui venaient d’ouvrir en 2015 leur espace. Je voulais développer ce concept à Bordeaux car il y avait un terreau économique en pleine explosion. Ils m’ont donné leur aval et j’ai décidé d’ouvrir Digital Village. Je suis donc aujourd’hui associée à la coopérative.

@ : En 2025 vous comptez être autonomes ?

S.J : C’est l’objectif ! Nous voulons être autonomes d’un point de vue énergétique et au niveau des ressources. L’idée à terme serait de mettre en place des panneaux solaires notamment. Le jardin permettra aussi de pouvoir nourrir les co-workers de manière autosuffisante. 

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