En Dordogne, l’action des agriculteurs, majoritairement des éleveurs laitiers, qui a organisé le blocage de l’accès au site de Lascaux II, s’est fait de manière spontanée en dehors de toute organisation syndicale. C’est un cri de détresse, face à des prix trop bas, à des trésoreries exangues. La manifestation officielle des syndicats agricoles (FDSEA et JA) est toujours programmée jeudi soir devant l’usine de Fromarsac, appartenant au groupe Bongrain, à Marsac sur L’Isle. Dans la matinée, Germinal Peiro, est allé à la rencontre des manifestants. Le dialogue fut quelque peu tendu au départ. Le président du conseil départemental a souhaité tout d’abord exprimer la solidarité de la collectivité, rappelant qu’elle contribue à hauteur de 4 millions d’euros à soutenir l’agriculture périgourdine. Les aides PAC en Dordogne représentent 100 millions d’euros. «
La question centrale des prix agricoles« Nous ne sommes pas face à une petite crise, ce mouvement exprime une vraie détresse. Les éleveurs, qu’il s’agisse de lait ou de viande, vendent leurs produits en dessous de prix de production. L’accord du 17 juin dernier prévoyait une progression des prix au kilo de viande de 5 centimes d’euros par semaine. Nous sommes le 21 juillet, les éleveurs ont perçu 7 centimes d’augmentation au lieu des 25 centimes prévus. Je comprends leur colère. La partie se joue entre transformation et grande distribution, mais c’est cette dernière qui pèse sur tout le secteur. La vraie question, estime Germinal Peiro, c’est celle des prix agricoles. » Celui qui est depuis douze ans responsable des questions agricoles au sein du Parti socialiste rappelle que le gouvernement a pourtant pris des mesures, notamment en réorientant une partie des aides Pac des céréaliers vers l’élevage et en créant l’observatoire des prix. « Les demandes des éleveurs sont légitimes. Aujourd’hui, il y a une responsabilité collective à arrêter cette guerre des prix. Le combat des prix voulu par les distributeurs va provoquer l’arrêt de bon nombre d’exploitations agricoles. »
Des circuits courts Germinal Peiro en appelle au civisme des consommateurs à consommer local. Il évoque la création du label «Viande de France», en 2014. Mais le député du Sarladais en appelle surtout aux élus de tous bords à prendre des mesures pour aider les éleveurs. Nous sommes à cinq semaines de la rentrée scolaire. En Dordogne, nous allons écrire à tous les maires pour qu’ils réfléchissent à trouver des solutions pour approvisionner leurs cantines en produits locaux. Nous allons travailler avec les économes des collèges et des lycées pour qu’ils s’approvisionnent localement, pour instaurer des circuits courts et ainsi soutenir les éleveurs et les autres productions. Nous allons faire de même avec les établissements pour personnes âgées. » Malheureusement le critère de proximité n’est pas pris en compte dans la législation sur les marchés publics. Didier Bazinet, le vice président du Département chargé de l’agriculture, éleveur de métier, estime pour sa part que le monde agricole doit aussi « jouer davantage collectif, face à une telle gravité de la situation et tout mettre en oeuvre pour éviter les spéculations des prix. »
D’ici demain soir, le gouvernement doit annoncer un plan d’urgence : il y aura vraisemblablement des mesures ponctuelles pour améliorer les trésoreries des chefs d’exploitation, comme des allégements de cotisations sociales ou des reports de créances. Germinal Peiro évoque des mesures pour favoriser l’exportation, notamment avec la Grèce. Les agriculteurs, notamment l’élevage français, exigent aujourd’hui des actes. Car ils ne peuvent plus attendre.