Deux styles et un vrai terrain de désaccord, sans surprise, celui de l’économie. Nicolas Sarkozy attaque sur le terrain des 35 heures avec un ton professoral qui ne parvient pas à déstabiliser Ségolène Royal, habile à esquiver des questions appelant des réponses techniques. Candidate à la magistrature suprême certes, mais qui s’appuie sur son expérience de présidente de Poitou-Charentes pour défendre et promouvoir les PME, source de la création d’emplois et de renouveau de la croissance.
Deux conceptions
D’un côté, celui du candidat de droite, la volonté, moins libérale qu’il y paraît, de faire de l’Etat le levier de l’action économique, y compris par le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. De l’autre, celle de la gauche, l’approche décentralisée de l’action publique. Deux conceptions, et comme une impossibilité de s’entendre, non pas sur la nécessité de créer des emplois mais sur le moyen d’y parvenir. Nicolas Sarkozy ne craint même pas d’affirmer qu’il taxera certaines importations…On comprend, dès lors, que si celui-ci entre à l’Elysée le régime de la V° République connaîtra, plus qu’une inflexion, une véritable évolution vers un pouvoir présidentiel. Et, il faudra donc que l’hôte de Matignon ait l’échine souple. Ségolène Royal, et c’est la confirmation de ce qu’elle a démontré au cours de sa longue campagne, confiera volontiers les problèmes d’intendance à son Premier ministre et se consacrera à » mettre en mouvement la société ».
Autorité contre Soutien
La grande question de l’école, de l’éducation, met en évidence là-aussi un clivage presque caricatural. Le candidat de l’UMP prône un retour aux bonnes vieilles méthodes au respect du maître, à l’implication des familles et son opposante aux mesures de soutien et au rétablissement des emplois supprimés. Avec une très vive polémique sur la scolarisation des enfants handicapés, Ségolène Royal accusant vigoureusement Nicolas Sarkozy « d’immoralité ». Les Français auront alors aperçu les contours de chaque personnalité et auront eu la confirmation qu’il pouvait y avoir une Ségolène Royal intraitable et un Nicolas Sarkozy pugnace.
On aurait aimé que ce sommet nous éclaire sur la capacité de l’une et de l’autre à porter les couleurs de la France au niveau international. Trop peu de temps, et en premier lieu sur la relance de la construction européenne, ont été consacrés à ce sujet si important. Dommage…
J.A