SAVEURS – Un Juriste, Simon Charbonneau plaide pour une réglementation des modes de productions « fermiers »


Article paru dans l'Aqui Numéro 1 - septembre 2004

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SAVEURS - Un Juriste, Simon Charbonneau plaide pour une réglementation des modes de productions "fermiers"

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 02/01/2007 PAR Catherine Boulanger

« La standardisation devient la règle »

La réduction des pratiques agricoles va de paire avec la réduction du nombre d’espèces animales et végétales utilisées. C’est pourquoi certaines d’entre elles ont quasiment disparu des élevages ou des champs. Une pratique comme la conservation du canard dans la graisse, qui était traditionnelle dans les campagnes, a été fortement entamée par l’arrivée du congélateur.

Les espèces inféodées à un territoire déterminé, comme la vache Bazadaise, ont elles aussi été très menacées par l’uniformisation des pratiques agricoles. Tout cela est dû à l’application au monde agricole de principes et de lois conçues pour l’industrie. Du coup, la standardisation est devenue la règle, on sélectionne les espèces les plus productives, et on leur fait prendre la place des espèces locales. Cette logique entraîne une réduction de la diversité et même, absurdité totale, une surproduction.

Or cette recherche de productivité à tout prix fait que l’on assiste actuellement à de véritables impostures, et ce même dans certaines Appellations d’origine contrôlées : une usine de plus de 5 000 porcs, élevés sur litière dans le plus pur style breton, pourraits’installer dans la région et obtenir l’Appellation Jambon de Bayonne, car ils sont dans la zone géographique, et respectent les règles concernant le séchage et le salage. Et il existe des dizaines d’autres exemples.

Dans le même temps, des règles directement calquées sur le droit européen posent de sérieux problèmes aux plus petits producteurs.

Ainsi sur les marchés de village, on demande à un éleveur de poulets une vitrine réfrigérée. C’est bien entendu utile lorsqu’il traite des milliers de bêtes et qu’il les vend sur des centaines de kilomètres, mais dans le cadre d’une petite exploitation, pour une vente localisées, c’est ridicule.

C’est pourquoi il faudrait aboutir à une réglementation des modes de productions dit « fermiers » qui soit dérogatoire. Elle fixerait des seuils quantitatifs et des obligations qualitatives. Il s’agirait alors de promouvoir une agriculture de qualité, qui pourrait en quelque sorte être aidé au titre du développement rural, compte tenu de la haute valeur ajoutée de ces produits.

Mais cette démarche devra s’accompagner d’une véritable éducation du consommateur, qui devra accepter de payer un peu plus cher pour avoir de la qualité, variée et savoureuse. Car il ne faut pas l’oublier, cela a un prix. » n

(1)Simon Charbonneau est maître de conférence à Bordeaux et spécialiste du droit de l’environnement.

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