Le paysage institutionnel, le niveau de la décentralisation varient beaucoup d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre au sein de l’Union Européenne. Les collectivités n’ont pas toutes la compétence de l’organisation des soins, mais par l’approche de politiques intégrées, économie, transport, ou aménagement du territoire, elles agissent sur la santé et peuvent être actives sur la réduction des inégalités de santé.
Andalousie, Toscane: des exemples
Quand le Dr Florence Jusot de l’IRDES (1) indique aux 200 participants français et européens, que les progrès médicaux n’expliqueraient que 10 à 20% de l’augmentation de la durée de l’espérance de vie au Xxème siècle, on comprend que toute politique de santé, ne peut se concentrer sur les soins et le médical. Elle doit aussi évoluer vers la réduction des inégalités sociales dans l’accès à la santé. En indiquant que ces inégalités s’accroissent, même dans les pays ayant instauré un accès aux soins libre et gratuit, comme en France, elle souligne l’ existence d’autres freins: travail, éducation, information, conditions de vie, géographie, mobilité etc…
Les régions membres d’ENRICH (2) mènent différentes politiques, et ont échangé leurs expériences. L’Andalousie développe une vision globale de l’offre de soin et de l’offre de santé. En augmentant de 20% les moyens dans les zones aux populations défavorisées, avec des programmes ciblés. Grâce à la décentralisation, elle décide et met en place une politique d’accès aux soins adaptée à ces besoins. Un centre de soins par village et un médecin pour 1300 habitants sont les piliers de sa politique de soins de première ligne.
De même, la Toscane augmente les moyens en soins primaires auprès des populations à la mortalité élevée. Elle a mis en place des « standards de gestion interculturels » pour lui permettre de mieux soigner les enfants de population d’immigrés. Elle développe un plan pour empêcher que le mal être social ne se transforme en pathologie. En Angleterre le NHS a développé une politique de prévention dans les écoles, qu’elle juge plus efficace qu’à la télé.
Aquitaine: un besoin d’expériences
« Le levier de la proximité est bien là », souligne Solange Ménival. Conseillère Régionale, déléguée aux services publics de proximité, celle-ci a été la figure de proue de cette conférence; elle n’entend pas en rester là mais, au contraire, créer un lien partenarial, avec les institutions responsables de la santé publique en Aquitaine, pour mener à bien des expériences concrètes. Suivant ainsi les recommandations du Dr Ziglio de l’OMS (3) qui demande aux régions « d’utiliser leurs atouts, d’optimiser leurs ressources pour passer de la description aux solutions. »
La nécessité de disposer d’indicateurs régionaux de santé a été fortement appuyée par la Commission Européenne. Le travail du Dr Ochoa, directeur de l’Observatoire Régional de la Santé d’Aquitaine, au sein du réseau ISARE, met en évidence des indicateurs de santé régionaux européens sera donc des plus précieux pour les régions. Non seulement des indicateurs de mortalité mais également d’autres de morbidité pour lesquels il faut aussi investir. C’est ainsi que le représentant de l’OCDE s’est inquiété, à bon droit, des ressources pour financer l’allongement de la durée de la vie. Actuellement on compte 4 actifs pour 1 retraité: en 2050, il y aura 2 actifs pour 1 retraité.
Le défi de la réduction des inégalités de santé est donc un défi à relever collectivement; il ne peut être séparé des enjeux du vieillissement et de l’allongement de la durée de la vie. Que ce soit par des politiques de santé intégrées, ou par une redéfinition des soins dit de première ligne, l’Aquitaine et neufs régions membres d’ENRICH se sont engagées en ce sens en signant la Déclaration sur la Réduction des Inégalités de Santé.
1.Institut de Recherche et Documentation en Economie sur la Santé
2.Réseau Européen de Huit régions qui confrontent leurs pratiques avec le soutien de la Commision Européenne
3.Organisation Mondiale de la Santé