En 2017, une dizaine d’équipes françaises peut prétendre participer à la RoboCup Junior. Aujourd’hui elles sont quasiment cinq-cents. Parler d’un phénomène c’est donc rester mesuré. La RoboCup qui prendra place pour la première fois à Bordeaux du 25 au 28 juin a certainement poussé le zèle de certaines jeunes équipes françaises, et c’est tant mieux. La compétition se déroulera en même temps que la RoboCup Major, où chercheurs et spécialistes en robotiques s’affronteront dans différentes disciplines.
Du côté des jeunes, trois catégories de compétition : football, secours et « sur scène ». Dans la seconde, le robot doit retrouver son chemin dans un milieu hostile et labyrinthique. Dans la troisième, l’équipe doit présenter un show robotique créatif et artistique. « Un spectacle de deux minutes où robots et humains doivent interagir » présente Louise, membre de l’équipe MariTeam. La jeune élève de première du lycée Saint-Cricq de Pau est incollable sur le sujet. Rien d’étonnant quand on sait qu’elle a déjà participé à la RoboCup Junior niveau mondial l’an dernier à Sydney.
Robot tortue
« Je suis venue à la robotique parce que j’aimais le côté artistique » témoigne-t-elle. Depuis, Louise a dompté les subtilités technologiques qu’implique la conception d’un robot. Avec ces cinq coéquipiers Anna, Manon, Maxime, Arthur et Tom – équité respectée au passage – elle forme l’équipe MariTeam qui va tenter de se qualifier pour la compétition internationale à Bordeaux sur trois jours, du 25 au 28 juin. Pour y parvenir, il faudra passer par un fastidieux et sélectif dossier de qualification avant le 31 mars. La France pourra envoyer dix équipes junior sur les 190 qui participeront à la compétition internationale. « Un quota exceptionnel » selon Jean-François Laplume, un des artisans de la venue de la RoboCup à Bordeaux.
En attendant l’événement mondial fin juin, les équipes Junior pourront se jauger lors des épreuves académiques début avril. 180 équipes devraient déjà être représentées rien qu’en Aquitaine. Puis, Bordeaux accueillera comme l’an passé les finales nationales Junior les 16 et 17 mai au Parc des Expositions. Dans la catégorie « sur scène », le tenant du titre est une certaine équipe MariTeam. « L’an dernier notre thème était l’environnement. Cette année c’est la pollution des océans avec une tortue comme robot principal » présente fièrement Louise. L’animal marin est encore en préparation.
10 000 euros de budget
Et si Louise a convaincu ses amis, pour certains néophytes, de retenter l’aventure c’est parce que la RoboCup leur a beaucoup apporté. « A Sydney l’an passé, nous avons dû imaginer un spectacle commun avec des Brésiliens et des Russes » témoigne-t-elle. Passées les légères barrières de la langue, les échanges ont révélé une coopération remarquable et enrichissante pour les jeunes participants. « La compétition a représenté un projet concrétisé mais également un rêve réalisé » évoque Erwann, chef de l’équipe TryOn de Gujan-Mestras, aussi présente à Sydney en 2019.
Avant cela, le lycéen et ses coéquipiers ont dû réunir des sponsors et partenaires pour construire un budget global d’environ 10 000 euros. Pour y parvenir, l’équipe a par exemple organisé une tombola et des ateliers robotiques avec des enfants. Le projet est mené sur au moins une année scolaire et se révèle très formateur pour les jeunes qui y participent. Chez TryOn, chacun avait un rôle défini : « Alicia à la communication, Nathan à la traduction, Alexandre à l’architecture du robot et moi-même à la programmation » explique Erwann. Organisation millimétrée.
Sensibles aux enjeux
TryOn remporte fièrement le concours régional dans la catégorie secours. « Notre robot devait parcourir une zone endommagée pour secourir des victimes » rapporte le chef d’équipe. Si les victimes n’étaient ici représentées que par des balles, les robots sont bel et bien l’avenir de l’assistance aux personnes en danger. La RoboCup est l’occasion de mettre en avant ce domaine de recherche et bien d’autres. « Des robots qui jouent au foot ça paraît ennuyeux mais la robotique est au confluent des enjeux majeurs de l’économie de demain » démontre Jean-François Laplume. A en voir la hausse du nombre d’équipes Junior, les élèves français l’ont bien compris.
Louise, pour sa part, veut étudier la médecine. Et la jeune fille a déjà pris conscience que son expérience sera un atout. « La robotique permettra beaucoup plus de précision dans la pratique médicale » pense-t-elle. Dans son équipe, d’autres s’orienteront vers le spectacle et le cinéma mais demeurent sûrs qu’ils garderont une sensibilité robotique. Pour TryOn, Alexandre et Erwann veulent devenir ingénieurs. « Nous pensons tous que la robotique est un domaine d’avenir, que ce soit en médecine, en communication ou dans l’industrie » conclut le chef d’équipe.