Richard Mitou : un histrion au service du théâtre populaire


A 38 ans, l'ancien élève du Conservatoire de Bordeaux, Richard Mitou, se veut acteur, chef de troupe, davantage que metteur en scène.

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Richard Mitou : un histrion au service du théâtre populaire

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/04/2007 PAR Catherine Boulanger

« Je préfère être acteur que metteur en scène parce qu’au lieu de fumer trois paquets, je ne fume que trois cigarettes par jour » explique-t-il une cigarette et le sourire aux lèvres. Le théâtre est « un endroit humain compliqué »surtout lorsqu’il s’agit de mener vingt acteurs en permanence sur la scène, comme dans Les histrions. Cette pièce, écrite par Marion Aubert, réinvente l’histoire du monde et raconte la vie des histrions, ces acteurs de farces grossières. Les comédiens sont tous des amis de Richard Mitou. Ils se connaissent depuis une dizaine d’années. Ils s’étaient promis de se revoir et de jouer ensemble. C’est chose faite.
La troupe raconte aussi un peu la vie de Richard Mitou. Après une maîtrise de mathématiques à Bordeaux, l’étudiant originaire de Périgueux, découvre le théâtre. Il a 25 ans. Il rencontre une jeune fille, Sophie, dont il tombe fou amoureux. Elle veut être comédienne. Elle l’oblige à passer le concours pour entrer au Conservatoire de Bordeaux. Résultat : ils sont acceptés tous les deux. Ses yeux brillent mais Richard Mitou se contracte aussitôt. Son père était absolument contre ce changement de carrière. « Je ne comprends pas pourquoi à Bac plus je ne sais pas combien, tu veux faire saltimbanque », lui répétait-il.Avec le temps et le succès, il a compris.
Une autre cigarette. Après Bordeaux, le jeune homme réussit à entrer au Conservatoire national professionnel de Montpellier. Sa seule obsession : « rattraper le temps perdu ». Etre acteur ne lui suffit pas, il s’essaye à la mise en scène. Ses deux casquettes en déconcertent plus d’un. Il confie : « En France, on est très vite étiqueté. Souvent les gens ne comprennent pas que l’on puisse faire deux métiers, acteur et metteur en scène. »
Sonthéâtre est un artisanat. Scénographe, costumière musiciens et comédiens n’ont pas travaillé l’un après l’autre mais ensemble. Surtout c’est « un théâtre du présent » comme il aime à le définir. Le comédien construit du présent lorsqu’il est sur scène mais il fait aussi un présent au public, une sorte de don de soi. Les histrions : un théâtre charnel qui conjugue « le solitaire et le solidaire. »

Le théâtre, « tissu social »

« Car le théâtre, c’est un tissu social », reprend l’artiste. Richard Mitou prône un théâtre contemporain et populaire. Il veut instaurer un échange entre la scène et le public. Mais l’arrivée des compagnies dans les villes se solde aussi par des rencontres et des échanges avec les commerçants notamment. Le théâtre est créateur de lien social. Une gorgée et une cigarette.
La « vieille du premier rang », un des personnages des Histrions dans le public au départ, critique la pièce au fur et à mesure qu’elle se déroule. « Le problème du théâtre public, c’est qu’il se coupe des spectateurs. C’est un théâtre souvent que cérébral », affirme le metteur en scène. Il poursuit : « Il faudrait que les théâtres aient le courage d’afficher les spectacles plus longtemps, plus que pendant trois ou quatre soirs ». Le temps que le bouche à oreille fonctionne et qu’il touche un public nouveau. Richard Mitou regrette de ne pas voir plus de jeunes de 30 à 40 ans dans les salles de spectacle. « On ne donne pas le temps aux spectacles d’exister », déplore-t-il. La troupe a joué Les Histrions deux mois au Théâtre de la Colline à Paris. Une durée impossible dans les théâtres de province pour des raisons financières. Ces théâtres préfèrent rayonner par le nombre de compagnies accueillies. Que faire pour que cela change ? « Il faudrait un grande volonté politique », conclut-il en écrasant sa cigarette.
Il ne perd pas espoir. Il reste convaincu d’une chose : « Le théâtre existera toujours, du moins tant qu’un grand-père racontera une histoire à son petit-fils. »


Estelle Maussion
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