Le « programme commun » de « Campagne», la série d’événements culturels organisée autour de la présidentielle par le Festival Chahuts s’est terminé vendredi dernier. Parmi les nombreuses conférences et ateliers, l’une abordait la question du populisme. C’était le mardi 14 février au soir au Marché des Douves. Patrick Charaudeau , professeur émérite à la Sorbonne et chercheur au CNRS, spécialiste du langage politique proposait ses pistes de reflexion pour l’analyse du discours populiste.
Avant que ne débute la conférence en tant que telle, Hugo de l’association d’éducation populaire l’Etabli a mis à contribution les spectateurs à travers un «un débat mouvant». « Une certaine dose de populisme est-elle nécessaire en démocratie ? » Voilà la question posée au public qui devait se placer d’un côté ou de l’autre de la salle selon que sa réponse soit oui ou non. Hugo a ensuite donné la parole à chacun de deux camps. S’il était convaincu par les arguments de la partie adverse, le spectateur pouvait aller rejoindre « ceux d’en face ». Pour l’un, il fallait proscrire tout populisme car ce n’est «qu’une manipulation dangereuse des foules», pour un autre au contraire, une dose de populisme est vitale «car signe d’un intérêt à la vie concrète de la population».
Patrick Charaudeau, lui-même, s’est dit passionné par ces échanges qui démontraient la difficulté d’appréhender une notion pourtant sans cesse dans l’actualité. Pour lui, «le discours populiste, c’est le discours politique poussé à son paroxysme». Avant, le populiste, «c’était l’autre». La Droite accusait la Gauche de manipuler les classes populaires tandis que la gauche accusait la droite de manipuler la petite classe moyenne commerçante. Aujourd’hui, le populisme est revendiqué très clairement par certains candidats ( Le Pen, Mélenchon) et quasiment tous les candidats se veulent « anti-système». Le populisme c’est avant tout selon Patrick Charaudeau, « la haine de l’adversaire politique» et «la recherche de boucs émissaires» tel que «les migrants», «La mondialisation» ou «l’Europe». Quand on pousse la politique à un tel degré de violence, il semble pourtant compliqué de rassembler ou d’apaiser un pays comme le prétendent les candidats à la présidentielle…
« Le programme commun » s’est certes clôturé vendredi par une grande fête au Centre d’animation Saint-Michel mais «Campagne» se poursuit en ligne avec une web-série politique réalisée par divers artistes en résidence. Le premier épisode intitulé «Tous féministes!», est réalisée Fanny de Chaillé avec Jean-Michel Valtat et Manu Coursin.