La salle est pleine, plus de deux cents personnes sont venues assister au débat. Avec quelques minutes de retard les protagonistes prennent place et la discussion s’engage. Vive et passionnée, elle n’oublie aucun aspect de la question environnementale qui est le fil rouge du travail d’Hervé Kempf depuis des années, que ce soit dans ses articles à Courrier International, à la Recherche puis au Monde ou dans ses précédents livres (« Pour sauver la planète, sortez du capitalisme » ou encore « Comment les riches détruisent la planète »). En effet, avec Hervé Kempf on ne se limite pas à l’aspect écologique du développement durable mais on aborde également les enjeux politiques, médiatiques et sociaux qui y sont directement liés. Car si le titre de l’ouvrage qu’il est venu présenter, « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie » fait plus référence à ces autres dimensions qu’au développement durable à proprement parler, le débat environnemental est omniprésent.
Combattre l’oligarchie en réinventant la démocratie
L’essentiel de l’analyse d’Hervé Kempf repose sur un constat simple selon lequel nos sociétés occidentales ne fonctionnent plus sur un système démocratique, mais sur un système oligarchique. Du fait de l’importance prise par l’argent et la finance, le pouvoir appartient à des lobbies qui dictent indirectement les lois, contrôlent les médias et imposent leur vision. L’objectif de cette minorité de décideurs, maintenir leurs privilèges au mépris des urgences sociales et écologiques. Face à cette situation, il convient selon Kempf de remettre au goût du jour une « démocratie vivante », avec la participation de chacun. Une démarche que doivent impérativement mener les occidentaux afin de « sortir du capitalisme tout-puissant » pour « partager le monde » avec les autres.
Une fois que cette critique du système est posée, la discussion s’oriente vers les moyens d’action pour lutter contre cette « caste des puissants». Après plusieurs minutes de débat, une solution principale ressort : la responsabilisation de chacun. Une responsabilisation qui implique de prendre du recul sur ce qu’on nous montre et d’accepter de voir ce qui ne va pas pour agir en conséquence.
Loin de culpabiliser, le discours d’Hervé Kempf rassemble et fédère car il met l’homme au centre du débat environnemental et en fait l’acteur principal du changement. Pour illustrer ce rôle majeur que doit jouer le citoyen, ce sont les exemples récents des révolutions populaires en Tunisie et en Egypte qui sont utilisés. Présentés comme des exemples de prises de conscience d’un peuple par rapport à un régime autoritaire, ils prouventque la puissance des lobbies ne vaut finalement que si elle est acceptée de manière inconsciente.
La première étape du refus de l’oligarchie c’est donc selon Kempf la prise de conscience des risques écologiques et sociaux que le capitalisme comporte. D’où l’importance de l’accès à l’information grâce aux contres pouvoirs et du développement personnel. Un combat pour la culture et l’ouverture d’esprit auquel Hervé Kempf et d’autres écrivains,journalistes, artistes ou acteurs du monde associatif participent au quotidien.
« L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie », Hervé Kempf, Editions du Seuil
Crédit Photo : Jean-Luc Henry
Aymeric Bourlot