Cette volonté l’avait déjà conduit à mettre le pied sur l’Ile Margaux, dont il était déjà propriétaire, et en toute logique, il ne pouvait que poursuivre son avancée en « débarquant » sur l’Ile Verte. De toute évidence une chance pour le groupe Gonet, le vendeur, mais aussi pour la collectivité qui n’était pas en mesure de trouver une solution sans le secours d’acteurs privés. C’est ainsi qu’un projet de développement durable a été mis sur pied avec la contribution de Sophie Boisseau, dans le cadre de la Fondation du Littoral. Avant d’en donner les grandes lignes, il convient cependant d’indiquer que Gérard Favarel n’est pas le premier venu. N’est-il pas en effet le précurseur et le promoteur en France des LMBO (Leverage Management Buy Out) ? Son propre groupe, créé en 1986, est baptisé du même sigle, s’est spécialisé dans la valorisation des entreprises avec les salariés. LMBO est ainsi présent dans Actiloc, Caillé, Distillerie du Périgord, et d’autres entreprises moyennes.
Formation et agriculture durable
Le premier objectif sur l’Ile Verte, l’Ile du Nord, et l’Ile Cazeau,-qui est lié à la relance d’une agriculture durable- est la sauvegarde d’un patrimoine architectural « exceptionnel ». Sophie Boisseau, chargée de projet, rappelle que naguère il y avait plusieurs centaines d’habitants sur l’Ile, avec des écoles, et que la population grandissait avec la venue des saisonniers, « Redonner vie, rendre une âme aux îles » telle est sa volonté et celle de la Fondation. C’est ainsi que les bâtiments existants devraient permettre la création d’un centre de formation en agronomie et environnement, établissement qui serait ouvert aux jeunes et aux adultes. Pas question ce pendant d’ouvrir l’Ile Verte aux activités purement touristiques. Il s’agit plutôt de redresser la barre sur cette île « qui a été fort mal menée » ces dernières années et de tirer parti de son potentiel agronomique exceptionnel. Sophie Boisseau ne cache pas qu’elle n’est pas une technicienne agricole, mais on devine qu’elle sait frapper aux bonnes portes, et qu’elle est animée d’une volonté à toute épreuve . Depuis son vaste bureau de la Bourse Maritime, à Bordeaux, elle bénéficie sur sa droite d’une vue exceptionnelle sur les quais rénovés et sur la Garonne. A sa gauche une immense photo de cette terre au milieu des eaux de l’Estuaire rappelle le contexte. Fondatrice de l’Association Pétronille, diplômée d’architecture, spécialiste de l’histoire de l’art, auteur (Guide Bleu de Bordeaux), comme on le voit, elle ne manque pas de cordes à son arc, et elle dispose des atouts qui lui permettent de préparer une renaissance en douceur de ces terres aquatiques. Le premier volet du plan est le développement des productions maraîchères dans le cadre d’une convention avec la Banque Alimentaire de Bordeaux qui implique la livraison de sept tonnes de marchandise par semaine. Il est également prévu d’implanter des cultures énergétiques (mais pas de maïs ogm), et de tirer parti du vignoble., avec l’exploitation « d’un nom mythique » : « le clairet Mer de Garonne ». Jamais de monoculture, plutôt la volonté de préserver la biodiversité, ainsi que le souci « de créer de nouvelles relations entre producteurs et consommateurs ».
G.G.