Accompagné de quelques uns de ses colistiers, parmi lesquels Jean-Jacques Corsan, Emilie Coutanceau ou encore Chantal Séguillon, c’est à Eysines, sur l’exploitation maraîchère de Philippe et Aurore Sournac qu’Alain Rousset a choisi de débuter cette matinée agricole, avant de rencontrer Philippe Laville, lui aussi exploitant maraîcher à Eysines. Enfin, c’est à Bruges, dans l’exploitation de l’éleveur de bovins bios de Jean-Denis Dubois que s’est terminée cette matinée. Chacun de ces trois exploitants ayant pour point commun une agriculture raisonnée ou biologique et pratiquant, pour une grande part de leur production, la vente directe et les circuits courts en liaison avec des Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, de plus en plus « à la mode » sous le nom d’AMAP.
Une formation en alternance pour apprentis maraîchers
Autant de rencontres que d’occasion d’évoquer plusieurs enjeux de la politique agricole régionale dans le sud Médoc. A commencer par les « chantiers-école », organisés avec le lycée agricole de Blanquefort depuis le 2 novembre dernier. Les maraîchers rencontrés y sont parties prenantes et accueillent sur leurs exploitations des stagiaires de cette toute nouvelle formation en alternance dédiée aux métiers du maraîchage. Selon Alain Rousset, et d’une manière plus globale, un des objectifs principaux, « c’est le maintien de l’agriculture paysanne, qu’elle soit raisonnée ou biologique ». Or dans ce domaine là, « on voit que les choses avancent : les dispositifs régionaux fonctionnent bien tant pour l’aide à l’installation des jeunes, la conversion au bio ou encore la formation en alternance. »
Conserver et redynamiser la ceinture maraîchère
Autre grand sujet de discussion de la matinée : la commercialisation des productions par le biais des ventes directes et des AMAP, que ce soit pour les légumes, sous forme de paniers, ou pour la viande bovine. Philippe Sournac et Philippe Laville sont des convaincus : « Les réseaux AMAP, ça valorise la production et le travail des salariés. En plus, les consommateurs sont vraiment solidaires des producteurs en cas de mois difficile. » Pour Jean-Denis Dubois, le sentiment est le même : « pour l’élevage bio, y’a pas quarante solutions, c’est le circuit court et les bouchers. »
Autre enjeu des exploitations maraîchères : faire face à la pression du foncier pour conserver en terre agricole, cette ceinture maraîchère actuellement sous exploitée. Alain Rousset l’admet, « pour le maraîchage, il faut aller plus loin. Une dizaine d’opérations sont en cours pour conserver et redynamiser la ceinture maraichère. C’est important, parce qu’une agriculture à la périphérie des villes permet, entre autres, de bloquer l’étalement urbain. Comme ça a été fait sur l’exploitation de Phillipe Sournac, reconstituer des serres, former des personnes en alternance tout en produisant des produits de qualité, c’est un cercle vertueux qu’il faut développer. On crée de l’emploi et l’urbanisation est maîtrisée ».
Solène Méric