Deux sexagénaires aux cheveux blancs, deux histoires différentes des deux côtés du mur mais la même volonté d’expliquer le conflit israélo-palestinien. Et ce même espoir : « voir la paix de mon vivant » comme l’exprime, ému, Elie Barnavi. Le ton est donné. En route pour plus de deux heures d’échange cordial mais franc, au son d’un français aux accents de l’Orient méditerranéen.
Une idée s’impose d’emblée : pasde réconciliation possible entre Israéliens et Palestiniens sans un accord de paix préalable, scellé par un traité. Camille Mansour le martèle. Elie Barnavi renchérit : « La solution c’est d’enlever la question des mains des deux peuples. On a besoin d’un cadre de négociation imposé. Et le Quartet (ndlr : Etats-Unis, Union Européenne, ONU et Russie) pourrait le faire. » Intarissable, l’ancien diplomate confie avoir bon espoir pour la fin de l’administration Bush. Il assure : « Si ce n’est pas celle-la, la prochaine y viendra. » C’est avec une certaine solennité qu’il affirme croire à l’initiative de l’Arabie Saoudite, une puissance arabe, dans la résolution de ce conflit. Car inutile de compter sur l’Europe. Les deux hommes, catégoriques, soulignent, chacun leur tour et non sans ironie, qu’elle n’existe pas au Proche-Orient.
Le besoin de se faire comprendre est patent. Il n’y a aucune chance pour que les forces politiques des deux pays parviennent à un traité politique par elles-mêmes. Courtoisie oblige : c’est le Palestinien Camille Mansour qui décrit la faiblesse d’un gouvernement israélien uniquement préoccupé par sa propre survie. C’est l’Israélien Elie Barnavi qui explique la déliquescence d’une société palestinienne divisée et incapable de produire un pouvoir politique.
Un regard lucide qui n’empêche pas les deux sages de rêver à un futur israélo-palestinien meilleur. Pour Camille Mansour, il prendrait la forme d’une cohabitation des peuples sur le modèle de l’Andalousie du XVème siècle. Elie Barvani aspire à une confédération : « Je veux faire l’Europe là-bas. »
Estelle Maussion