Parler de lui n’est pas ce qui intéresse Alain Le Treut. Pourtant il y en aurait à dire sur la vie de ce breton né à Dol de Bretagne en 1930 et bordelais depuis 1950. Après avoir passé quinze années dans la marine, dont deux en Afrique, normal pour un Navalais, c’est à l’institut Bergonié, que le médecin et radiologiste des hopitaux consacrera deux décennies aux maladies des seins. De 1967 à 1995, Alain Le Treut aura été l’un des protagonistes des progrés concernant la pathologie mammaire. A 80 ans, celui qui est également le père du climatologue de renommée internationale Hervé Le Treut – on ne fait rien à moitié dans la famille – et qui aura soigné des femmes toute sa vie, continue son engagement au service de la santé puisqu’il est vice-président de la Ligue contre le cancer. Aujourd’hui, son combat porte sur la vie pendant et après le cancer quand nombreuses sont celles qui se retrouvent isolées et fragilisées physiquement, mentalement, socialement voire financièrement.
Dépister pour sauver
» Avant les années 70, personne ne faisait de mammographies », se souvient celui qui en pressentait déjà l’importance. » Les radiologues s’intéressaient aux poumons, aux reins, au cerveau, mais pas du tout aux seins ». Qu’à cela ne tienne ! Il sera de ceux qui mettront en place les mesures de dépistage précoce permettant de diagnostiquer les petits cancers avant qu’lls ne soient cliniquement perceptibles. Grâce à lui, Bergonié sera équipé d’un des premiers scanners. Actuellement, la mammographie qui permet de traiter de plus en plus tôt et d’augmenter le pourcentage de guérison vit bien. Si auparavant seulement 35% de femmes se faisaient suivre, aujourd’hui, on dépasse les 60%. Or si on dépiste mieux et si on soigne mieux, les cicatrices physiques et psychologiques s’effacent difficilement, d’autant plus quand le comportement des autres vous marque à jamais du « sceau de cancéreux ».
Un réconfort pendant et après la maladie
« L’ambiance autour du malade peut être tendue et même hostile, lui infligeant une double peine ». Pour pallier la perte de ses repères et la souffrance qui accompagne la maladie, la Ligue contre le cancer a inauguré, en février dernier, un nouveau service dans ses bâtiments, 6 rue Terrasson, à Bordeaux : le projet APESEO (Activités physiques et soins esthétiques en oncologie) qui propose, gratuitement, aussi bien des groupes de parole que des séances de sophrologie, de soins esthétiques, de réflexologie plantaire ou de sport adapté. On y trouve de la chaleur humaine et on y réapprend à vivre. Un réconfort offert par des bénévoles s’adressant aux femmes mais également aux hommes, moins enclins à pousser la porte d’un lieu qui marche remarquablement bien pour se ressourcer et se réconcilier avec son corps.
« Un succès rendu possible grâce aux bénévoles », précise celui qui sait de quoi il parle. « Tous les motivés souhaitant apporter leur pierre à l’édifice des actions de la Ligue, qui ne perçoit aucune subvention et ne fonctionne qu’avec des dons, des legs et des bonnes volontés, sont les bienvenus ». Un message qu’on ne peut ignorer, puisque comme on peut l’expérimenter hélas, de près ou de loin, ces actions qui financent à la fois la recherche, les actions pour les malades etleurs proches, la prévention et la promotion des dépistages nous concerneront tous, tôt ou tard…
Crédit photo : Ligue contre le cancer et Isabelle Camus
Isabelle Camus