En 2009 la population immigrée installée en Aquitaine rassemble 197000 personnes, sur les 5,3M vivant en France. Soit 6,1% de la population régionale, un taux qui est inférieur à celui constaté au niveau national (8,5%). Quant au «profil» de ces immigrés aquitains, il ne correspond sans doute pas à l’image que certain souhaiterait véhiculé. L’immigré en Aquitaine est plus généralement une immigrée (52% sont des femmes), âgée et d’origine européenne… Un profil qui témoigne de l’histoire de l’immigration en Aquitaine, terre d’accueil durant des siècles de populations venues d’Italie, d’Espagne et du Portugal. La première partie du rapport se consacre, d’ailleurs, à un rappel historique bienvenu sur le caractère structurel et structurant de l’immigration en Aquitaine, menant sans doute nombre d’entre nous à revisiter nos arbres généalogiques.
« Une législation fortement influencée par une approche sécuritaire »Si aujourd’hui plus de 180 nationalités sont présentes en Aquitaine, la population immigrée est très majoritairement européenne (61%). La population d’origine portugaise reste la plus importante et tend encore à se consolider tandis que la part des immigrés espagnols et italiens est en recul. Mais la population d’origine britannique s’est renforcée. Globalement la population immigrée européenne se diversifie (Bulgarie et Roumanie, s’affirment) et les demandes en provenance des pays du Maghreb, (Maroc notamment) sont désormais les plus nombreuses. Celles en provenance d’Afrique subsaharienne et d’Asie (principalement des étudiants Chinois et Turcs) sont également en progression constate le rapport.
Quel que soit le motif de leur arrivée en France (famille, études, professionnel, conflits) le Ceser alerte qu’en raison d’«une législation fortement influencée par une approche sécuritaire», l’accueil de nouveaux migrants se heurte à «des difficultés accrues et à une gestion parfois défaillante des dispositifs existants». Un cadre législatif et réglementaire qui pour autant n’empêche pas davantage l’immigration «irrégulière», note l’assemblée. Il souligne également que l’accueil qui s’exerce «dans des conditions précaires et aggravées par le contexte de réduction des budgets», est largement appuyé sur un tissu associatif implanté sur le territoire.
Un PARI pour l’AquitaineCondition essentielles à l’intégration, l’occupation d’un emploi. En Aquitaine 43% de la population immigrée est en situation d’emploi, mais la probabilité de chômage est deux fois plus élevée parmi les immigrés que les non immigrés, chiffre encore plus important chez les femmes. Pourtant, «la contribution des immigrés à l’emploi et à l’activité économique est réelle» en Aquitaine. BTP, HCR, commerce, artisanat, agriculture, cette population participe à 7,5% de l’emploi non salarié et 6,5% de l’emploi salarié. Une contribution mise en avant par le rapport du Ceser qui dans le même temps dénonce aussi certaine forme d’instrumentalisation du marché du travail, via notamment le statut de salarié détaché, mis en œuvre dans l’Union européenne.Et ceci masque bien souvent des pratiques frauduleuses, portant tout à la fois atteinte aux droits et à la dignité des individus et aux principes de saine concurrence. Un point sur lequel le CESER en appelle à une mobilisation nationale et européenne.
Face à cet état des lieux, le CESER, propose un PARI pour l’Aquitaine, un Plan d’Action Régional pour l’Intégration articulé autour de 5 axes majeurs que sont: la mémoire et la connaissance comme outils d’intégration, la promotion du dialogue interculturel, des parcours d’intégration via la formation (un appel du pied la compétence du Conseil régional), et enfin le renforcement de dynamiques d’échange et de coopération entre territoires d’accueil et d’origine. Comme le souligne le rapport, à de nombreuses reprises, derrière les chiffres, les statistiques et les catégories administratives, c’est de réalités humaines difficiles dont il est question.
Rapport consultable et téléchargeable gratuitement sur le site du CESER Aquitaine:
http://ceser-aquitaine.fr/informations/avisrapports/rapports/2013/rapport-immigration/fiche.html