Cette refonte élaborée par le ministère de l’Intérieur suscite bien des réactions sur le terrain. Les uns approuvent un découpage qui leur semble cohérent. D’autres soupçonnent que l’on se trouve là devant un charcutage électoral favorable au PS, et ils affirment surtout que l’on « s’éloigne de la proximité ».
Une question de visibilitéCe dernier argument a notamment été brandi par le sénateur Modem, et conseiller général de Bidache, Jean-Jacques Lasserre, chef de file du groupe d’opposition Forces 64. Après avoir déploré le manque de concertation dont cette réforme a fait l’objet, il s’est par exemple opposé à la création de l’imposant canton de Mauléon-Licharre, dit « de la montagne basque », qui regroupera ceux de Mauléon, Tardets, Saint-Jean-Pied-de-Port et Saint-Etienne-de-Baïgorry. Tout comme il estime que la réunion des trois vallées pyrénéennes au caractère bien spécifique (Ossau, Aspe et Barétous) les privera de « visibilité et d’audience ».
Jacques Pédehontaà, son collègue de Navarrenx (un secteur qui serait rattaché au canton de Mourenx alors que Forces 64 réclame la création d’une zone Pays de Gaves réunissant Navarrenx, Sauveterre et Salies), est allé plus loin. Il a créé l’association « Touche pas à mon canton et nos campagnes ». Tout en fustigeant au passage une réorganisation dont il ne voit pas les économies qu’elle génèrera. Car, explique-t-il, le nombre de conseillers généraux passera de 52 à 54.
« Tripatouillage » ou réalismeTandis que la ville de Pau perd son canton du centre (actuellement détenu par la Modem Josy Poueyto), le débat engagé sur le découpage touche également celui d’Orthez, coupé en deux. Cinq de ses maires jugent en effet « incompréhensible » leur rattachement au canton d’Artix. Soutenus par Bernard Molères, leur collègue et conseiller général d’Orthez, ainsi que par le député PS David Habib, ils vont s’adresser au Conseil d’Etat.
Quant à l’UMP Max Brisson, élu de Biarritz, il reconnait qu’un rééquilibrage tenant compte de l’importance des populations n’est pas inutile. Mais, ces derniers mois, il a crié au « tripatouillage électoral », et il a accusé les socialistes de chercher à se renforcer en créant le plus de cantons possible dans la région paloise, et « le moins possible au Pays Basque ». Des critiques devant lesquelles Georges Labazée, le président PS du Conseil général, reste serein. A ses yeux, le découpage envisagé constitue un « compromis » qui tient compte des réalités démographiques et il permet de mettre sur un pied d’égalité les urbains et les ruraux. La réforme sera comprise par les habitants, a estimé l’élu béarnais.