Le sujet avait envenimé les débats lors de la session budgétaire au Conseil départemental le 2 novembre dernier à Mont-de-Marsan, les élus d’opposition souhaitant plutôt que les déjà nombreux golfs existants soient aidés, plutôt que de construire 51 trous de plus. Cette fois-ci mis à part quelques huées au fond de la salle polyvalente de Tosse et une banderole ironique « Bienvenue à Palm Springs » déployée par le collectif d’opposants NouTous, l’ambiance était à l’écoute. Beaucoup étaient là pour s’informer, sans avis totalement tranché sur le projet, à l’image d’Olivier Roumat. L’ancien rugbyman reconverti dans l’immobilier et l’hôtellerie s’est dit « un peu dubitatif » auprès d’Aqui: « on perd des nuitées chaque année sur Hossegor. Alors en créant du nouveau à côté, la part du gâteau peut se rétrécir même si ça peut aussi devenir une locomotive pour tout le monde… »
Tourisme de luxeAssis sur l’estrade, la tapant parfois de sa canne, Henri Emmanuelli qui s’est fait tour à tour applaudir et parfois conspuer, a tenté de rassurer et démonter les « faux arguments ». Au militant dont le chien « préfère chasser dans la forêt que jouer au golf », il a ainsi répondu : « il faut que ce chien se rassure, la forêt qui sera détruite sera compensée au double ». « Ouh Ouh, tu parles ! », s’écrient quelques-uns. « C’est la loi on ne peut pas faire autrement. Sans quoi il n’y aura pas d’autorisation de défricher ! », a rétorqué aussi sec le président du Conseil départemental.
Face à une membre du Mouvement alternatif citoyen de Côte Sud dénonçant « l’aberration écologique » d’un projet où le département et la communauté des communes (Macs) « jouent au promoteur bétonneur avec les deniers des Landais pour du tourisme de luxe sauce californienne », Henri Emmanuelli s’est emporté : « comment avons-nous créé la station de Moliets il y a 35 ans ? J’ai vu à l’époque se lever des gens dans la salle du Conseil général, en disant le golf c’est pour les riches ! Mais la notoriété de l’architecte et de son golf ont permis le développement de la station. Et ça n’a pas coûté un seul euro au contribuable landais, le solde est même positif ! ». Et d’expliquer le mécanisme qui sera le même pour Tosse : « on achète les terrains en faisant des prêts bancaires au taux du marché, on réalise les équipements, la voirie, l’électricité, la station d’épuration… et à la fin et même avant, on revend ces terrains et avec le prix de leur vente, et non pas avec l’argent du contribuable comme c’est dit depuis des mois, on finance, et la construction des golfs et les équipements publics ». Des subventions seront aussi cherchées du côté du nouveau fonds d’investissement national pour le tourisme. Après « est-ce qu’on peut affirmer d’emblée que ça marchera ! Non, on ne sait pas », a-t-il reconnu, rappelant sa « priorité à l’emploi et à des projets d’investissements » comme sur l’aciérie de Tarnos, tout en semblant enterrer la vague artificielle à Saint-Geours de Maremne.
Référendum ? D’après les chargés d’étude du projet, l’impact économique pendant les 5 à 7 ans de travaux serait de 200 millions d’euros avec 815 emplois. Une fois en place, l’exploitation devrait générer autour de 35 millions d’euros annuels de retombées et 495 emplois équivalent temps plein dont 150 emplois directement rattachés à ces équipements nouveaux. Sachant également que le niveau de dépenses quotidiennes d’un touriste golfeur est très supérieur à la moyenne, au-delà de 160€ contre 55€ pour un touriste lambda.
Avec 2 parcours de 18 trous, un de 9 trous, et une académie avec parcours d’initiation de 6 trous, combinés aux autres golfs régionaux, on atteindrait une « taille critique suffisante pour devenir une motivation de séjour à part entière et être en position de force sur le marché touristique national et international» quand 30% des 8 millions de joueurs en Europe voyagent pour golfer, a souligné Loïc Chateau, directeur du tourisme au département. Seraient aussi construits des résidences hôtelières, un hôtel-spa 4* de 80-100 chambres, 100 à 150 villas en bordure d’un des golfs et environ 500 logements permanents : afin de « répondre à un manque en matière de logements abordables », « on imposera aux investisseurs privés de 25 à 30% de logements sociaux car le projet doit servir aussi le territoire et la capacité à se loger chez soi », a souligné Eric Kerrouche, président de Macs. Apostrophé par deux fois pour organiser une référendum dans la communauté des communes, M. Kerrouche a jugé qu’une telle opportunité ne pourrait se poser qu’une fois la procédure validée ou pas. Décision au printemps 2016 après les dernières études de maîtrises d’oeuvres urbaines.
Pour en savoir plus : dialogue-territorial-tosse.fr/ et www.noutous.fr/