Personne ne s’attendait à ce que Patrice de Maistre fonde en larmes quelques minutes après son audition. « Pardon pour ce spectacle ridicule monsieur le président, je suis très émotif ». Dans la salle, sa femme lui fait parvenir, par l’intermédiaire de son avocat, un paquet de mouchoirs. L’homme, âgé de 65 ans, songe probablement à ses trois mois « terribles » passés en détention provisoire en 2012. Mais, l’ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt se reprend quand les questions du tribunal touchent au fond, au coeur du procès. Il rappelle que « 85% des biens qu’il possède ont été acquis avant d’entrer au service des Bettencourt ». Un peu plus tard, la partie civile le question sur son rôle dans la guerre mère-fille chez les Bettencourt : « Ne pensez-vous pas avoir insufflé à Madame Bettencourt cette envie de faire la guerre ? », l’interpelle-t-il. « J’étais auprès d’elle, je la conseillais, mais c’était elle qui était en guerre. Liliane Bettencourt m’a répété à plusieurs reprises : « Plutôt mourir que d’être sous tutelle de ma fille » », martèle Patrice de Maistre, précisant qu’il n’avait « aucun intérêt à cette déchirure familiale ».
L’ancienne secrétaire désarçonne le tribunal Mais la surprise de la journée est venue d’un témoin, Eve Du Breuil, l’ancienne secrétaire de Patrice de Maistre. A la barre, elle a affirmé que l’ancienne comptable, Claire Thibout, avec qui elle a travaillé pendant près de cinq ans, lui aurait confié à plusieurs reprises que Françoise Bettencourt-Meyers offrait « monnaies sonnantes et trébuchantes » pour avoir des informations sur ce qui se passait chez sa mère. Selon elle, Claire Thibout n’était pas la seule à exprimer ces accusations, mais elle précise n’y avoir jamais assisté. « Pourquoi avoir attendu aujourd’hui pour livrer ce scoop »? », s’est étonné l’avocat de la famille Bettencourt. « Avant, j’étais contente d’être tenue à l’écart de cette affaire. On m’a convoquée. Je suis là pour dire la vérité », répond-t-elle, avec fermeté. Le tribunal et le parquet se montrent dubitatifs : « Vous n’en avez jamais parlé à personne d’autre avant de venir ici, pas même à Patrice de Maistre ? ». « Non », dit-elle, sèchement.