Dès ses premiers mots, Françoise Bettencourt-Meyers a marqué l’assistance. Le ton est las, le débit de la voix très lent. Mais, sa colère, sa rancoeur envers l’artiste François-Marie Banier est immense. « La devise » de Banier, « ce n’était pas diviser pour régner, mais briser pour régner, briser toute une famille ! Une destruction programmée », lâche-t-elle. Au point qu’en 2006, son père l’appelle pour l’informer que Liliane ne veut plus la voir. D’ailleurs, son père, André Bettencourt, ex-ministre de Georges Pompidou, lui a confié peu de temps avant sa mort en 2007 que « Banier est un escroc. Un jour il y aura un procès ».
Françoise Bettencourt-Meyers se défend d’avoir acheté des témoignagesPour autant, le tribunal et la défense lui ont demandé de s’expliquer sur de nombreuses zones d’ombre du dossier. Que répond-t-elle, par exemple, au témoignage surprise hier de l’ancienne secrétaire de Patrice de Maistre, ex-gestionnaire de fortune de sa mère, qui l’accuse d’avoir payé des salariés pour obtenir des informations sur ce qui se passait chez sa mère ? « Il est arrivé que certaines personnes viennent me donner des informations, mais jamais contre de l’argent », assure Françoise Bettencourt-Meyers. Et le versement de 400 000 euros à Claire Thibout, l’ancienne comptable de Liliane Bettencourt, mise en examen depuis fin novembre pour « faux témoignage » ? « Elle n’avait plus de travail, son mari non plus, et deux enfants. Et il y avait la promesse faite à mon père, qui sentant avant sa mort que Claire Thibout allait être licenciée de l’aider ». Cette semaine, le tribunal a examiné les personnalités des principaux prévenus, lundi, il étudiera le fond du dossier. Une nouvelle semaine de procès, qui s’annonce passionnante.