Dans les années 70, des chercheurs rendent compte du nombre décroissant de certaines races animales domestiques. Suite à ce constat, le conservatoire des races d’aquitaine se crée en 1991 et fait connaître les effectifs manquants. Pour faire face à cette déperdition entamée, le conservatoire, en synergie avec des scientifiques et acteurs professionnels met en marche des études zootechniques, écologiques et sociologiques pour favoriser le renouveau de certaines races en voie d’extinction.
Parmi ces espèces, une a été sauvé à temps : la vache bordelaiseRobe pie, tête noire, fine et allongée, donnent naissance à deux petites cornes relevées. La vache bordelaise est aisément reconnaissable parmi ces congénères bovines. Mais une nuance est à connaitre : le fait que sa morphologie se décline en deux types. En effet, le type ancien à taches larges et bandes blanches dorsales dénommé « Beyrette » coexiste avec un type sélectionné à robe finement mouchetée dit « pigaillé ».
Considérée comme disparue depuis 1960, une dizaine de vaches furent découvertes entre 1985 et 1990 en Aquitaine. Enfin retrouvées, le conservatoire les a tout de suite intégrées dans un programme de reproduction. Les effectifs ont petit à petit augmenté pour arriver aujourd’hui à 130 femelles et une vingtaine de mâles reproducteurs dont 9 en insémination artificielle. « Nous effectuons une sélection génétique pour maintenir la diversité de la race » explique Lucie Callede, chargée de mission au conservatoire.
Fournisseuse de lait officielle de la ville de BordeauxAu XIXème siècle, la vache bordelaise avait une fonction bien établie qui s’est avérée fructueuse sur le pan économique : fournisseuse de lait officielle de la ville de Bordeaux. Beaucoup de châteaux avaient des vaches bordelaises en plus des productions de vin. Un des derniers troupeaux fut recensé au château de Giscours qui a, pour l’anecdote, réintégré récemment deux vaches, un taureau et un veau bordelais en son territoire originel.
« Maintenant que les effectifs sont plus grands, on peut réfléchir au devenir de la race bordelaise » indique Lucie Callede. C’est dans cette optique que la vache bordelaise a été réintroduite pour la production de lait et de fromage chez plusieurs éleveurs d’Aquitaine. Egalement depuis peu, certaines vaches ont trouvé demeure dans la prairie du parc floral de Bordeaux où les bovins participent au maintien d’un écosystème naturel.
18 races menacées en Aquitaine En tout, le cnservatoire a repertorié 18 races menacées en Aquitaine comme l’abeille noire du pays basque retrouvée récemment. Le seul regret que peut avoir cette association, est la disparition des poneys des pins. Mais Lucie Callede ne dramatise pas, « à part le poney des pins, aucune race n’a disparu, on peut s’en féliciter ! »
Sont considérées comme race en petit effectif, donc menacées les populations inférieures ou égales à 1000. Les vaches bordelaises ne sont donc pas encore assez nombreuses pour considérer qu’elles ne soient plus sous haute vigilance. « 130, ça reste peu, j’espère que ça va encore augmenter » conclu Lucie Callede. Le conservatoire est perpétuellement en recherche d’éleveurs qui voudraient prendre sous leur ailes quelques vaches bordelaises. A bon entendeur, salut… le bon lait et fromage de tout un territoire local est en jeu.