À Pau, le sujet des déplacements urbains n’est pas un sujet périphérique. Il intéresse, il inquiète. « Notre retard est une chance, on peut s’enrichir de ce qui s’est fait ailleurs », positive André Duchateau, premier adjoint au maire de Pau et président du syndicat mixte des transports urbains Pau-Pyrénées. Robert Marconis, géographe toulousain, soutient qu’il y a des atouts au retard : « Ainsi, les berges de la Garonne n’ont pas été ensevelies sous une voie rapide. » À l’époque, on entendait de la bouche des experts: « L’avenir c’est la voiture ! ». Et les villes ont abandonné les transports en commun au profit de la voiture. Pour Benoît Filippi, directeur du cabinet Athema, « le problème de la mobilité en ville a été observé avec une vision d’ingénieur : il fallait abolir les distances et créer de la vitesse. Aujourd’hui, il faut inverser le paradigme de la vitesse.» Alors comment développer des transports en commun dans des villes façonnées pour la voiture ?
«La ville est un espace collectif »
« En 1960 Toulouse était un village, elle est devenue une métropole » analyse Robert Marconis. La ville rose s’est étalée, chassant les voitures du centre-ville et développant des nouvelles centralités en périphéries, comme des cinémas ou des supermarchés. « Il faut développer les centralités partout où elles existent » , préconise l’expert. Sans quoi les habitants de la périphérie sont forcés d’utiliser leur voiture pour se rendre dans les centres. « On ne peut pas se reposer sur la conscience écologique des gens pour espérer des changements de comportements. Ce sont les conditions de vie qui transformeront leurs déplacements » , explique Jean Louis Bergey, directeur régional de l’ADEME Aquitaine. L’idéal : pavillon en périphérie et voiture individuelle, n’est pas durable. À Toulouse, par exemple, les centres en périphérie se densifient.« Pour justifier l’arrivée de transports en commun : tram, bus, métro, on demande aux communes en périphérie de densifier leur centre », observe Robert Marconis. On se rend compte des difficultés de penser un projet collectif sachant que les villes sont déjà à 90% constituées. « Ce n’est pas facile de construire un Plan de Déplacements Urbains, concède l’expert toulousain. Il faut favoriser les pôles d’échange (bus, vélo, tram, métro, parking) et assurer un cadencement horaire régulier pour que la population accepte l’intermodalité des transports en commun.» Accepter l’intermodalité : un faux problème pour Jean Louis Bergey qui assure que les gens utilisent les infrastructures à leur disposition. Pour illustrer son affirmation, il prend l’exemple de Nantes où des parkings aménagés pour le covoiturage ont été adoptés par les utilisateurs. « On prépare la révolution » lance Didier Adès en conclusion de ce premier « Rendez-vous de la mobilité ».
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Olivier Darrioumerle