Les fauteuils sont fixés au sol, sur des plaques en acier. C’est ce que l’on appelle l’handifix. Comme en rappel sur un bateau, accrochés à une poignée, les escrimeurs se jettent dans l’air à l’abordage. Ils se fendent pour toucher et esquivent les griffes comme des chats se battent. Félins, les escrimeurs handisports le sont.
Romain Noble est des leurs. Il est atteint d’une malformation congénitale, un spina bifida de la jambe et du pied. « Le minimum pour l’handisport. » Mais ce qu’il a perdu en mobilité, l’escrimeur vice-champion d’Europe l’a gagné en agilité. Les dix ans qu’il a passé à tirailler dans les compétitions valides lui ont forgé un mental. Ce n’est qu’en 2008, qu’il participe à sa première compétition handisport, à l’épée et au sabre. « Le sabre, c’est aujourd’hui mon arme de prédilection, avec les valides je ne l’utilisais jamais ! »
« J’étais pas un crack»
Sportif de haut-niveau et entraîneur, Romain Noble ne s’imaginait pas faire de l’escrime son métier. « J’étais pas un crack». Aujourd’hui les choses ont bien changé. Les objectifs aussi : la médaille d’or aux championnats du monde de Paris et les Jeux Paralympiques de Londres en 2012. Alors, tous lessoirs, il quitte la salle d’arme de Mérignac à 22 heures. Préparation physique oblige. Un peu géné, il avoue avoir du mal à assurer l’entraînement des jeunes. « Les cadet qui ont de bons résultats et les plus jeunes qui se font plaisir. » Il se concentre sur l’essentiel et à Mérignac, personne ne le lui repproche.«Je me sens bien ici, je suis dans un bon rythme » L’escrimeur mérignacais touche du bois. Il pense que c’est la bonne année pour détrôner celui qui truste la plus haute marche du podium, son rival polonais, Stéphan Makowski. « Je sens qu’il est pas trop dedans. Lors la dernière compétition, il sort en quart. Et moi, je suis au top ! »
Olivier Darrioumerle