@qui! : Le Conseil régional s’est réuni en assemblée plénière ce 19 décembre.A cette occasion, un vote portait sur l’adoption d’une nouvelle politique de formation baptisée Politique « Nouvelles Chances ». Pouvez-vous nous décrire les tenants et les aboutissants de ce dispositif ?
Catherine Veyssy : La politique « Nouvelles Chances », est une politique à destination des jeunes de 16 à 25 ans qui sont les plus éloignés de l’emploi et /ou totalement décrochés du système scolaire.Ce sont des jeunes qui sont dans des situations d’exclusion sociales ou proches de l’être, et pour qui il est très difficile d’avoir accès à des formations. Cette politique est en fait, une véritable boîte à outil pour tenter de raccrocher ces jeunes à une formation et une qualification de leur choix. Il faut savoir que cette politique a été construite avec les 23 missions locales Aquitaine qui ont justementpour mission première de travailler sur l’accueil des jeunes. C’est à travers cette collaboration avec les missions locales qu’elles m’ont fait part de la difficulté de positionner ces jeunes sur des formations classiques; en effet il faut d’abord travailler sur les problèmes qu’ils ont en périphérie de leur besoin de formation, et leur offrir des formations assez éloignées du système scolaire pour qu’ils les acceptent.
@! : Pouvez-vous nous décrire les quatre dispositifs de cette boîte à outil « Nouvelles Chances » ?
C.V. : Le premier d’entre eux c’est « l’accompagnement renforcé » auprès des 23 missions locales. Cet outil est dédié aux missions locales, et vise à leur fournir des moyens spécifiques sur l’accompagnement de jeunes qu’ils repèrent, de par leur situation particulière. Cet accompagnement d’un montant total de 310 000 euros est inscrit dans les conventions d’objectifs de chaque mission locale.Cette nouvelle inscription « par écrit » est très importante car ça permet de véritablement sanctuariser ces fonds.Cela permettra de financer 1200 parcours de jeunes qui cumulent les difficultés de santé, sociales, financières…Et de manière concrète ce sont sur ces 1200 jeunes là que s’appuient les autres dispositifs de la politique « Nouvelles Chances ».
Le deuxième dispositif ce sont les « Chantiers formation-qualification nouvelle chance ». Ils se déroulent sur l’ensemble du territoire aquitain et ils concernent, non seulement les jeunes suivis par les missions locales, mais aussi les chômeurs de plus de 25 ans. Ce sont des chantiers qualifiants, c’est à dire que le jeune en sort avec un titre ou un début de diplôme.Pour les mettre en place, on travaille avec les communes ou communautés de communes qui mettent à disposition un support grandeur nature sur lequel l’apprenant apprend directement le geste professionnel.On peut citer plusieurs exemples : certains ont travaillé sur un lavoir au Pays basque, d’autres, en formation de tailleur de pierre ont appris leur métier en reconstruisant le mur d’un cimetière. Des formations se sont également faites pour l’entretien d’espaces verts, de maraichage bio…Dans ce cadre, ils ont une approche très concrète du métier, et voient bien que ce qu’ils apprennent c’est utile. Pour des personnes qui sont le plus souvent en situation d’exclusion, ils s’aperçoivent d’entrée que leur travail sert à la société, que eux, servent à quelque chose, et ça les valorisent énormément. Ce dispositif mis en place depuis 2009 affiche un très bon bilan: 40% des stagiaires ont directement trouvé un emploi, et 17% ont enchainé sur une formation qualifiante.
« Agir sur les problèmes périphériques pour réussir la formation »
Le troisième dispositif a été baptisé « Aquitaine Cap nouvelle chance ». Les deux premières expérimentations de dispositif, commencées toutes deux à la mi-novembre sont en cours à Bergerac et sur les Hauts-de-Garonne. Ce sont des projets atypiques que l’on a construit avec les missions locales après avoir effectué des visites dans d’autres régions qui menaient des projets similaires. Ce sont deux groupes de 15 jeunes issus des réseaux des missions locales ; ce sont vraiment les personnes les plus en difficultés de ces réseaux. L’innovation dans ce dispositif réside en ce qu’il est mis en place une action individualisée : chaque jeune va être abordé dans sa globalité. C’est-à-dire du point de vue de ses problèmespériphériques _logement, santé, etc_par tout un environnement adapté et pas seulement par un organisme de formation. En plus dans ce dispositif, il y a un accompagnement personnalisé, c’est-à-dire un suivi du jeune au niveau son choix professionnel. Ils ne connaissent pas le milieu de l’entreprise, ni même les métiers qu’ils peuvent y faire. On les accompagne pour qu’ils découvrent ce milieu-là, on les aide dans leur choix et surtout on prend le temps, puisque le dispositif a une durée de 9 mois. Ce dispositif recouvre en plus une troisième dimension lié à un projet collectif. L’idée c’est qu’ils se développent individuellement mais également en groupe, pour se confronter au groupe, et apprendre à faire quelque chose ensemble… Comme on le fait dans la vraie vie lorsqu’on travaille dans une entreprise. Le groupe des Hauts de Garonne, va par exemple monter un spectacle pour le Festival Haut de Garonne, cet été. C’est une dimension collective passionnante à visée culturelle ! A Bergerac, le secondgroupe va réaliser un livre ou un film sur les personnes célèbres de Dordogne.Dans les deux cas, même si ce sont les jeunes qui imaginent leur projet collectif, le projet est toujours suivi par un organisme de formation: l’INSUP pour les Hauts de Garonne, l’association « retravailler » en Dordogne.
Enfin, le quatrième dispositif« Nouvelle chance par l’alternance » est prévu pour 2012. Il concerne les groupes de jeunes le plus éloigné de l’emploi pour l’amener vers l’apprentissage ou le contrat pro par l’alternance. Le dispositif sera mis en oeuvre par l’AFPA sur une durée totale de 9 mois qui se décomposera en 2 phases. La première période durera de 3 à 6 mois et a pour but de préparer à l’alternance : définition de l’orientation, acquisition des codes de l’entreprises,…Sur cette phase l’idée est de s’associer avec de grosses entreprises d’Aquitaine par un système de parrainage. La deuxième phase portera sur la concrétisation du projet via un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation.
@! : Et quels sont les moyens donnés à l’ensemble de ces dispositifs ?
C.V. : Le budget global de cette politique est de 2,21M . Comme je l’ai indiqué 310 000 euros seront destiné à l’accompagnement renforcé, 1,2 M seront prévus pour les chantiers formation-qualification nouvelle chance, 300 000 euros seront consacrés aux dispositifs Aquitaine Cap Nouvelle Chance et enfin, le quatrieme dispositif, dédié à l’alternance, aura un budget de 400 000 euros.
Photos: Aqui.fr et Chantiers Tramasset
Solène Méric