Philippe Madrelle est trop fin politique pour rester, seul des grands élus, accroché à ce projet de grand contournement autoroutier de Bordeaux qu’il avait défendu de bonne heure, persuadé qu’il n’ y avait aucune autre solution, comme il le rappelle aujourd’hui, pour « éviter la thrombose de l’agglomération bordelaise, l’embolie de la rocade par les camions , et une production d’effet de serre qui est à son paroxysme avec les embouteillages ». Le conseiller général de Carbon Blanc, l’enfant du Blayais, le parfait connaisseur de la carte électorale girondine savait mieux que quiconque, en année électorale, celle qui arrive – municipales, cantonales, sénatoriales- l’inconvénient d’être le dernier défenseur d’un ouvrage qui a fini par avoir mauvaise réputation. Et il ajoute » si on me dit que l’on peut faire autrement qu’une autoroute nouvelle, alors je ne suis pas têtu, je signe des deux mains » (…)
Oui mais? ce n’est parce que le Grenelle de l’Environnement est passé par là, que Jean-Louis Borloo a fait des déclarations très vertes, annonçant la relance du fret ferroviaire et la réalisationrapided’un des deux grands corridors dans notre région,que la folle croissance du trafic de poids lourds va cesser. Telle est, en bonne logique, le rappel de Philippe Madrelle qui s’étonne que le Directeur régional de Réseau Ferré de France puisse donner à penser qu’une telle solution n’est pas possible avant trente ans! Je suis prêt à être l’homme d’un nouveau projetferroviaire clair et financé… pour les huit à dix ans qui viennent conclue-t-il »
A bien considérer cette prise de position, on se rend compte que le président du Conseil général de la Gironde ,même s’il ne croit guère aux promesses ministérielles, et à « l’effet Grenelle », jouera le jeu et ne sera pas un interlocuteur commode pour le gouvernement qui ne peut plus botter en touche, tant la situation devient critique dans notre région. C’est sans doute pour cela que le préfet Idrac continue à faire comme si peu de choses avaient changé, en continuant à parler d’un grand ouvrage qui pourrait même passer par… l’Est de Bordeaux. Parions qu’une fois passées les municipales et cantonales la question va resurgir avec vigueur, l’Etat risquant d’être pris au piège de ses contradictions, ne fussent-elles qu’apparentes.
Joël Aubert