Pour la deuxième ville d’Aquitaine, l’échéance de mars 2008 marquera, quoiqu’il advienne, la fin d’une ère. Pau a été dirigée pendant trente cinq ans par André Labarrère, un socialiste certes mais d’abord un maire exceptionnel. A sa mort, en mai 2006, Yves Urieta, élu par le conseil municipal, prend sa suite. Le combat à venir pour le fauteuil de maire sera influencé par le poids de cet héritage. Ainsi, les deux seuls candidats officiellement déclarés, à ce jour, étaient des proches d’André Labarrère : Yves Urieta, son successeur, d’un côté, et Martine Lignières-Cassou, sa première adjointe pendant près de 11 ans, de l’autre ( notre photo) Après la visite du maire à l’Elysée, celle-ci a obtenu le soutien du parti socialiste pour les municipales. Un troisième homme devrait se déclarer très prochainement, François Bayrou, actuellement député des Pyrénées Atlantiques. Hormis Yves Urieta, tout le monde s’accorde pour considérer que le temps est venu de tourner la page » Labarrère ». Mais l’altermondialiste élu en 2001 sur la liste « Verte et Ouverte », Eric Schartz, n’y croit pas. « D’ailleurs, en conseil municipal nous devons voter pour que la place Clemenceau devienne la place André Labarrère, soupire-t-il, non sans quelque ironie. Chacun, ajoute-t-il, essaie de s’arroger un héritage pour se renforcer. »
Un « plat un peu indigeste »…
Au-delà des enjeux locaux, c’est le devenir de la deuxième ville d’Aquitaine, actuellement à gauche, qui est en suspens. « Les municipales sont évidemment un rendez-vous politique national, calcule Olivier Dartigolles, secrétaire départemental du PCF (Parti communiste français). Doit-on compter sur un vote sanction contre Nicolas Sarkozy ? La gauche va-t-elle laisser Pau tomber entre les mains de Bayrou ? s’interroge le porte-parole du PCF dont on dit qu’il pourrait être un possible successeur de Marie-Georges Buffet. » La présence du leader du Modem ( photo ci-contre) va mettre les élections municipales paloises au cœur du débat national. « François Bayrou risque beaucoup dans ces élections, constate Michel de Proyart. »Mais nombre de ses adversaires savent qu’il doit montrer l’exemple s’il veut construire un parti et avoir un destin national. Ces prochains jours devraient éclaircir les positions sans pour autant garantir l’émergence d’un débat de fond sur un projet palois. Un projet qui prenne en compte une cité béarnaise en pleine mutation.