Le Parc des Coteaux entre nature et usages


Solène Méric

Le Parc des Coteaux entre nature et usages

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 27/04/2016 PAR Solène MÉRIC

Il couvre 400 ha sur 4 communes, compte 10 parcs publics, offre de rares panoramas sur la métropole, quelques sentiers sauvages, un intérêt faunistique et floristique certain (puisque classé en ZNIEFF) et plusieurs belles propriétés viticoles, le tout en milieu urbain… Le Parc des Coteaux « redécouvert » à l’initiative du Grand Projet des Villes Rive Droite au début des années 2000, poursuit sa valorisation collective et partagée à l’échelle intercommunale.

« Faire exister ce parc »

Ce 26 avril, au Quartier général de Panorama situé à l’entrée du parc Séguinaud à Bassens, avait lieu la première journée de travail autour de l’élaboration d’un plan de gestion du Parc des Coteaux, joliment baptisé « La sagesse du jardinier ». Un plan de gestion, un peu éloigné sur le fond et sur la méthodologie de ce que peut habituellement être ce type de document.

Faire appel à « la sagesse des jardiniers »

Première particularité, travaillé à l’échelle intercommunale, entre Floirac, Cenon, Lormont et Bassens, il permettra de garantir la cohérence des pratiques sur l’ensemble du Parc de Coteaux, tout en s’adaptant aux particularités. Benjamin Chambelland, paysagiste chargé de mission Nature au GPV et coordinateur du projet, en témoigne, « jusque-là, ce type de guide n’existe pas ici et les jardiniers de chacune des quatre communes travaillent au quotidien avec leur propre manière de faire et sensibilité. Et les services Environnement de chaque Mairie sont aussi très différents les uns des autres. L’idée c’est de faire exister ce parc, en réussissant à accorder ces différences ».

Pour autant pas question de nier les jardiniers ni leur regard et connaissance sur l’environnement d’un parc qu’ils pratiquent et travaillent chaque jour, bien au contraire. « Un des objectifs du plan de gestion, c’est bien de valoriser leur métier. D’autant qu’aujourd’hui ils n’ont pas qu’un rôle esthétique, mais bien aussi un rôle social, les gens sont demandeurs, et s’interessent à leur savoir-faire.» Des acteurs de médiation, en quelque sorte, entre le public et l’environnement qui l’entoure.
Dans cet esprit, les jardiniers communaux étaient donc conviés les premiers ce 26 avril dans la matinée afin de leur présenter la démarche qui s’enclenche. Leur présenter et les y inclure, « pour savoir ce qu’ils font et comment, et si besoin, améliorer avec eux certaines choses ». Bref, le plan de gestion le porte sur lui : il s’agit bel et bien de faire appel à « la sagesse des jardiniers » pour le construire. Parmi les sujets à aborder, la question des produits phytosanitaires, dont nombre d’entre eux déjà se passent, mais dont ils devront de toute façon se passer de plus en plus, puisqu’au 1er janvier 2017, ces produits seront interdits par la loi pour l’entretien des espaces verts, forêts et promenades publiques…

« Une porosité permanente entre ville et nature »

Au-delà des relations mises en place avec ces techniciens des quatre communes, l’objectif du plan de gestion est plus large encore. Il s’agit, et c’est une première dans le genre, d’associer dans un même document « la préservation des qualités de cet espace de nature en ville avec le développement des usages que le public y développent ». Habituellement cette question des usages n’est pas prise en compte. En bref, le projet se veut à l’image de ce qu’est la rive droite de la métropole : « une porosité permanente entre ville et nature », comme le note Charlotte Huni, responsable du développement culturel du Parc des Coteaux.

Parc de l'Ermitage, partie du Parc des Coteaux

Une équipe pluridisciplinaire au service de la nature et des usages

Une ambition forte qui se traduit par la mise en place de deux pôles au sein de l’équipe chargée de l’élaboration de ce plan : un pôle « Nature », et un pôle « Usages ». Une équipe par conséquent pluridisciplinaire, dont les premiers échanges ont eu lieu mardi dans l’après midi. Autour de la table, étaient présents des représentants des services environnementaux des communes, des paysagistes, des naturalistes de l’association Cistude Nature, des spécialistes de la gestion forestière (cabinet Riboulet ) et de l’étude des sols (bureau d’étude Becheler conseils), mais également les designeurs ds usages et sociologues de Design Territoire Alternatives…

Sur le plan de la méthodologie, du côté du pôle « nature », le travail sera relativement « classique », s’agissant par exemple pour les naturalistes de Cistude nature, de « dresser un inventaire de la faune et de la flore présente sur le Parc», indique Mathieu Molières, en charge de la coordination écologique du plan de gestion. Côté faune, seront notamment recensés les papillons, libellules, amphibiens, oiseaux, chauve-souris, mais aussi tous les mammifères terrestres. « Une attention particulière sera également portée aux espèces rares ou protégées pour veiller à leur préservation une fois le plan de gestion mis en œuvre. Idem si l’on repère des habitats naturels… » Mais au delà de l’observation, l’association va également se charger de former les jardiniers « sur la reconnaissance d’espèces, ou encore sur la chasse au papillon de nuit…»

 » Cadrer les usages observés avec les représentations exprimées »

Côté sociologues et « designeurs des usages », la démarche, toute nouvelle sera pour le coup beaucoup plus empirique reconnaît volontiers le sociologue Fabien Reix. «  Nous allons mener un premier travail exploratoire, pour affiner une méthode qui reposera essentiellement sur de l’observation. Nous allons nous même nous mettre dans la peau d’un promeneur, puis travailler autour de la photographie, rencontrer les usagers du parc… Mais aussi identifier les représentations de ce parc, tant des institutionnels, que des professionnels ou des riverains afin voir si l’on peut cadrer les usages observés avec les représentations exprimées. » Au total donc, une démarche qui partira du terrain, avant d’établir un certain nombre d’hypothèses et de propositions. Celles-ci seront ensuite « confronter à la réalité par le biais d’expérimentations avec les usagers ». Par exemple, la mise en place d’une signalétique particulière éphémère. « L’idée c’est d’être opérationnel sur les dispositifs qui pourraient être créés tout en poursuivant les observations ».

Autant de diagnostics et de temps de co-construction entre « nature » et « usages » qui devraient durer un an environ avant la rédaction et le déploiement concret du plan de gestion.

A noter, une troisième dimension ajoute encore une particularité à ce projet résolument novateur en terme de politique publique : son intégration à un travail de thèse, sous la forme d’une recherche-action, menée par Benjamin Chambelland, à ce titre coordinateur et en charge de son suivi. Au nombre des partenaires institutionnels nombreux (les 4 municipalités, le département, l’agence de l’eau Adour Garonne, la Métropole, l’Etat, la Région) s’ajoute donc l’Université Bordeaux Montaigne, et plus particulièrement le laboratoire Passage auquel appartient le paysagiste.

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