PAC 2023 : « On sauve le budget national et régional »


Suite à l'été caniculaire, les éleveurs bovins ont commencé à décapitaliser faute de fourrages suffisant. Un changement climatique, moteur du verdissement des pratiques

Les éleveurs bovins ont commencé à décapitaliser faute de fourrages suffisantJulie ALLEAU

Les éleveurs bovins ont commencé à décapitaliser faute de fourrages suffisant

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 29/09/2022 PAR Corinne Merigaud

Gelées tardives, grêle, canicule et sécheresse, les ingrédients ont été réunis depuis le printemps pour plomber les récoltes dans la région. Si d’un bout à l’autre de la Nouvelle-Aquitaine, les conséquences diffèrent selon les productions, l’enjeu est le même partout et pour tous, s’adapter au changement climatique. Luc Servant, président de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine a fait le point.

La conjoncture n’est pas au beau fixe pour les agriculteurs en raison de la situation géopolitique défavorable et de ses répercussions sur de nombreux systèmes de production. « En Nouvelle-Aquitaine, l‘impact est très fort sur le coût des matières premières et des intrants multipliés par quatre ou cinq relate Luc Servant. Les coûts de revient flambent, personne n’aurait pensé que le blé monte à 450 € la tonne et à 1 000 € pour le colza et le tournesol ! »

Quand la météo déraille avec gelées tardives, trois pics de chaleur à 40, pas de pluie cet été et des épisodes de grêle, les récoltes sont en baisse. « Au 1er août, c’était – 23 % pour le maïs dont la récolte n’est pas terminée, -15 % pour le blé, -35 à -45 % pour l’herbe et on attend -50 % pour les fourrages ». Des chiffres dégradés en fin de récolte laissent présager un hiver difficile. « Les éleveurs manqueront de fourrages pour nourrir leurs troupeaux jusqu’au printemps. »

La décapitalisation des bovins en marche

Sans fourrages et face à l’envolée des prix, les éleveurs bovins ont commencé à décapitaliser. Un phénomène structurel amplifié par la conjoncture constaté par Pascal Lerousseau, président de la Chambre d’agriculture de la Creuse. « La décapitalisation concerne aussi les petits cheptels, ceux qui avaient 100 mères vaches passent à 80 et ceux qui en avaient 50 à 40 voire 30 quand ils peuvent faire autre chose, des céréales par exemple. On avait vu ça il y a 25 ans pour le cheptel ovin divisé par deux au final. » Avec des bêtes perdues, l’impact sur les naissances se verra l’année prochaine avec « le risque de manquer de viande et de lait et d’aller en chercher ailleurs » craint-il.

Alors que les prix connaissent une embellie, le marché bovin viande pourrait s’engorger et ceux des céréales baisser vu que « la production mondiale est là avec une récolte record en Russie » ajoute Luc Servant redoutant un blé tombant à « 100 € la tonne .»

Luc Servant, président de la Chambre régionale d’agriculture et Pascal Lerousseau, président de la Chambre d’agriculture de la Creuse ont fait un bilan des récoltes

« Un projet résilient pour chaque exploitation »

Dans ce contexte, la nouvelle PAC via son Plan Stratégique National entrera en vigueur le 1er janvier « en baisse de 2 % mais on parlait de -15 à -20 % donc on sauve le budget national et régional » constate-t-il. Il faudra compter avec le verdissement des aides via l’éco-régime, plus exigeant au niveau environnemental (rotations, diversité, pratiques culturales, certifications) pour percevoir le même montant. « On doit emmener le maximum d’agriculteurs, même ceux qui ne sont pas engagés dans ces dispositifs, et on veut que la Région maintienne ses moyens si elle a des objectifs ambitieux pour l’agriculture ». Autre objectif : « aller chercher un maximum de jeunes pour l’installation. »

L’accompagnement des agriculteurs au changement climatique sera le leitmotiv pour la fin de la mandature avec, en ligne de mire, la souveraineté alimentaire, la relocalisation de certaines productions et la reconnaissance des services rendus pour le stockage du carbone. « On s’engage dans les 2-3 ans à accompagner tous les agriculteurs pour qu’ils aient un projet propre à leur exploitation et les rendre plus résilients au changement climatique avec le Varenne de l’eau ». Depuis le 12 septembre, l’Association Carbone Climat Environnement Nouvelle-Aquitaine, dédiée à la filière forêt, est étendue à l’agriculture pour un accompagnement vers les transitions agricoles et sylvicoles.

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