C’est bon Romain, tu peux y aller maintenant…
Que c’est bon de ne pas respecter les logiques soient disantes implacables. Qu’il est bon sur une terre de contrastes et de paradoxes de jouer la régularité et de pousser la logique de l’excellence au plus haut point. Quelle satisfaction dans un pays aux beautés cachées et à la sérénité de tous les instants, de s’inspirer de cette grandeur pour s’exprimer au plus haut niveau de ses performances. Romain Mesnil est vice-champion du Monde du saut à la perche ! Bravo. Grâce à lui la tradition du saut à la perche française est respectée. Mais aussi et surtout, un garçon d’un équilibre et d’une gentillesse à montrer en exemple nous démontre que le travail, l’application et la volonté de gérer au plus précis tous les détails, le tout accompagné d’une fringale de ce plaisir vainqueur de l’adversité, autorisent tous les rêves de grandeur.
Romain n’est pas un égocentrique forcené. Il ne fait pas partie de ces êtres imbus de leur personne et prétentieux, affirmant à qui veut bien l’entendre qu’il va tout écraser. Il n’a pas besoin de ça pour exister. Il a déjà son métier et le saut à la perche est pour lui le moyen d’exprimer sa personnalité. Personne ne saura jamais si Romain s’est inspiré des jardins et parc entourant les temples Japonais. Ilnous dira peut-être un jour s’il a goûté à pleines dents les plaisirs de la cuisine nippone pour préparer ses deux concours. S’est-il imprégné de la sérénité dégagée par ces endroits dont la magie vous emplit dès le franchissement de leur porte ? S’est-il plongé et inspiré de cette culture de contrastes ? Après tout ce n’est pas le plus important. L’essentiel est que Romain nous ait fait plaisir ense faisant plaisir. Qu’il nous ait rendu heureux en s’éclatant perche en main et qu’il nous ait fait vivre des moments extraordinairesd’intensité. Vivant passionnément ces instants de batailles avec les meilleurs perchistes du Monde. Le bonheur d’être présent sur un podium de championnats est difficile à décrire tellement le moment est intense. Le temps est suspendu l’espace d’une cérémonie. Cette impression que le Monde ne regarde que vous… S’autoriser un brin de narcissisme, s’emplir d’un double sentiment d’invincibilité et de travail bien fait. Il reste à Romain pour atteindre le summum de franchir la dernière marche qui le sépare d’un titre de champion Olympique. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !
Son exemple inspirera peut-être quelques uns des athlètes français ayant trop donné l’impression d’avoir profité de bonnes vacances dans les rues commerçantes et les boîtes de nuit du centre d’Osaka. Beaucoup d’entre eux n’ont toujours pas compris les exigences du haut-niveau et ne les comprendront probablement jamais. C’est aux responsables de la fédération de montrer la voie qu’elle souhaite suivre : soit continuer à envoyer une délégation dans laquelle malheureusement, et je le regrette au plus haut point en tant qu’ancien athlète, une bonne moitié ne possède pas les épaules pour combattre. Soit modifier le mode de sélection de telle façon que le risque de contre-performance ne soit réduit qu’à sa portion congrue. Il faudra être courageux et commencer aussi par se demander si les moyens mis actuellement en place sont les plus judicieux.
En attendant Romain peut maintenant profiter à plein d’une bonne bouteille d’Haut-Brion 87 ou de Pavie 86. Les deux sont prêts à boire et lui permettront certainement d’avoir un avant goût du plaisir qui l’attend peut-être à Peking. Saïonara Osaka, Ni hao Peking.
Alain Blondel
pour Aqui.fr