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PUBLIÉ LE 04/02/2011 PAR Anne Duprez« A côté du genre » est un recueil de textes en forme de constat. Là aussi, il rassemble: les diverses occurrences de la pensée philosophique de Geneviève Fraisse quant à la thématique de la « différence des sexes ». Il contient dans son titre toute la difficulté à faire de ce thème un objet de pensée philosophique, en même temps qu’une image de la démarche choisie par la philosophe, souvent « hors-champ » et poursuivant ce qui est parfois qualifié de « drôle d’idée ». Mais Geneviève Fraisse ne saurait se contenter de l’apparence lisse des choses, ni même d’un certain chaos. Patiemment, écrit-elle, elle organise le désordre, rassemble les morceaux du puzzle, revisitant la question des femmes dans l’Histoire et dans la tradition philosophique. Patiemment, elle recrée une vision d’ensemble, observe, comprend et fait comprendre les liens que souvent d’autres ont refusé de voir. La controverse offre alors tous les versants du problème, intégrant aussi bien « la lumière rouge des émotions » que « la lumière blanche de la vérité », loin des pensées trop réductrices. Geneviève Fraisse remet les choses à leur place, oppose ce qui est opposable: identité et différence, et ce qui en découle en politique: égalité, liberté. « Il ne peut y avoir une application mécanique de l’égalité car les hommes et les femmes sont semblables ET différents ». L’égalité se construit avec la liberté de chacun, laquelle fait parfois peur. « La peur du démocrate » face à ce qui peut le dépasser, un jour, dans l’Histoire, la peur de l’opinion aussi, encore trop peu encline à élire des femmes, alors même que la citoyenneté leur est acquise, en France, depuis plus de cinquante ans…
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Vigie attentive sur la route du philosophe
Deux autres femmes sont présentes chez Platon: Diotime et Aspasie. Mais leur pensée philosophique s’exprime par la voix de Socrate, et les cantonne du coup dans un schéma d’être relatif à autrui, dans un schéma où s’affirme la domination masculine. La servante de Thrace, pourtant anonyme – mais, qui sait, universelle?- agit en son nom propre, c’est son rire qui éclate, et en cela aussi la seule partie vraiment libre d’elle-même. Elle, l’esclave, ose soudain: elle laisse échapper son rire. Elle est là où on ne l’attend pas, vigie attentive sur la route du philosophe qui a choisi de ne fixer qu’un seul point de vue. Et, parce que « l’égalité ne poussera jamais comme l’herbe verte », Geneviève Fraisse vigile. Elle est là où on ne l’attend pas, là où on ne pensait pas aller. Et même si, conclut-elle, la différence des sexes en philosophie est une question à jamais ouverte, sa pensée acérée éclaire bien des chemins. De ceux, où on a « le sentiment de voir un éclat de lumière printanière dans la grisaille de la domination masculine »… comme un éclat de rire?
Photo éditions du Bord de l’Eau, tous droits réservés
Anne DUPREZ
« A côté du genre, sexe et philosophie de l’égalité », Geneviève Fraisse. Le Bord de l’Eau éditions, 2010.
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