Relancer la Charte nationale pour des plages sans déchet plastique, telle était la mission sur la Côte basque, cette semaine, de Barbara Pompili à Biarritz. Un défi adressé aux communes littorales. La ministre de l’Environnement et de la transition écologique n’y est pas arrivée en terre inconnue. Elle s’était rendue dans la station balnéaire quand celle-ci avait été une des 10 premières villes à adhérer il y a un an à cette Charte pour des plages sans déchet plastique. Une forme d’état des lieux. D’autant que les services de la Ville ramassent entre 3 et 4 tonnes de déchets au large de ses côtes, dont 150 kilos de plastique.
Accueillie par le nouveau maire de la célèbre station balnéaire, Maïder Arosteguy, la ministre a effectué sa première visite – à pied — de l’hôtel de ville au petit port des Pêcheurs où mouille un bateau spécialement consacré au ramassage de déchets au large. (notre photo). C’est là aussi qu’elle a fait connaissance avec l’association « Water family » créée en 2009 et connue auparavant sous le nom « Du Flocon à la vague », quand Bernard Crepel, le père du champion de snowboard Mathieu, et Renaud Herman ont créé un événement sportif et symbolique pour retracer le trajet du cycle de l’eau de la montagne (le flocon) à l’océan. Depuis, cette association a créé des outils pédagogiques remarquables pour sensibiliser les enfants et ados sur ce cycle de l’eau. Visiblement impressionnée par ce travail exposé par une des animatrices, Marion Thenet, la ministre a exprimé l’intention d’en parler au ministre… de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.
Surfrider Foundation Europe, infatigables gardiens des Océans
Incontournable était aussi sa rencontre à la Grande plage que le cortège gagna toujours à pied, avec, disons, les pères européens de la protection des océans: Surfrider Foundation Europe, chargée de la protection et de la mise en valeur des lacs, des rivières, de l’océan, des vagues et du littoral. Créée en 1990 et parrainée par le surfeur champion du monde Tom Curren, cette association regroupe à ce jour plus de 13 000 adhérents et intervient sur 11 pays, via ses antennes bénévoles. À l’origine de nombreuses campagnes, comme Initiative océanes, elle travaille sans relâche pour sensibiliser les visiteurs du littoral aquitain.
Après avoir accueilli Barbara Pompili, son président, Gilles Asenjo, un des avocats historiques de l’association, ancien contrôleur aérien, a souligné, en présence du maire Maïder Arossteguy, (notre photo) le chemin parcouru par Surfrider avant que Florent Marcoux, le directeur général n’intervienne pour rappeler » le travail de monitoring pour faire évoluer les situations. Les enjeux sont encore très importants sur les microplastiques. Le recyclage, c’est bien mais pas suffisant. Il faut diminuer la production à la source. »
Un avis que partage Lionel Poitevin, directeur régional de l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie) après s’être félicité de l’adhésion des stations majeures du littoral à la Charte. « 80% des déchets plastiques sont produits en amont. Il faut que le couple consommateurs-producteurs fonctionne bien. »
« Avant que la ministre ne s’exprime, le maire de Biarritz précisait: « Je trouve importante votre visite qui permet de relancer cette charte signée il y a un an et qui a été un petit peu freinée par l’apparition du Covid et ce que l’on porte sur le nez, les masques. On sort d’une campagne qui nous a mis en contact avec les citoyens et sommes très sensibilisés par ce domaine de l’environnement et de la biodiversité. Le travail est immense. On a encore beaucoup de travail à faire en interne à la mairie de Biarritz. Alors on va commencer par balayer devant notre porte afin d’être exemplaires et votre visite est l’occasion pour nous de refaire un point et de remettre une dynamique sur l’application de cette charte car le temps nous est compté: 2040 ça parait loin, mais en réalité c’est demain et il nous faut changer les mentalités. On a beaucoup de travail, vous pouvez compter sur nous, sur Biarritz qui se veut ville exemplaire, c’est une tradition et je reprends cette tradition accompagnée par des élus qui ont une grande sensibilité à ces questions-là et qui, si, je m’en éloigne auront à cœur de m’y remettre. »
Barbara Pompili: « Cette charte doit se vivre! »
« Cette charte, pour moi, elle doit se vivre. Il y avait des communes un peu pionnières qui se sont lancées et moi je suis ravie d’être aujourd’hui dans une de ces communes. Il y a aujourd’hui 20 autres communes qui veulent s’y inscrire et en prendre les engagements et l’idée est que cela se diffuse le plus possible. Pourquoi? La transition écologique, c’est toujours la même chose: on peut avoir de grandes idées, faire les lois mais à un moment il faut qu’elles puissent se réaliser sur les territoires. Si les territoires ne s’en emparent pas, on aura beau faire toutes les plus belles lois du monde, si ça n’est pas repris au niveau local avec tous les acteurs qui travaillent ensemble… C’est très important qu’il n’yait pas que les élus dans leur coin mais les élus avec les associations, les établissements publics et les citoyens. Si on ne met pas tout le monde autour de la table on n’y arrivera pas. Cette charte est l’idée de rassembler tout le monde pour un projet assez simple, accessible. Quand Surfrider fait du ramassage de déchets sur les plages, je vois qu’on attire par un sujet, qu’on commence à infuser, qui d’un seul coup ouvre l’esprit et commence à nous interroger sur notre manière de vie, de nous transporter. »
Les masques jetés par terre, la nouvelle pollution du Covid
Le Covid et les masques que l’on retrouve sur les trottoirs, négligemment abandonnés ne transforment-ils pas à leur tour, la lutte contre la pollution en tonneau des Danaïdes? Ce mythe de l’inépuisable?
» Nous avons envoyé des kits sur cette charte dont vous allez pouvoir vous servir et de profiter du fait que nous sommes en été et qu’il y a du monde sur les plages pour repasser le message à tout le monde, rappelle la ministre de l’Environnement et de la transition écologiques. « Et chacun à votre niveau pouvez être des écocitoyens. » Mais voilà, le Covid, non content de ses dégâts, a ouvert une nouvelle pollution, due, une fois de plus à l’humain, comme l’a constaté et le déplore Barbara Pompili: « Malheureusement, nous avons une recrudescence de rejets, notamment de masques. On ne fait pas assez d’annonce sur l’amende à 135 euros qui les sanctionnent. Le premier geste éco-citoyen est d’éviter de laisser son masque par terre. Si vous en trouvez un par terre, prenez-le et jetez-le dans une poubelle. C’est une petite chose, mais si tout le monde le fait, cela occasionnera beaucoup moins de travail pour toutes les équipes chargées du nettoyage. »
Longue, si longue est cette route d’un monde meilleur, pavée de bonne et mauvaise intentions… D’autant que la ministre se rendait ensuite à Anglet afin de constater, avec le maire Claude Olive et le président du Conseil départemental Jean-Jacques Lasserre, les dégâts occasionnés par l’incendie d’origine humaine du poumon de l’agglomération. Et partager avec les élus les moyens de lui redonner vie. Mais cela est un autre sujet.