Municipales : Thomas Cazenave veut questionner Bordeaux


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Municipales : Thomas Cazenave veut questionner Bordeaux

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 04/07/2019 PAR Romain Béteille

@qui.fr – En Marche vous a investi ce lundi pour incarner leur candidat lors de la campagne des municipales à Bordeaux. Des critiques émanent déjà de l’opposition, notamment socialiste, évoquant un « parachutage ». Comment interprétez-vous ces critiques ?

Thomas Cazenave – Mon parti politique a certes décidé de l’investiture mais sur la base d’un projet qui a été mené localement. Ca fait des mois que je travaille avec les « marcheurs », les animateurs de comités locaux, les députés et les élus pour proposer une démarche dans la perspective des municipales. Ce n’est pas une décision qui tombe du national. Tous les animateurs des comités locaux et les députés de la Gironde ont signé une lettre à destination de la commission nationale d’investiture pour soutenir notre projet. J’ai contribué à créer le mouvement en Gironde avec Catherine Fabre et Tanguy Bernard. Quand on a lancé En Marche avec Emmanuel Macron, j’étais là. Je suis bordelais, je suis né ici, j’ai fait mes études ici. Je balaye ce sujet d’un revers de main. Je ne sais pas ce que ça veut dire « être techno ». J’ai travaillé au ministère de l’Économie et des finances, en entreprise, j’ai enseigné, j’ai été directeur de cabinet adjoint auprès d’Emmanuel Macron… oui, j’ai eu plein d’expériences professionnelles à différents postes de responsabilité. Je ne considère pas que la politique c’est un métier, c’est un engagement.

@qui.fr – Le MoDem local, piloté par le premier adjoint au maire Fabien Robert, s’est rapidement rallié au candidat Nicolas Florian. Les socialistes ne se sont pas encore tout à fait déclarés, les écologistes et RN font cavalier seul… Quel regard portez vous sur le contexte local ?

T.C – Pour ce qui est du MoDem, je regrette qu’ils n’aient pas voulu s’inscrire dans un accord national. On est différent, on n’a pas les mêmes valeurs ni le même engagement, on n’a pas soutenu le même projet ni les mêmes équipes. On ne va pas faire un grand tout dans lequel on considère que tout le monde pense la même chose. J’aurais préféré travailler avec le MoDem mais c’est une décision qui lui appartient. Je ne suis pas dans une logique d’alliance ou d’appareils. Je souhaite simplement lancer un projet très ambitieux avec des méthodes participatives, ancrées dans le territoire, par quartier. Pour l’instant, les alliances ne sont pas notre préoccupation.

@qui.fr – Vous avez démarré votre campagne, par l’intermédiaire d’une « grande marche des quartiers » initiée le 14 mars dernier. Quels enseignements en avez-vous tiré vis-à-vis des attentes des citoyens bordelais ? 

T.C – D’abord, je dois dire que l’on croit beaucoup à ces approches de porte à porte pour comprendre les attentes des bordelais. Ça confirme, au-delà de la vision globale, que les attentes d’un quartier à un autre sont parfois très différentes. Ça valide l’idée qu’il faut proposer des idées à la maille des quartiers. Il y a une volonté des citoyens de contribuer. Globalement, les gens sont toujours prêts à faire des suggestions. Il faut pouvoir aller beaucoup plus loin dans l’écoute et la construction. Après la grande marche, on a fait des ateliers thématiques autour de plusieurs sujets : la culture, la transition écologique, la citoyenneté et le logement. On a eu une bonne participation autour de marcheurs et de non-marcheurs. Je pense qu’il faut absolument laisser ces espaces de contribution et de dialogue pendant le projet et même au-delà. Il faut laisser plus de place aux citoyens. Enfin, ça confirme qu’il y a le besoin d’une nouvelle ambition, d’un nouveau dessein collectif.

On sent bien, après 25 ans avec Alain Juppé, qu’on est dans une étape nouvelle. La grande question c’est : qu’est-ce qui se passe après ? Les bordelais ont des préoccupations majeures comme la transition écologique, on l’a vu avec les résultats des élections européennes. Ce message est clair et fort et sera répété aux autres échéances. Le deuxième sujet majeur, c’est la crainte d’une ville qui ne soit plus accessible à tous au niveau du logement. Il y a une vraie réalité de pauvreté (17% de bordelais en dessous du seuil de pauvreté), une population en train de se polariser avec des familles qui ne peuvent plus se permettre d’acheter dans Bordeaux et doivent quitter la ville. La ville accessible à tous, c’est aussi une ville qui offre des opportunités professionnelles : la question de l’emploi reste, elle aussi centrale, surtout quand on sait qu’il y a aujourd’hui 30 000 demandeurs d’emplois à Bordeaux. La mobilité est aussi un sujet essentiel : on est en situation d’engorgement, cette question remonte de toutes nos démarches et tout le monde a conscience que cette situation va s’aggraver avec les milliers de logements à venir et des transports déjà en pleine capacité. 

@qui.fr – Globalement, même si les programmes ne sont pas encore précisément établis, vos priorités sont partagées par vos principaux concurrents. Qu’est-ce qui, selon vous, va vous permettre de vous démarquer des autres ?

T.C – Les préoccupations sont uniformes, mais il faut se demander comment on les transforme en ambition collective. Jusqu’où on est prêt à transformer la ville de pierre en ville verte ? On compte 28 mètres carrés d’espace vert par habitant sur le tramway bordelais. La place Nansouty vient d’être refaite, elle est minérale. On verra sur les propositions concrètes quel est le niveau d’ambition des uns et des autres. Si la réponse sur la mobilité passe par un énième débat sur un métro bordelais qui mettra quinze ans à produire ses effets, on n’aura pas le même projet. Le diagnostic est similaire, la question c’est le niveau d’ambition du projet. Au niveau de l’emploi, je n’ai pas eu l’impression qu’on laissait émerger de filières structurées à part le vin et l’aéronautique. On ne va pas tous se verdir au moment des élections, ce ne sera pas de simples ajustements. 

@qui.fr- La soirée du mercredi 3 juillet était l’occasion de lancer officiellement la campagne pour votre mouvement « Renouveau Bordeaux ». Comment va se dérouler la suite ?

T.C – Il faut se questionner sur ce qu’on a fait jusqu’à présent et s’engager sur une nouvelle méthode. On va faire venir des gens qui ne seront pas forcément marcheurs. On ne déroulera pas des petites mesures, il faudra qu’on soit d’accord avec les bordelais sur les grands axes. On va aller directement dans tous les quartiers pour continuer cette approche participative et faire contribuer les habitants. On fera des réunions publiques, des ateliers dans lesquels on vient travailler et construire des idées. On va aussi discuter, au-delà de Bordeaux, avec la métropole pour essayer de dessiner un projet d’agglomération. J’aborde cette démarche avec humilité, on croit en un projet progressiste à Bordeaux. Cette échéance-là n’est jamais jouée mais le débat sera important pour montrer d’éventuelles divergences. Par rapport à mes missions nationales, je me questionne pour savoir si les projets municipaux sont mis en œuvre jusqu’au bout. Sur Bordeaux, j’ai été surpris en regardant le budget de la ville et la manière dont il été exécuté. Sur la réfection des écoles, 33% du budget est mis en œuvre. Sur l’accessibilité des établissements publics, on est à 15%. Quand des élus votent des budgets et ne les exécutent pas, ça traduit deux problèmes : soit que vous prenez des engagements que vous ne savez pas tenir, soit que la tendance ne suit pas. L’exécution, c’est l’enjeu de confiance entre les citoyens et les pouvoirs publics.

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