Municipales : le plus petit village de France se cherche un maire


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Municipales : le plus petit village de France se cherche un maire

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Publication PUBLIÉ LE 24/01/2008 PAR Nicolas César

« Je ne sais pas qui se présente aux élections. De toute façon, peu importe le maire, cela ne changera pas mon quotidien », explique, un peu désabusé, Olivier, un jeune Castelmoronais. La remarque a de quoi surprendre, car ici, à Castelmoron d’Albret, dans cette cité médiévale, bâtie à 30 mètres de hauteur, sur un pic rocheux, chacun des 62 habitants du village se connaît et tout se sait très vite. Il ne faut que cinq minutes à pied pour traverser les trois hectares et demi de ce plus petit village de France. Les maisons, toutes en vieille pierre sont accolées les unes aux autres. Malgré cette promiscuité, les habitants, comme Marie-Louise, qui vit ici depuis des décennies, s’interrogent : « le maire est-il candidat à sa succession ? ». Pour le savoir, il faut le demander à l’intéressé, Claude Hernandez, retraité : « je suis candidat, mais ce n’est pas avec un enthousiasme délirant que je repars. C’est mon quatrième mandat. Je souhaite qu’il y ait une relève. » Mais, elle se fait attendre. A ce jour, il peine à trouver des conseillers municipaux. Il n’a réussi à en convaincre que six sur neuf pour sa liste. Et cela n’étonne guère Claude Hernandez. « Vous savez ici, on fait ce qu’on peut ! Notre budget atteint tout juste 70 000 euros. Que voulez-vous faire avec ça ? » se désole t-il. Pour lui, le programme électoral, « c’est du pipeau ». A ses yeux, ce qui compte, c’est la gestion au quotidien : régler les différends de voisinage, les problèmes entre les jeunes et les anciens, les chiens errants… Mais, « j’en ai assez de tous ces conflits. Le village a changé depuis une dizaine d’années. Il n’y a plus la même ambiance » confie Claude Hernandez, marié à une Castelmoronaise depuis plus de 30 ans. Il est vrai que la place centrale du village, la halle, est de plus en plus déserte. Aujourd’hui, près du tiers des habitations du village sont louées. « Et ces gens qui viennent chez nous ne s’intéressent pas à la vie du village, c’est juste un dortoir pour eux » regrette le maire de Castelmoron d’Albret. « Les âges sont trop décalés » confirme Delphine, la vingtaine.

« Il n’y a pas de démocratie »

Dans ces conditions, les candidats à la mairie ne se pressent pas. Résultat, « nous n’avons pas le choix. Il n’y a pas de démocratie. Les gens vont aller voter pour le maire et sa liste avec ses amis. En 1995, il y a avait eu une deuxième liste, mais cela avait fait plein d’histoires après dans le village » regrette Marie-Louise. Les élections sont presque devenues un sujet tabou dans le village. « Je ne préfère pas donner mon avis, car tout se sait ici » indique une habitante, qui n’a pas souhaité révéler son identité. Cependant, certains, dans l’opposition, attendent leur heure, mais sans illusions. André Grèze, président du comité de soutien à Ségolène Royal en Gironde, se dit « disponible pour arranger les choses dans son village ». Toutefois, « je ne rentrerai pas dans le jeu pour affronter pierre, paul, jacques, dont on sait pertinemment pour qui ils votent. Je ne me présenterai que s’il y a un consensus large pour faire mieux vivre Castelomoron, qui est en déshérence. » prévient-il. Finalement, Castelmoron d’Albret pourrait bien connaître une campagne municipale agitée, si une deuxième liste se présente. Mais, attention, ici ce ne sont pas des partis politiques qui s’affrontent, mais des familles, qui se connaissent sur le bout des doigts.

Nicolas César

 


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