Dans le paysage local, Gérard Chausset n’est pas un petit nouveau : élu à Mérignac en tant qu’adjoint depuis 2001 a connu quelques soubresauts partisans : en 2017 il a quitté les Verts (sans pour autant quitter l’écologie) après 27 ans d’engagement. En juin 2019, c’est le parti En Marche qu’il a quitté, après l’avoir rejoint dans l’élan fédérateur des dernières présidentielles. Aujourd’hui, le conseiller communautaire métropolitain, président de la commission transport, veut donc s’imposer en tant que porteur de nouvelles idées pour la ville dans laquelle il est adjoint.
Du vert un peu partout
Sans faire de liste à la Prévert, on peut au moins dessiner les grandes lignes. D’abord, comme on l’avait imaginé, cette somme d’idées se fait sur un grand fond vert, même si le logo d’EELV n’est plus derrière. « Compte tenu de l’urgence écologique, je pense qu’il est bien plus facile de parler d’écologie aujourd’hui qu’il y a quinze ans. Mon approche se base sur une écologie positive, pas radicale : je souhaite y associer plus de personnes, quitte à mettre plus de temps pour réaliser les projets », affirme-t-il. Ainsi, au « grand emprunt vert » d’un milliard d’euros proposé par le candidat Feltesse à Bordeaux, il oppose un « emprunt exceptionnel de 20 millions d’euros pour la transition écologique et la neutralité carbone », selon lui plus soutenable car représentant entre 3 et 3,5 millions d’euros par an pour la ville, avec une capacité de désendettement déjà assez réduite et une dette estimée à 7,8 millions d’euros en 2017 (contre 31 millions en 2008). « On peut se le permettre, d’autant plus dans une période où les taux sont faibles ». Toujours au rayon des idées écolo, on retrouve la création d’un Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement, d’une ferme urbaine de vingt hectares sur une emprise foncière appartenant à des bailleurs sociaux jugée inconstructible située en intra-rocade, dans laquelle pourrait être « mutée » l’actuelle ferme pédagogique.
Surtout, l’élu semble critiquer assez librement le nouveau contrat passé entre Bordeaux Métropole et Véolia sur la politique de traitement des déchets, notamment le volet incinération. « Je suis en désaccord parce que cette politique zéro déchets de la métropole est essentiellement assumée par les associations. Or, je pense que la réduction des déchets doit être un élément central de la politique métropolitaine ». Pour Mérignac, Gérard Chausset envisage donc un plan « presque zéro déchet » avec un objectif clair : réduire de 10 à 20% la production de déchets sur le mandat : plastique jetable banni, coopération avec la grande distribution, collecte des biodéchets, incitation au compostage et tarification incitative seraient ainsi de mise. « Il faudrait aussi nécessairement réduire le nombre de collectes à deux au lieu de trois par semaines, surtout si on veut intégrer celle des biodéchets ». L’élu prône globalement une « écologie parfois silencieuse, mais souvent efficace ». Notons la volonté de flécher 20% des investissements de la ville vers « le confort, la rénovation et la mise aux normes environnementales » des bâtiments publics (écoles, équipements sportifs et culturels) et celle de soutenir la neutralité carbone à l’horizon 2040 en encourageant, par exemple, la production d’ENR de la part des habitants sous la forme de coopératives.
Actions citoyennes et coopérations
Enfin, la deuxième grande tendance de ces propositions qui serviront donc de base à d’éventuelles négociations pour soutenir Alain Anziani dans sa réélection, c’est clairement le participatif. S’il n’invente rien dans les modes politiques, cet élan a au moins le mérite de proposer du neuf : un contrat d’engagement avec les habitants sur l’urbanisme (sorte de pendant citoyen de la charte de l’urbanisme adoptée par la ville à destination des promoteurs), le cadre de vie et l’écologie pour « définir la forme urbaine de chaque quartier », des projets d’habitat participatif, un « pass associatif culture et sport », un « conseil de la jeunesse », une commission du handicap, des espaces réservés aux piétons dans chacun des onze quartiers (on compte aussi le onzième que Gérard Chausset appelle de ses voeux, au niveau de Marne Soleil et de l’Opération d’Intérêt Métropolitain Aéroparc) et enfin des échanges avec d’autres territoires hors de la métropole, notamment au niveau de la transition écologique, histoire d’entraîner tout le monde.
Enfin, Gérard Chausset requestionne certains dossiers brûlants, notamment celui du développement de l’aéroport qui « doit être concerté avec la population. Le développement économique ne passe pas forcément par la croissance sans fin du trafic aérien ». Faute d’être exhaustifs, disons que le cadre est posé. Quand on l’interroge sur sa volonté d’être candidat, sa réponse est tout aussi claire que les deux tendances de ses propositions : « Je ne mènerai pas de liste. Je vais mettre ces propositions au débat et ouvrir la discussion avec Alain Anziani. Nous n’avons pas trouvé d’accord pour le moment, mais je devrais me décider mi-décembre, en fonction de sa réponse, si je m’engage à ses côtés ou non ». La suite au prochain épisode…