Michèle Delaunay: Le fabuleux destin des Baby-Boomers


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Michèle Delaunay: Le fabuleux destin des Baby-Boomers

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 28/01/2020 PAR Kevyne Grah

Qui sont t-ils  ?

En s’appuyant sur l’Historien Jean François Sirinelli, elle présente dans son ouvrage deux “demi-générations” de boomers. “Les oiseaux du matin”, ce sont les personnes nées entre 1945 et 1955. Cette première génération, appelée la génération des “4P” (Paix, Pleins emplois, Progrès, Prospérité) elle en fait partie. Elle présente aussi “Les oiseaux du matin” comme des personnes qui malgré les “4P” ont été marquées par les souvenirs de la guerre, par les affres de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Cette demie-génération a une culture que l’on pouvait qualifier de « paysanne » selon l’auteure. 

La deuxième “demi-génération” est celle “des oiseaux du midi”, ce sont ces hommes et femmes nés après 1955 jusqu’en 1974. A cette époque, l’auteure explique que l’on recherchait le confort familial et les loisirs, et le développement de la technologie (la radio et la télé) a accéléré ce processus. “Les produits n’apparaissent plus comme le fruit du travail mais comme un bien qu’il suffit d’acheter” affirme Michèle Delauney pour accentuer le décalage du mode de vie de ces demi-générations.  

Ces deux demi-générations qui semblent s’opposer dans le mode de vie ne représentent en réalité qu’une seule génération. C’est ce qu’appelle Michèle Delauney “la rupture bruyante” : mai 68 qui va les unir. Mai 68 a été “le trait d’union” des deux-demis générations. “Mai 68 constitue une sorte de mise en musique, même si la majorité de cette génération n’est pas composée de bacheliers, c’est la partie diplômée détentrice du sens des mots qui va façonner la mémoire dominante, et tous les baby boomers apparaîtront comme d’anciens soixante-huitards”. Cette affirmation de l’auteure montre que ces deux demis-générations se rejoignaient sur un même terrain: faire changer les choses. “ Cette rupture bruyante” à réuni ceux qui étaient opposés autrefois; mai 68 à donné naissance à la génération des Boomers. Aujourd’hui, les Boomers ont 73 ans pour les plus âgés et 50 pour les plus jeunes.

  Une société participative ? 

Exclure ceux que la société appelle “retraités” c’est “retarder l’effondrement des barrières qui ont été déjà bousculées auparavant” déclare, Michèle Delaunay. Elle estime que la révolution ne pourra se faire qu’avec les Boomers aux côtés des jeunes. Nous devons être animés par “la volonté de créer une société participative dans laquelle les personnes âgées sont reconnues” et non exclues. Le but de cette société participative est de créer une société de longévité. Dans les 365 pages elle propose ce qu’elle qualifie de double atout “la silver économie”, une économie gagnant-gagnant pensée pour réduire les inégalités: “elle est au service de l’autonomie et de la longévité” souligne Michèle Delaunay.

Elle voit dans ce projet qu’elle a porté lorsqu’elle était au gouvernement en 2013, un moyen de démontrer que “l’âge n’est pas un coût mais une source de croissance”. “Silver economie” convient à cette génération “Émérites”. Dévélopper des emplois pour permettre aux personnes agées de réintégrer le monde du travail ne peut qu’être que bénéfique pour notre société. Le mot silver est valorisant car il évoque “les cheveux argentés et la médaille d’argent”. Dans cette société participative, les décisions prises pour les boomers doivent se faire avec les boomers. Et Michèle Delauney conseille aux boomers de toujours “imposer le jamais rien pour nous, sans nous ».

Michèle Delaunay soutient que les “vieux” ne sont pas là que pour transmettre mais pour construire l’avenir. Il est juste de dire que cette société qui rassemble toutes les générations et les tranches d’âge dont rêve l’auteure n’est pas absente. Lors des manifestations, on retrouve de plus en plus de jeunes et de seniors qui luttent, main dans la main, pour une cause commune. C’était le cas pour mai 68; ça l’est encore aujourd’hui avec les féminicides ou encore les grèves pour les retraites.

Faut il avoir peur de vieillir ?

Chaque fois qu’on prend de l’âge, on a tendance à s’offusquer parce qu’on perd en autonomie. Face à ces situations il nous arrive parfois de détester vieillir. La vieillesse est une chance, il n’est pas donné à tout le monde de connaitre cette étape de vie. “ J’ose ajouter en tant que médecin que vieillir est un privilège qui n’est pas donné à tout le monde” affirme l’auteure. La vieillesse est une “troisième vie” pour reprendre Michèle Delauney, et il faut la vivre pleinement. Michèle Delaunay voit la vieillesse comme un moyen de savourer les derniers instants de la vie, de profiter de ce que nous avons construit plutôt. Cette période elle la qualifie de “Silver age” car à cette période les cheveux noirs laissent place aux “cheveux argentés; pour elle c’est l’âge de « la reconnaissance, de la médaille d’argent”.

 Dans notre société, il y a de plus en plus des personnes vieillissantes actives qui vivent avec leur temps et qui apprécient vivre leur vieillesse. Dans certaines maisons de retraite ou dans des établissements de l’EHPAD les personnes âgées jouent aux consoles de jeux, utilisent le numérique pour certaines tâches; elles sont familiarisées à internet. Ces hommes et femmes devraient plutôt vivre leur fabuleux destin, sans avoir le sentiment qu’ils représentent un poids et un coût pour la société. Nous société, Nous jeunes, notre but est de les aider à vieillir positivement.

 Changer le regard sur l’âge ?

Être trop vieux ou être trop jeune pour accomplir une tâche est une expression qui revient très souvent. Nous avons tendance à oublier que ceux qui sont « vieux » aujourd’hui étaient jeunes à une époque, et que toute personne est destinée à rencontrer la vieillesse. Les personnes âgées pour citer l’auteure du “Fabuleux destin des baby boomers” sont souvent victimes de discrimination, d’âgisme. On dit que l’âgisme est à l’âge ce que le sexisme est au sexe. Elle accuse les médias de participer au développement de  cette discrimination. Elle donne l’exemple d’un accident de route : “un septuagénaire s’engage à contresens sur l’autoroute et cause un accident”; cette affirmation elle s’y oppose car elle considère que ce commentaire est dépréciatif.

Elle attire aussi l’attention sur les expressions comme “petite vieille” qu’elle juge comme étant péjorative. Ce regard que nous avons sur l’âge doit évoluer, on ne peut limiter les capacités d’une personne en fonction de son âge, ce qui se fait constamment pour le troisième âge. Elle propose de “dégager cet âgisme” en permettant aux jeunes de rentrer plus précocement dans le monde du travail et en prolongeant l’activité des personnes âgées dans les domaines de la société. Une proposition qui rejoint la “silver economie”. En feuilletant cet ouvrage de 365 pages nous sommes amenés à nous poser des questions sur notre façon de concevoir le grand âge. Devrions-nous continuer à traiter ces personnes comme dépendantes, ou devrions-nous les laisser participer à l’amélioration de nos sociétés ? 

Après avoir bousculé les barrières, la génération au fabuleux destin, partage le 21 siècle avec de nouvelles générations. Un 21ème siècle différent de son époque mais très proche de par les revendications. Aujourd’hui, elle essaie de trouver sa place et d’apporter son soutien pour l’effondrement total des injustices et des barrières qu’elle avait déjà bousculées. Les boomers doivent maintenant utiliser leur impact pour continuer la lutte et pérenniser cette “culture d’émancipation”. C’est ce “pacte intergénérationnel” qui donnera le vrai changement.



Michèle Delaunay, le fabuleux destin des Baby-Boomers, PLON

Prix: 20 euros



 

 

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