La préfecture de la Gironde avait précisé par fax à la députée, que le « parrainage républicain » était répréhensible et pouvait relever de l’article L.622-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers. Ce texte précise « les peines qui peuvent s’appliquer à toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier, d’un étranger en France ».
Aqui ! : Le rappel à l’ordre du préfet a-t-il remis en cause votre engagement vis-à-vis des sans-papiers ?
Michèle Delaunay : Non. Ce rappel à l’ordre ne change pas mon attitude concernant les « parrainages républicains » et les sans-papiers. Elle allie modération et sens de la responsabilité. Je pense que les enfants et les jeunes adultes francophones qui ont une possibilité d’insertion professionnelle, doivent être soutenus. Ils ne seront pas à la charge de société mais y apporteront leur contribution. A ce mot de « contribution » je préfère d’ailleurs celui de « participation ».
Dorénavant tout citoyen français peut être condamné à une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison et à payer une amende, pour le simple fait d’avoir « aidé » une personne en situation irrégulière ou pour avoir « facilité » son déplacement. C’est terrible. La loi qui autorise cela existe depuis longtemps. Mais jusqu’à présent elle n’était pas appliquée. Ce changement illustre le durcissement de la politique du gouvernement.
@ ! : Avez-vous eu d’autres propositions de « parrainages républicains » ?
M. D. : Oui mais j’ai dû refuser parce que je suis occupée, à l’Assemblée nationale, par l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. En tant que médecin, je suis très impliquée dans ce débat et je défends un amendement au projet de loi. A chaque fois que je décide de parrainer une personne, je regarde son dossier. Je ne fais pas de parrainages systématiques.
@ ! : En quoi consiste votre action auprès de Bilal Sahin ?
M. D. : Mon action se rapproche de l’assistance morale. L’élu qui parraine est un frein moral mais réel à l’expulsion. Si je n’avais été retenue à l’Assemblée nationale, j’aurais accompagné Bilal Sahin lors de son passage devant le tribunal administratif, le 31 octobre. Jean-Michel Perez, conseiller municipal, me remplacera. Plus largement, il est de ma responsabilité d’élue de montrer que les expulsions ne sont pas que des chiffres mais des situations humaines particulières.
Propos recueillis par Estelle Maussion